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Abderahmane K. : « Nous sommes entre deux feux, la religion dominante d'un côté, et l'Etat de l'autre » Contrechamps : les autres articles
Publié dans El Watan le 26 - 08 - 2010


"Je respecte les autres et leur religion, j'ai même un profond respect pour la différence. Je crois en la fraternité de l'humanité." Le soleil commence à se coucher à Aït-Idir, petit village situé à 10 km d'Adekar, dans la wilaya de Béjaïa. Une légère brume recouvre les collines. Les yeux plissés, la tête contre la paume de sa main, Abderahmane fume une cigarette. Les volutes de fumée s'échappent par la fenêtre et donnent à la scène une ambiance de recueillement. «J'ai vraiment commencé à me rapprocher de la religion du Christ en 2002, raconte l'homme à la cigarette. Avant cela, je ne pratiquais pas, je ne priais pas, je ne faisais pas le carême, mais je croyais en Dieu. J'aime beaucoup la nature, c'est le visage sublimé de Dieu. Ma foi, première foi, c'est elle, la nature, qui en l'écoutant me disait beaucoup plus que tous les livres saints réunis. Je montais sur la montagne, et parlais à Dieu tout en méditant.» A l'orée d'un petit bosquet, à l'écart du tumulte du village, Abderahmane vit quelque peu en solitaire. Petit, mince, l'œil vif, les cheveux poivre et sel, il fait partie des quelques chrétiens qui vivent dans son village, dont la plus ancienne famille l'est depuis 1982. A 42 ans, il réside dans ce village, mais s'en va quelques mois pour travailler en tant que cuisinier saisonnier. Abderahmane a commencé à peindre récemment, et dessine aussi, sur des plaques en bois, des bâches en plastique, depuis qu'il se sent bien dans sa foi chrétienne, comme une soudaine inspiration nouvelle. Ses parents, tous deux décédés, ont fait le hadj. Son père, ouvrier journalier, a fait différents voyages en France, a déjà pris le bateau et l'avion. Le hadj, comme tient à le préciser mon interlocuteur, «c'était pour que ma mère sorte un peu du pays, elle qui n'avait jamais voyagé. Mon père qui avait déjà vu d'autres contrées voulait offrir à sa femme le plaisir de voir des choses neuves, au crépuscule d'une vie de village assez difficile». Abderahmane affirme être croyant depuis son enfance, mais il ne s'est jamais considéré musulman. «Tout petit déjà, je ne concevais pas l'avenir de l'homme sans Dieu. C'était un sentiment très fort.» Lorsque Abderahmane a vraiment commencé à croire «en Jésus et aux préceptes du christianisme», le village, conditionné par une mentalité très stricte, a progressivement commencé à le rejeter. D'une pièce à l'autre, il va et vient, comme s'il voulait éviter d'aborder un sujet sensible. Ce n'est pas facile, pour lui, de parler de tout ça. Mais ce rejet s'est opéré de manière plus malheureuse dans sa famille, en écho sourd à ce qui se disait au village sur sa conversion. Au fil des années, de fortes critiques et des problèmes au sein de sa famille le stigmatisent de plus en plus. En 2002, il commence réellement à parler de sa religion et à lire la bible. Sa famille, de manière systématique, jetait ses effets personnels liés à sa nouvelle foi. «On m'a viré de chez moi pour ne pas avoir suivi les sentiers battus que l'on avait tracés pour moi.» Négligé par les siens et prisonnier du carcan traditionnel du village, il choisit de s'éloigner. «Cette période de ma vie fut très difficile et continue à impacter mon quotidien, confesse-t-il. Cette société ne me permet pas de me sentir libre. La liberté, d'ailleurs, n'existe pas au village. Mais je la retrouve à travers ma religion et en dessinant.» Malgré tout, cet ermite vit bien sa religion : «J'y ai trouvé ma vérité, et elle me porte. J'aime dessiner et peindre, et ma foi débloque mes inhibitions, mais je ne pourrai jamais exposer ce que je fais au village. La société qui est la mienne ne l'accepterait pas.» La religion, pour lui, se vit de manière forcément personnelle. Abderahmane n'est pas encore marié, même s'il le souhaite et appelle de ses vœux une union des cœurs avec sa future, et rejette «tout mariage d'argent et de pouvoir, qui sont ceux des villageois». Son jour de prière : le samedi à Ighzer Ameqrane ou à Béjaïa. Tout seul. Encore tout seul. Et au barrage, si on lui demande où il va, il invente. «Je prie à chaque instant, en méditant sur Dieu, en lisant la bible. Je pense beaucoup.» Il sait simplement que sa voie est celle de la vérité, la sienne, et qu'il voit les choses différemment. «Je ne sais pas combien de religions le monde a engendrées, le nombre de prophètes envoyés. Aujourd'hui, même les autres habitants de mon village me disent encore musulman, comme si la distance entre moi et cette religion n'était pas évidente, ce qui est très insultant pour moi. Comme je n'ai pas beaucoup étudié, j'ai parfois du mal à pousser plus loin ma recherche, mais je continue à méditer. Quand je pense à la misère qui est la mienne, et celle du village, la vie du Christ m'éclaire.» Pour lui, «80% des jeunes d'ici ne se sentent pas musulmans et se considèrent plutôt areligieux. Nous sommes entre deux feux, la religion dominante d'un côté, et l'Etat de l'autre, analyse-t-il, tout en se disant confiant. Je respecte les autres et leur religion, j'ai même un profond respect pour la différence. Je crois en la fraternité de l'humanité. Mais aujourd'hui, les jeunes n'ont pas le choix de leur liberté.» Penser aux Berbères chrétiens d'un lointain passé le réconforte. «J'ai en quelque sorte l'impression de réactiver la mémoire ancestrale d'une religion qui a eu une réalité certaine en Algérie. Mais certains chrétiens ont peur, voire honte de dire qu'ils sont chrétiens, et avouent timidement qu'ils sont athées, ce qui est un véritable pis-aller.» Dehors, la brume s'est dissipée. Abderahmane écrase sa dernière cigarette. Le soleil s'est couché à Aït Idir.

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