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«Pour un Maroc démocratique et juste»
Marche pacifique du Mouvement du 20 février à Marrakech
Publié dans El Watan le 09 - 05 - 2011

Il est 10h30 à Bab Doukala dans la ville de Marrakech. Un quartier populaire à mi-chemin entre la vieille et la nouvelle Médina de Marrakech. Des voix s'élèvent devant le siège du Parti socialiste unifié.
Marrakech (Maroc).
De notre envoyée spéciale
C'est le point de départ de la marche à laquelle le Mouvement du 20 février a appelé pour affirmer la continuité d'un combat déterminé pour la démocratie et contre toute tentative de stopper l'élan combatif des Marocains. Une dizaine de jours après l'attentat terroriste qui a soufflé le café Argana à Jamaâ El Fna, les Marocains, et à travers le Mouvement du 20 février, disent ne pas vouloir céder à la peur ni aux menaces qu'elles émanent du terrorisme ou du makhzen. Ils tiennent au changement, et ils l'auront, disent-ils. Sous un soleil de plomb et une chaleur torride, des milliers de manifestants, 5000 disent les observateurs, et venus des quatre coins du Maroc, se sont donnés rendez-vous sous la bannière du Mouvement du 20 février pour affirmer et réitérer l'appel pour la démocratisation du Maroc et la chute de la dictature.
Les jeunes du 20 Février, qui ont su fédérer toutes les tendances politiques revendiquant le changement, scandaient leurs revendications sous forme de slogans. «Ismaâ sawt echaâb, el makhzen yatlaâ Berra, El Hima Yetlaâ Berra» ou «La voix au peuple et el makhzen dégage, el himma et majdi (proches du roi accusés de dilapidation des biens publics) dégagez». «Départ du gouvernement, dissolution du Parlement, libération des détenus politiques, indépendance de la justice, la santé pour tous et liberté d'expression», que de revendications criées à répétition et allant dans le sens d'un changement radical du système de gouvernance.
Des manifestants font passer une espèce de cercueil sur lequel est écrit : «La commission Menouni pour la réforme de la Constitution». Une réponse claire et ne souffrant aucun doute du Mouvement du 20 février aux réformes annoncées par le roi un certain 9 mars 2011. Les marcheurs qui défilent pacifiquement sont organisés en carrés bien encadrés par des jeunes du Mouvement 20 février habillés de dossards aux couleurs visibles et différentes formant une barrière humaine pour protéger les manifestants de toute infiltration de la marche par des éléments perturbateurs. Dans chaque carré, un petit camion équipé en appareils de sonorisation, transporte des jeunes animateurs du Mouvement du 20 février armés de mégaphones et invitant les manifestants à reprendre à l'unisson leurs slogans. Les policiers en uniforme ne sont pas nombreux contrairement aux policiers en civil qui accompagnent en nombre le cours de la marche. Le comité d'organisation de la marche et à travers ses nombreux éléments, est très alerte. On nous demande même notre carte professionnelle avant de répondre à nos questions.
La méfiance est de mise, disent-ils, après avoir subi dans les premiers jours de leur mouvement la répression et les infiltrations. La marche semble prendre son cours dans le calme sans aucun incident, seules les voix des manifestants font écho aux revendications populaires pour un «Maroc démocratique et juste». Un incident est toutefois à signaler. Les manifestants ont chassé à coups de «Non aux médias du makhzen», l'équipe de la télévision marocaine 2M. Celle de la première Chaîne a failli avoir le même sort si ce n'est l'intervention de responsables du mouvement pour dire qu'ils «sont aussi enfants du peuple et peuvent donc travailler en liberté». Les chaînes de télévision locales, et malgré une certaine ouverture acquise suite aux évènements de février dernier, sont accusées d'orienter l'information et de ne pas dire toute la vérité.
«Le peuple refuse une Constitution pour esclaves»
Fès, Meknès, Casablanca, Tanger, Rabat, la marche de Marrakech prend un cachet national et rassembleur pour dire non au terrorisme et alerter le peuple contre toute velléité d'oublier la démocratie en contrepartie du gage de la paix. Au fur et à mesure que les marcheurs avancent, leur nombre s'allonge et sont rejoints par les badauds et riverains. Partis politiques, associations féminines, associations pour handicapés, syndicats, communistes, socialistes et islamistes modérés, les carrés des marcheurs adoptent différentes couleurs mais parlent d'une seule voix, celle de la quête de la démocratie. «Avec l'union et la solidarité, nous aurons ce que nous voudrons», scandent-ils d'un seul et même ton déterminé et décidé. «Nous voulons d'une réelle Constitution démocratique qui représente la volonté du peuple et la dissolution de toutes les assemblées et le départ du gouvernement, qui n'ont aucune légitimité», nous dit un des manifestants et membre du comité d'organisation de la marche.
Constatant que la répression qui s'était abattue sur les jeunes le 20 février a été suivie par des actes d'intimidation, et que les marches du mouvement sont plus tolérées parce que les jeunes ont pu imposer leur volonté, le manifestant qui a fait partie des personnes enlevées et torturées suite aux évènements du 20 février, met en doute les résultats de l'enquête sur les auteurs de l'attentat contre le café Argana. «Cet acte criminel a été perpétré par une partie inconnue qui refuse le changement et qui veut tuer l'élan populaire pour la démocratie initié par le Mouvement du 20 février. On veut tuer ce mouvement, on veut stopper la marche pour le changement. Nous disons non, vous ne nous aurez pas. Nous continuerons à revendiquer et lutter pour l'instauration d'un Etat de droit et de justice», dit-il. Des voix s'élèvent parmi les manifestants pour revendiquer une commission d'enquête indépendante afin de faire la lumière sur l'attentat d'Argana qui, rappelons-le, a fait 17 morts et plus d'une vingtaine de blessés. L'auteur présumé de l'attentat et de deux de ses complices se revendiquant d'Al Qaîda ont été arrêtés le week-end dernier. «Ni salafistes ni terroristes, les corrompus sont les terroristes», scandent les marcheurs qui lancent encore «N'aie pas peur du terroriste ni de la police» et «Non aux explosions, oui au changement». Voulant briser la fausse image d'une jeunesse désœuvrée, les manifestants lancent en chœur : «Ni haschisch ni ballon, cette jeunesse est celle de la révolution».
«Nous sommes des citoyens et non des sujets»
Cette marche, qui a vu en son sein différentes composantes de la société, a été aussi marquée par la présence de beaucoup de jeunes filles dynamiques et prêtes à en découdre avec la dictature. «L'attentat ne va pas nous faire dévier de la lutte, ce gouvernement doit comprendre que notre détermination est plus forte que toutes les explosions», nous dit Sarah, 19 ans, habitant Marrakech.
Elle affirme ne pas avoir peur non plus des intimidations de la police. «Je sais une chose, je milite pour mes droits ; je ne crains donc personne, sauf Dieu», note Sarah avec le sourire de l'espoir. Asma, 25 ans, architecte de formation, a failli être enlevée à deux reprises si ce n'est sa vigilance. «On continue à recevoir des menaces au téléphone mais ça ne nous fera pas fléchir.» Tout en notant que la répression a diminué d'intensité, Sarah pense toutefois que ça peut reprendre à n'importe quel moment.
«Tant que nos revendications demeurent insatisfaites, ça veut dire qu'il n'y a pas de volonté réelle pour le changement. Le discours du roi est loin d'avoir répondu à nos attentes», dit-elle. Notre interlocutrice estime que, dans son discours, le roi a promis une refonte de la Constitution mais sans toucher aux constantes nationales. «Mais nous avons un problème avec ces constantes nationales. L'article 19 qui donne au roi le caractère de commandant des croyants doit être abrogé. Qu'il reste roi mais ne doit pas gouverner. Nous voulons choisir nos gouvernants. De plus il n'a pas évoqué la dissolution du Parlement ni le départ du gouvernement, où est donc le changement ?» s'interroge Asma qui note que la volonté des Marocains c'est de vivre dans un Etat démocratique où ils sont citoyens et non pas des sujets. La marche initiée par le Mouvement du 20 février s'est achevée à 14h à la place Jamaâ El Fna devant le café Argana.


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