Vahid Halilhodzic a annoncé la couleur bien avant qu'il ne pose son pied en Algérie. Quelques heures après l'officialisation de la signature de son contrat (3 ans) avec la Fédération algérienne de football (FAF), il a dressé sa première feuille de route qui coïncidera avec sa prise de fonction. Il a fait savoir : «Je vais mettre un règlement en place, ceux qui ne le suivront pas, partiront.» Sur les colonnes du quotidien français L'Equipe, il a promis «des changements», ajoutant dans la foulée : «Je ne sais pas encore si je vais changer beaucoup de joueurs ? Mais il y aura des changements. Il va y avoir une vraie concurrence, même pour les cadres.» Il ne le sait peut-être pas, mais il a touché du doigt un des problèmes majeurs de l'équipe nationale. A savoir, le statut conféré à une partie des joueurs qui sont devenus d'inamovibles titulaires, qu'ils jouent bien ou pas. Des joueurs encouragés par le laxisme ambiant et l'absence de rigueur dans laquelle baignait la sélection, ne se sont pas sentis en danger et, de ce fait, ne se sont jamais remis en cause. Ils croyaient fermement qu'ils étaient indispensables. Le résultat est là. Le plus important à présent est de savoir sur qui et sur quoi doit s'appuyer Vahid Halilhodzic pour reconstruire la maison verte ? L'absence d'une (réelle) direction technique nationale (DTN) va être pour lui, au départ, un handicap. Ses premiers travaux, ou chantiers, devraient reposer sur des analyses et études faites par la structure citée qui, malheureusement, n'existe pas. Le Bosniaque va devoir travailler sur ce qu'il trouvera sur place et peut-être échanger avec son prédécesseur, Abdelhak Benchikha, ses appréciations sur les quelques mois qu'il a passés à la tête de la sélection. Le nouveau coach des Verts fera certainement appel à son expérience vécue avec les Eléphants de Côte d'Ivoire. Une fois installé dans ses fonctions, Vahid Halilhodzic doit relever le défi que lui a proposé la FAF et qu'il a accepté. Remettre les Verts sur le bon chemin. Il fera face à deux handicaps. Le temps et les joueurs. Le premier, il l'a mesuré. Dans un an, il faut que la sélection soit prête pour assumer deux missions. Qualifier les Verts à la CAN 2013 et la Coupe du monde 2014. Il s'est engagé avec la FAF, parce que ces deux objectifs sont un challenge pour lui. Le second handicap est de taille. Jeudi, il a fait allusion à ce chapitre (effectif) en précisant que le groupe subira quelques changements. Il ne croit pas si bien dire. Ce sera «son» chantier le plus important. Il va devoir faire le ménage à ce niveau. La présence d'une DTN lui aurait été très utile dans cette situation. Ce serait fatal pour lui de reprendre le même groupe qui est sur la brèche depuis des années. La mise à l'écart (momentanée ?) de certains inamovibles titulaires sera salutaire pour l'équipe nationale. Pour cela, il lui suffira de visionner les 10 derniers matches de l'équipe nationale pour être édifié sur les «noms» qu'il ne faut pas coucher sur la liste des premières sélections. Des jeunes, prometteurs, frappent aux portes de l'équipe nationale et, qui plus est, évoluent dans les championnats européens de bon niveau (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne et à un degré moindre la France). Les autres, ceux qui ont choisi d'aller planter leur tente dans des championnats européens mineurs ou dans des Emirats faits sur mesure pour des has been, il faut les laisser tranquilles et ne plus regarder de leur côté. Vahid Halilhodzic va-t-il prôner la rupture ou s'engouffrer dans une politique de replâtrage qui ne correspond pas à sa réputation qui l'a précédé avant qu'il n'arrive en Algérie ? De la réponse à cette double interrogation dépendra, en grande partie, sa réussite ou son échec que personne ne souhaite.
