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L'Occident a appuyé tous les dictateurs des pays arabes
Massoud Daher. Historien et chercheur libanais
Publié dans El Watan le 04 - 02 - 2011

L'historien libanais Massoud Daher enseigne à l'université de Beyrouth. Président de la Ligue sino-libanaise, titulaire du prix Abdel Hamid Shuman des jeunes scientifiques et de la Médaille de l'historien arabe, ce spécialiste des questions asiatiques a participé à une conférence internationale sur les relations entre les pays arabes et l'Asie, organisée au Koweït par la revue Al Arabi.
De notre envoyé
à Koweït City
-Quels sont les obstacles au développement des relations entre les pays arabes et le monde asiatique ?
Une grande partie du pétrole consommé dans les pays asiatiques provient du Moyen-Orient. Des pays qui veulent vendre aussi leurs marchandises. Il y a donc un besoin d'échanges économiques. Les Asiatiques entendent aussi avoir des relations culturelles. Il s'agit de peuples héritant d'anciennes civilisations tels que les Chinois, les Japonais ou les Indiens. Les Arabes, qui ont aussi une ancienne civilisation, avaient des relations culturelles qui remontent loin dans le temps avec le monde asiatique. Ils ont beaucoup pris de ces civilisations, de celles des Perses et des Grecs et l'ont transmis à l'Occident. Malheureusement, l'échange culturel entre Arabes et Asiatiques a cessé. On se concentre uniquement sur les relations économiques. Ce qui est déjà négatif car nous vendons du brut et nous achetons des produits manufacturés. On ne se demande même pas comment ces marchandises ont été produites, ni de quelle manière les pays asiatiques ont accédé au monde entier à travers leurs produits. Tous les experts disent que ce siècle sera asiatique.
Le Japon et la Chine, qui ont réussi à allier tradition et modernité, concurrencent les économies occidentales. Si elle n'est pas liée à un système de valeurs, la modernité n'aura aucun sens. Cela s'est déjà vérifié en Occident. Des penseurs estiment déjà que la civilisation occidentale est d'abord matérialiste. Les valeurs de la Révolution française, telles que l'égalité, la fraternité et la liberté, ont été happées par la globalisation américaine. Fukuyama évoque «la fin de l'histoire», Huntington a mis en avant l'idée du «choc des civilisations» et Bush a insisté sur «la guerre contre le terrorisme». Tout cela est dirigé contre les musulmans et les Arabes. Historiquement, ces derniers sont plus proches des civilisations asiatiques. Entre nous et les pays asiatiques, il n'existe pas de conflits historiques. Nous avons tout pour avoir des relations naturelles avec l'Asie, plus qu'avec l'Occident. L'Occident nous regarde d'en haut avec irrespect. Récemment, les Etats-Unis ont détruit un accord entre la Syrie et l'Arabie Saoudite pour régler la crise politique au Liban. Cela ne viendra jamais des pays asiatiques. Nous devrions apprendre des Occidentaux comment traiter avec les Asiatiques. Il existe des centaines de spécialistes de l'Asie en Occident.
-Pourquoi existe-t-il peu d'experts arabes en charge de l'Asie ?
La question est de savoir si les Arabes ont un projet culturel. Sans cela, la relation entre les pays arabes et l'Asie est réduite à un échange de délégations officielles. Un délégué chinois parle au nom de 1,3 milliards d'habitants de la Chine, alors que les pays arabes envoient des délégations qui ne se connaissent même pas. Elles ne cherchent même pas à se connaître ou à parler d'une seule voix. Les Arabes ont-ils une position commune sur n'importe quel sujet ? L'erreur est dans cette mentalité arabe dominée par l'esprit du chef de tribu et du zaïm. Comment peut-on convaincre les autres pays que chez nous, les présidents sont élus à vie ? Qu'on détourne les biens de l'Etat sans que personne ne soit jugé ? Le nombre d'intellectuels et diplômés en chômage dans le monde arabe avoisine les 25%.
Le taux d'analphabétisation augmente dans le monde arabe au lieu de baisser. Les jeunes et les femmes sont marginalisés. L'avancée du désert continue dans la plupart des pays arabes. Alors comment convaincre un intellectuel asiatique ou européen de dialoguer avec nous ? Culturellement, comment pouvons-nous lui parler ? Ibn Khaldoun appartient à l'ensemble de l'humanité et pas uniquement aux Arabes. L'Occident a tiré profit des travaux d'Ibn Sina et de Khawarizmi et pas les Arabes. Nous avons échoué à bâtir un projet à partir des idées de ces génies. Selon le rapport 2010 de l'Arab Thought Foundation (Mouassassatt Al Fikr al arabi), rendu public dernièrement à Beyrouth, Israël a attiré 9700 chercheurs, 30 000 pour la Chine. Et le monde arabe ? 750 chercheurs ont été «exportés» ! Nous avons des jeunes d'un bon niveau, brillants, qui se forment aux Etats-Unis ou en Europe. Auront-ils des postes d'emploi à leur retour dans leurs pays ?
-L'absence des libertés et de débats ouverts peut-elle expliquer cette situation dans le monde arabe ?
Il y a de tout. Il y a absence de projets politiques et démocratiques également. Inexistence d'un projet de renaissance. Aucun projet anti-chômage, contre la désertification, contre l'analphabétisme, etc. Il n'y aucune coopération concrète entre les pays arabes. Il y a une crise. Engels disait que «l'Histoire avance de son côté le plus sombre». J'ai toujours dit que les révoltes étaient prévues dans chaque pays arabe. Existe-t-il quelque chose de plus sombre que ce que nous vivons ? L'acte du citoyen tunisien qui s'est immolé a changé le visage de la Tunisie. Le citoyen arabe ne supporte plus ce qu'il vit. La crise économique et sociale est très profonde. La théorie de «la stabilité» n'a plus de sens. «Une stabilité» accompagnée de répression, de chômage, de non-respect de la démocratie, de violation des droits de l'homme… Quelles sont la signification et la valeur d'une telle «stabilité» ? Je pense que le citoyen arabe commence à briser la muraille de la peur. Plus il avance dans ce mouvement, plus les possibilités de changement seront grandes. Les Tunisiens ont montré l'exemple. Et leurs slogans étaient clairs : c'est la fin des régimes oppresseurs, ça suffit, khalass ! Nous sommes devant une nouvelle situation. Cette nouvelle étape sera une réussite à mon sens…
-Pensez-vous que l'Occident accepte des changements dans le monde arabe ?
L'Occident a tiré profit de notre sous-développement, de notre allégeance, de notre pétrole et de notre soumission. L'Occident a appuyé tous les dictateurs dans les pays arabes. L'Occident, comme Israël, est derrière beaucoup de crises dans le monde arabe et dans le projet de son éclatement. Un président arabe a accepté fièrement de se séparer d'une partie de son pays comme s'il avait accompli un acte héroïque ! Nous avons atteint un niveau incroyable de surréalisme (…) Si les pays arabes étaient unifiés, les nations asiatiques préféraient avoir des relations avec le monde arabe, pas avec Israël. La preuve ? Les pays asiatiques ont été les derniers à reconnaître l'Etat d'Israël. L'Egypte l'a fait avant la Chine. Les régimes arabes sont aujourd'hui plus protégés par l'Occident que par leur peuple. L'Occident a amassé des fortunes et des richesses grâce à ces régimes et a consommé une grande partie du brut arabe. Les pays arabes achètent de l'armement de l'Occident sans l'utiliser ! L'argent des Arabes est déposé dans des banques étrangères. Est-il logique qu'après 50 ans de production pétrolière, les pays arabes soient incapables d'avoir une industrie automobile, une usine de tracteurs agricoles ou d'appareils photo ? Qu'avons-nous fait de tout l'argent du pétrole ?
-Justement…
Les Arabes n'ont jamais tenté de construire, par un exemple, des barrages, des hôpitaux ou des autoroutes en utilisant la technologie chinoise. Par contre, ils n'ont pas cessé de critiquer la mauvaise qualité des produits chinois ! Ont-ils un jour tenté d'utiliser la technologie japonaise dans la revalorisation des terres agricoles ou des projets hydrauliques ? Les Japonais sont prêts à transférer leur technologie car de toute façon, ils ont toujours une longueur d'avance. Ils ont déjà exporté leur technologie vers la Chine. Ils n'avaient eu aucune crainte. Avoir cette technologie ne sera que bénéfique pour les pays arabes pour s'engager dans les processus de modernisation. Il faut profiter du développement des pays asiatiques, de leurs moyens importants et des avantages comparatifs des coûts des projets. Une usine importée de l'Occident est trois fois plus chère que celle commandée en Asie. Tout le monde sait que le Japon est plus développé que les pays occidentaux. La Chine avance à grands pas dans l'amélioration de sa technologie. Avec ses 1,3 milliard d'habitants, la Chine est plus peuplée que l'Europe et les Etats-Unis. Il y a donc beaucoup d'avantages.


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