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Société sans contrat social ?
Publié dans El Watan le 22 - 10 - 2005

Les scènes que renvoie l'arène sociale algérienne depuis quelque temps ne prêtent guère à l'optimisme : la violence sociale, les passe-droits, les atteintes aux espaces publics, les détériorations des « biens communs », l'intolérance, les marques d'incivisme et d'incivilité, les rixes et les agressions des personnes sont, volens nolens, en passe de s'imposer en fait social quand elles ne s'instituent pas en norme morale.
Les exemples sont si nombreux que toute recension exhaustive des faits en devient fastidieuse : des administrés dédaignés par des agents d'administration peu scrupuleux ; un policier en tenue agressé (en plein jour) par des forces à bras ne reconnaissant nullement l'autorité de l'agent de sûreté ; des gouvernants privatisant les biens de l'Etat ; des jeunes déshérités s'appropriant de fait des espaces publics pour en faire des « parkings » illégaux et racketter les automobilistes à la recherche de places de stationnement ; des vendeurs à la sauvette abandonnant quasi systématiquement leurs amas de déchets aux abords des routes, etc. La langue dialectale a su subsumer ces faits dans une expression célèbre : « Tagh ala men tagh » (que l'on pourrait traduire par « c'est au plus fort » ou encore par « tous les coûts sont permis »). Le contenu normatif du vocable dialectal présente un intérêt potentiellement heuristique, celui d'une interrogation sur le « contrat social ». Or, au regard de l'état social dans lequel le pays est enchâssé, cette interrogation s'avère d'une urgence impérieuse. Le contractualisme, puisque c'est bien de cela dont il est question, s'appuie sur l'idée fondatrice selon laquelle les relations sociales reposent sur un pacte dont l'argumentaire peut s'énoncer comme suit : « Si nous donnons notre accord pour faire quelque chose, nous sommes supposés l'accepter ; lorsque nous donnons notre accord à condition que les autres le donnent aussi, il y a une confiance mutuelle et une création d'attentes réciproques, ce qui justifie que toutes les parties soient liées par leur accord. » Par-delà l'énoncé général, deux conceptions distinctes du « pacte social » se font concurrence. La première est sociale ; elle soutient que « les institutions et les devoirs fondamentaux ont pour fondement l'accord unanime de tous les membres de la société ». La deuxième est individualiste ; elle affirme que les « institutions et les devoirs fondamentaux » reposent non plus sur un accord social, mais davantage plutôt sur un compromis rationnel, « un marché entre des intérêts essentiellement conflictuels, dans lequel chaque partie est disposée à limiter la poursuite directe de ses intérêts, à condition que les autres fassent de même ». Une coopération sociale avantageuse est-elle cependant possible en l'absence d'une autorité politique ? Cette question a divisé les théoriciens du « contrat social » en deux « écoles ». Hobbes, fondateur du premier courant, considère que l'exercice, par le souverain, d'un pouvoir politique absolu, est la condition nécessaire pour assurer le respect, par tous, des normes de la coopération sociale et du vive-ensemble. Car, sans ce pouvoir absolu, l'homme retomberait dans l'« état de nature » où « chaque personne fait ce qui est le mieux pour elle (étant donné les circonstances), mais dans laquelle tous se retrouvent aussi mal lotis que s'ils avaient agi autrement ». Locke, on le sait, a pris le contre-pied de cette vision anthropologiquement pessimiste. Pour lui, la meilleure garantie possible du respect de la coopération sociale réside dans le régime constitutionnel, seul à même de garantir les droits des citoyens et de limiter le pouvoir politique. John Rawls (1921-2003) s'inscrit dans cette tradition de pensée. L'intérêt de la théorie contractualiste de Rawls réside dans le fait qu'elle récuse aussi bien l'explication utilitariste que celle de la « guerre de tous contre tous » : « Bien qu'une société soit une tentative de coopération en vue de l'avantage mutuel, elle se caractérise à la fois par un conflit d'intérêts et par une identité d'intérêts », écrit l'auteur de Théorie de la justice (1971). Pour cet éminent penseur américain, le contrat social est ce qui permet de construire les institutions fondamentales de la société. Dans cette perspective, Rawls a défini le contrat social sur la base des critères suivants : un accord hypothétique entre tous les membres de la société et pas seulement certains d'entre eux ; un accord entre citoyens et non entre individus occupant des rôles particuliers en société ; un accord entre personnes morales libres et égales ; le contenu de l'accord devant porter sur les principes premiers qui vont gouverner la structure de base. Question : peut-on former une société sans contrat social ? Si l'aphorisme populaire « tagh ala men tagh » ne définit pas la « structure de base » de l'ordre social, il n'en a pas moins le mérite de situer celui-ci sur le trajet qui va de « la guerre de tous contre tous » - qui caractérise l'« état de nature » - à l'« amitié civique » qui distingue la « société libérale ».

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