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Les migrations transsahariennes, une mondialisation par la marge (1re partie)
Publié dans El Watan le 29 - 10 - 2005

Relégué au rôle de « monde-frontière » par l'épisode colonial après avoir été marginalisé par les routes océanes, contraint à la latence et réduit à une marginalité extrême, le Sahara refait irruption dans le système relationnel international et en bouleverse les échelles.
En se connectant, directement, à la rive sud de la Méditerranée par des routes transsahariennes revivifiées et démultipliées, le Sahara émerge à l'espace méditerranéen, le conforte dans son rôle d'espace privilégié du passage et confronte ses deux rives aux réalités des nouvelles connexions qui se profilent à l'échelle planétaire. Les itinéraires transsahariens relient dorénavant directement l'Afrique Noire à la Méditerranée et, ce faisant, prennent un double sens. Ils prennent d'abord sens comme itinéraires à l'intérieur de l'Afrique où ils ont pour conséquence de remettre en contact monde arabe et Afrique Noire, remettant en cause les lignes de cloisonnement qui ont régi les rapports entre ces deux espaces. Mais captés par l'Europe et tendus vers elle, ces itinéraires prennent aussi sens comme nouvelle connexion directe entre l'Europe et des « Sud » de plus en plus lointains et deviennent, de ce fait, des lignes de contact et de confrontation inédites entre l'Europe et le Sud le plus « profond ». Illustrant l'extension du processus d'« inclusion- exclusion » européen à des périphéries de plus en plus larges et lointaines et, au travers du Sahara, l'arrimage plus direct de nouveaux espaces voués à en étoffer la marge, ils sont aussi un facteur d'interaction, à l'intérieur même de cette marge, entre ses différents paliers. Si les itinéraires transsahariens ont fini par s'imposer comme des itinéraires majeurs sur le chemin de l'Europe, c'est, paradoxalement, en raison de leur extrême dangerosité et de l'extrême opacité de l'espace saharien. Face à la stratégie de verrouillage extrême de l'Europe, ils permettent de déployer, comme réponse, une stratégie du contournement et de l'opacité qui s'impose comme alternative pour des migrations contraintes à la clandestinité et pour lesquelles le Sahara est à la fois espace de rétention et espace tremplin vers l'Europe. C'est la promotion, contrainte, des stratégies de contournement qui explique que ces itinéraires transsahariens drainent dorénavant des flux de toute l'Afrique et étendent leur rayonnement au-delà de ce continent, devenant un détour facilitateur emprunté par des filières d'émigration clandestines aussi lointaines que les filières asiatiques ou même, plus récemment, latino-américaines, transformant le Sahara, incarnation spatiale de la périphérie et de la marge, en un carrefour fonctionnel connectant des espaces à une échelle intercontinentale. On a ainsi une sorte de « revanche » de la périphérie : le Sahara, archétype spatial de la marge, contribue à bouleverser les échelles du système relationnel et, par la voie inattendue de l'informel, tisse et étend les mailles d'un processus de mondialisation qu'il investit en même temps de ses spécificités, devenant ainsi un espace passeur et faiseur de mondialisation. Celle-ci ne se limite pas au seul tropisme des centres, elle est aussi celle des marges et du rapprochement, conflictuel, entre les périphéries. La conséquence en est que, d'une part, le problème de l'immigration ne se limite plus à l'espace euro-maghrébin mais prend une dimension intercontinentale et, d'autre part, les frontières de l'Europe se trouvent reportées jusqu'aux confins sahariens et se doivent donc d'être franchies beaucoup plus au Sud que la ligne de démarcation méditerranéenne traditionnelle. Aussi, si la Méditerranée représente une ligne de faille entre l'Europe et son Sud, le Sahara, lui, incarne dorénavant une fracture réplique à cette faille ; fracture réplique entre l'Europe et ses Sud, mais fracture réplique également à l'intérieur des Sud de cette Europe. C'est sur ce théâtre que font irruption, dorénavant, les tensions que l'Europe tente de déporter de ses frontières Shengen. L'exacerbation des tensions sur la ligne de faille méditerranéenne génère des répliques qui accusent encore plus la fracture saharienne d'autant que le Sahara, à la faille de richesse et de développement qu'il représente à l'intérieur des Sud, superpose une ligne de contact et de faille entre 2 systèmes géocivilisationnels (l'arabo-berbère et le négro-africain) qui, avant la rupture induite par l'épisode colonial, ont sédimenté un passé commun d'intenses échanges faits de proximité et de heurts . Recevant les ondes de choc des tensions de la Méditerranée, le Sahara est plus que jamais arrière-pays méditerranéen. Il est aussi, à ce titre, périphérie et « banlieue » de plus en plus proche de l'Europe à laquelle il se trouve arrimé, dorénavant, sous des modalités connectives plus directes. Les flux migratoires sont le corollaire de cette jonction. Ils en sont aussi le moteur et l'alliage. Cette jonction est, surtout, le produit, à la base, d'une dynamique, régionale et endogène, de rapprochement, à travers le Sahara, entre rive maghrébine et rive sahélienne. Les mutations qui traversent les deux rives du Sahara et travaillent à leur jonction, y ont développé la circulation et élargi son échelle jusqu'à la porter aux portes méditerranéennes Sud de l'Europe, où elle se greffe à une circulation euro-maghrébine qu'elle amplifie. Si le développement de cette circulation n'est pas tributaire de la seule attraction européenne, il est évident que celle-ci n'a pris une telle importance que parce qu'elle est également captée par l'Europe et se trouve être tendue vers elle, même si elle n'y aboutit pas si souvent. Nouvelle marche vers l'Europe, le Sahara est aussi un seuil dont la difficulté extrême de franchissement en fait un « monde-tranchée » aux capacités de rétention aussi vastes que l'étendue et la densité de son opacité, un potentiel « limes » protecteur de l'espace Shengen sur lequel viennent échouer des vagues de migrants, et dont les pays européens souhaiteraient renforcer la fonction de barrage, faisant supporter aux pays maghrébins la rétention de migrants qui, à défaut et en attente de rejoindre l'Europe, investissent, dans une précarité extrême, le Maghreb. Ces flux, même s'ils se projettent dorénavant sur l'Europe, y parviennent si peu. C'est la dangerosité extrême des itinéraires qui, imposant des traversées dans des conditions cauchemardesques et menées malgré tout, donnent une impression de poussée inexorable et ravive, en Europe, l'angoisse de la forteresse assiégée. Dans les faits, cette dernière est très peu concernée par cette migration. Sauf comme projection fantasmée. Le verrouillage de l'Europe la rabat, par défaut, sur le Maghreb. De zone de transit, celui-ci est ainsi en voie de devenir zone tampon pour l'Europe. Mais l'irruption de l'immigration africaine, dans ces terres d'émigration, y pose un problème sociétal inédit à des sociétés en proie, elles-mêmes, aux dysfonctionnements du mal développement et largement déstabilisées par des plans d'ajustement drastiques. Confrontant à l'épreuve déstabilisante d'une altérité nouvelle un Maghreb déjà soumis à de graves tensions identitaires, réintroduisant le cosmopolitisme par la marge, en introduisant un autre « autre », l'immigré, elle stimule et précipite la reformulation d'une interrogation sur soi par les sociétés maghrébines. Mais pris en étau entre une Europe qui se verrouille et une Afrique que la « contraction » du monde porte aux portes de cette Europe, les pays maghrébins se trouvent pris dans une dynamique de globalisation qui, parce que partielle et partiale, leur fait subir ses effets pervers. L'assignation du Maghreb au rôle de Limes et de ses Etats à celui de « sentinelles avancées » sommées de jouer le rôle de barrages de rétention des migrations africaines en est un. Si le renforcement de la fonction répressive des pays maghrébins dans la lutte contre l'immigration, désiré par l'Europe, aboutit à renforcer le caractère répressif de leurs régimes et à creuser un déficit démocratique déjà lourd dans ces pays, les dispositions répressives, elles, multiplient les tensions entre pays maghrébins et entre ces derniers et les pays sahéliens et leurs populations, au risque d'aggraver les conflits sur cette ligne de faille encore active et d'ajouter donc au contexte de fragilisation aux portes méridionales de l'Europe.
La mondialisation par la marge : le Sahara au carrefour de connexions intercontinentales
L'émigration africaine vers et par le Maghreb est devenue un fait massif et important dès le début des années 1990, pour atteindre son apogée en 2000. Les refoulements et la répression musclée, côté maghrébin, ainsi que leur corollaire de drames, ne peuvent rien contre des flux qui s'installent dans la permanence même s'ils connaissent, comme actuellement, des reflux. Même s'il est difficile de quantifier des flux informels, on peut cependant les estimer. En 2001, nous avions pu évaluer à environ 65 000 migrants le niveau minimal des flux transitant par Agadez, carrefour migratoire captant l'essentiel de ces flux (niveau ayant pu atteindre 100 000) alors que ces derniers sont déjà estimés à deux millions et demi dans la seule Libye et à près de 300 000 en Algérie . En même temps que cette immigration a pris de l'importance, l'origine géographique des migrants s'est élargie. Initialement sahélienne, elle est devenue plus largement africaine, s'étendant à toute l'Afrique jusqu'à sa pointe à l'extrême sud. La fonctionnalité du Sahara comme espace de transit est telle qu'il est même utilisé par des filières internationales d'immigration clandestine asiatiques et, depuis peu, latino-américaines. Même si, dans la pratique, très peu de ces flux aboutissent en Europe et que le nombre de migrants subsahariens est infime par rapport aux autres migrants, y compris par rapport à ceux en provenance des pays maghrébins de transit. La surmédiatisation de traversées fournissant abondamment l'actualité en images spectaculaires et tragiques, la forte opacité naturelle et symbolique des obstacles (le plus grand désert au monde et la mer se relayant), entre autres, donnent une impression de « poussée inexorable » sous une « pression migratoire » puisant toujours plus loin au Sud et se projetant toujours plus loin au Nord et alimente une vision paranoïaque de ces flux. Continuant souvent à être expliquées de façon mécaniste par la pauvreté et les conflits qui sévissent en Afrique, les migrations transsahariennes, plus que partout ailleurs, démentent pourtant largement les « évidences » qui structurent une vision paranoïaque et eurocentrée et qui se fondent pour l'essentiel sur le postulat du tropisme de l'Europe et celui de la misère comme moteur de la mobilité. En premier lieu, ce n'est pas la misère de ces pays de misère qui vient à l'Europe : c'est plutôt parmi les mieux nantis qu'on retrouve le plus souvent les candidats au voyage. Ce n'est pas qu'une question de coût. C'est que « l'aventure », comme la nomment les migrants eux-mêmes, est tentée par les plus entreprenants ; et, parmi eux, les plus instruits, les plus cultivés, les plus ouverts au monde occupent une place importante et de plus en plus croissante : il y a 4 ans, lors d'une enquête exhaustive, nous avions dénombré que plus de 20% des migrants clandestins ont une instruction du niveau du supérieur, alors qu'ils viennent de pays où la majeure partie de la population reste analphabète. Des sondages effectués, depuis, sur ces itinéraires, tendent à confirmer une augmentation du pourcentage de cette catégorie de migrants. Et ce n'est pas seulement et pas tant le marasme et l'impasse du développement des pays africains qui élargissent l'effet de répulsion à de nouvelles couches : c'est aussi et surtout l'émergence de la mobilité comme une stratégie supplémentaire de développement de ressources, la mobilité fonctionnant comme esprit et outil d'entreprise. Ainsi, il n'est pas fortuit que ce soit le Nigeria qui fournisse la part la plus importante de migrants. L'importance de sa population ne peut expliquer une telle disproportion. Ce qui explique la prépondérance des migrants originaires du Nigeria, c'est, paradoxalement, la relative richesse de ce pays pétrolier (lui-même pays d'immigration), son niveau de développement plus élevé, l'extraversion de son économie et, surtout, la démesure de son urbanisation, qu'illustre bien la tentaculaire Lagos, bien plus peuplée que toute la région de l'Ile-de-France ! Autant d'éléments qui produisent des urbains plus ouverts à la modernité, plus tournés vers l'extérieur et donc plus nourris à l'imaginaire migratoire. Cependant, il n'en fut pas toujours ainsi. L'évolution actuelle est à l'aune de la mondialisation, où ce sont les individus qui ont le plus de ressources d'ouverture à l'extérieur qui sont le plus susceptibles de mobilité. Malheureusement, la criminalisation de la traversée, et plus encore de l'entrée en Europe, font que ce sont aussi les candidats les mieux connectés aux réseaux mafieux qui ont le plus de chances de réussir : cet « écrémage » est l'un des effets paradoxaux de la fermeture de l'espace européen et de l'arsenal répressif développé en conséquence. En second lieu, ce n'est pas l'Europe qui attire plus ou qui accroît sa force d'attraction, mais c'est le monde qui se « contracte » : si, aujourd'hui, une part importante de ces flux finit par être captée par l'Europe et se trouve être tendue vers elle, ceux-ci ne sont pas tributaires de la seule attraction européenne. En effet, la plupart des migrants abordant le Maghreb - en tant que tel ou en tant que porte d'entrée vers l'Europe - ont déjà été « mis en mouvement » et ont une expérience de mobilité, le plus souvent dans un autre pays africain que le leur : les migrations inter-africaines sont importantes et anciennes. Qu'un pays comme la Côte d'Ivoire ait pu abriter jusqu'à 1,7 million de travailleurs immigrés et sa capitale en compter jusqu'à 46% de sa population totale illustre bien l'ampleur de ce phénomène ! Si effet de l'Europe il y a, c'est donc d'abord dans les bouleversements qu'elle y produit dans les économies de ces pays. Ayant été « mis en mouvement », les migrants continuent ainsi à fructifier leur « capital de mobilité », poussant celle-ci plus loin. Avant de devenir massif au début des années 1990, de se projeter sur l'Europe et de drainer des flux de toute l'Afrique, cette émigration n'avait pour destination que le Sahara maghrébin et ne concernait que les populations voisines (essentiellement les touaregs du Niger et du Mali) : le développement du Sahara maghrébin (algérien et libyen surtout), dopé par les revenus pétroliers, a fonctionné comme un appel à l'échelle de tout le Sahara. Cet attrait pour le Sahara a, en outre, été relayé par d'autres pôles mineurs : face à la découverte de ressources minières dans d'autres régions (comme l'uranium au Niger) et aux conflits territoriaux (interétatiques ou interethniques) qui ont concerné tous les territoires sahariens sans exception, les différents Etats ont, en effet, été incités à développer d'autres attractions dans cet espace pour le contrôler. C'est paradoxalement le désir d'affirmation du marquage stricte de la frontière et son institutionnalisation qui vont être générateurs de flux et fouetter la circulation. C'est au moment où les Etats affirment le plus leur désir de contrôle de leur espace saharien, qu'ils y réveillent la circulation, dans un espace qui était en latence, marqué par la régression démographique et urbaine et le reflux de toute circulation. C'est entre ces pôles que s'est développée la circulation, qu'elle a élargi son échelle et que, de proche en proche, elle a renoué la jonction entre rive sahélienne et rive maghrébine du Sahara, se portant ainsi jusqu'aux rives du sud de la Méditerranée. C'est là, à sa porte méditerranéenne, que l'Europe s'impose alors directement à l'horizon de ces migrations, qu'elle les capte et les tend vers elle ; c'est là que ces migrations se greffent sur la circulation euro-maghrébine pour l'amplifier et être un appel à d'autres flux. Reconnectant l'Afrique Noire au Maghreb, le Sahara a ainsi connecté directement l'Afrique Noire sur l'Europe. Ainsi, la mondialisation avance aussi par les marges, comme le Sahara, et est également le produit des espaces périphériques. L'ouverture vers l'espace-monde est donc essentiellement le produit de logiques internes et d'un processus endogène, y compris dans les espaces périphériques comme le Sahara, qui se voient, tout à la fois, plus arrimés aux pôles centraux du Nord et repoussés à des fonctions encore plus périphériques et marginales. L'aboutissement à la déconstruction des frontières et l'arrimage aux espaces centraux mondiaux est aussi le produit de processus endogènes des espaces périphériques eux-mêmes. Cela passe par des rapprochements, à la base, entre les aires socioéconomiques et culturelles plus ou moins voisines et aboutit à une ouverture sur l'espace mondial.(A suivre)


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