C'est parce que plus personne ne s'intéresse au FLN que sa énième crise interne – cyclique comme la crise du lait et de la mamelle – ne donne lieu à aucun commentaire. On ne sait plus qui sont les redresseurs, qui doivent-ils redresser et si un redresseur peut être lui-même redressé. Cette question, qui concerne beaucoup plus la physique des matériaux que la politique, renvoie à la problématique du parti-Etat-administration, cause et conséquence de la mauvaise gestion du pays. Que faire du FLN, organe budgétivore qui n'a pas d'avis propre si ce n'est celui du président, ses nombreuses volte-face sur des questions sensibles faisant foi ? Boudiaf avait émis le vœu de mettre le FLN au musée ; il est mort peu après. Et à part lui, aucun président n'a osé remettre en question le vieux parti qui pense encore que l'Algérie lui est redevable, lui appartient et qu'il doit se servir comme dans un self. Mieux, le président Bouteflika en est le président d'honneur, ce qui veut tout dire car tout le monde le sait, la bataille interne au FLN n'a pas pour but une meilleure gestion du personnel politique ou pour enjeu le développement national. Comme un prisonnier condamné à perpétuité, la collectivité doit traîner ce boulet à son pied tout en étant ponctionnée pour qu'il puisse recevoir des milliards de dinars, directement par virements bancaires ou indirectement par l'intermédiaire de ses membres inscrits à l'ordre rentier général. Pour contrer le FLN tout en évitant de le conduire gentiment à la maison de retraite, le général Zeroual avait aidé à créer le RND, un clone tout aussi budgétivore. C'est la solution à l'algérienne : quand on ne peut pas régler un problème, on en crée deux, comme pour l'ENTV ou le vice-Premier ministre. Résultat, tout est doublé, coûte deux fois plus cher et ne sert pas. Logiquement, on devrait avoir deux présidents. Si ce n'est déjà fait.