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«3000 boulangeries ont fermé depuis 2000»
Kalafat Youcef. Président de l'Union nationale des boulangers
Publié dans El Watan le 21 - 11 - 2011

-Le gouvernement a décidé de réduire l'impôt forfaitaire IFU pour les boulangers. Estimez-vous que c'est suffisant ?
Le dossier contenant nos revendications est au niveau du gouvernement. Nous l'avons transmis au ministère du Commerce. Nous l'avons ficelé après huit rencontres avec le ministère du Commerce. On nous a dit qu'il est à l'étude. Notre première revendication concerne le problème des coupures électriques qui nous engendrent des pertes financières énormes. Un boulanger perd
7500 DA pour chaque coupure qui dépasse 45 minutes. Il n'y a aucune loi qui nous permet de toucher des indemnisations suite à ces pertes. Le gouvernement a donné son accord pour subventionner l'achat de groupes électrogènes. Il va payer une partie du prix et nous serons exonérés de la TVA et des intérêts.
La décision sera appliquée à partir du mois prochain. Mais cela ne suffit pas pour augmenter notre marge bénéficiaire. C'est juste pour nous éviter d'avoir un manque à gagner. Nous avons aussi demandé la suppression totale de la taxe écologique. C'est une taxe qui nous a été imposée par la direction de l'environnement. Est-ce que le boulanger provoque de la pollution ? Pourquoi nous obliger à payer 9000 DA par an ? Le gouvernement a accepté de supprimer cette taxe à partir de janvier 2012. Nous avons aussi demandé une subvention sur les impôts.
Sur le plan fiscal, le boulanger n'est pas considéré comme artisan. Les boulangers doivent payer 12% sur le chiffre d'affaires. On n'est pas des commerçants ou des industriels. Nous avons demandé à ce que ce taux soit baissé d'au moins 50% et le gouvernement a donné son accord en le ramenant à 5%. Nous sommes satisfaits pour cette mesure, mais nous estimons que ce n'est pas suffisant au vu des charges que nous avons actuellement. Il y a eu dernièrement une hausse du SNMG de 15000 DA à 18000 DA qui réduit l'impact de ces mesures. Le coût de la main-d'œuvre a donc augmenté, mais le prix de la baguette est toujours le même.
-Le prix du pain est-il subventionné…
Justement non. L'opinion publique a toujours pensé que le prix est subventionné, alors que la réalité est tout autre. C'est la farine qui est subventionnée. C'est l'une des matières premières nécessaires pour la fabrication du pain. Mais il y a aussi la levure, l'huile, l'améliorant, le sucre, l'eau. Ces autres intrants ne sont pas subventionnés. Ils sont fournis par le secteur privé qui a le monopole du prix. Le gouvernement nous a dit qu'il n'avait aucune marge de manœuvre sur ces prix qui sont libres.
-Quelles sont vos autres revendications ?
Nous avons soumis la question des dettes fiscales. Le prix du pain n'a pas changé depuis 1996. Le prix est toujours le même depuis 15 ans, alors que les prix des matières premières ont augmenté de 100%. En 1996, le prix de l'électricité était à 2,5 DA le kilowatt, alors que maintenant il fait 4,5DA.
C'est le double. La levure était à 150 DA le kilogramme contre 300 DA de nos jours. L'améliorant est cédé à 300 DA le kilogramme contre 80 DA en 1996. Le SNMG était à 6000 DA avant de connaître plusieurs hausses pour atteindre 18 000 DA. Le prix de la baguette est toujours le même.
En 1996, le gouvernement avait fixé la baguette de pain à 7,5 DA et 8,5 DA pour l'amélioré. Notre marge bénéficiaire était de 20%. Avec toutes ces augmentations, il est impossible d'avoir une telle marge. Celle-ci est d'à peine 3 à 4% aujourd'hui. Avec tout ça, il est impossible de payer les impôts et l'assurance. Les retards de paiement des impôts se sont accumulés et ont atteint un tel seuil que les boulangers ne sont pas en mesure de s'en acquitter. Près de 90% des boulangers ont des dettes auprès des services des impôts. Il y a aussi les pénalités de retard. Nous avons donc demandé l'effacement de ces dettes ou de réduire le montant au moins de 50% et d'établir un échéancier pour le reste. Ce point est toujours à l'étude au niveau du gouvernement. On attend toujours la réponse. Tout ça c'est pour éviter l'augmentation du prix du pain. On a aussi demandé la baisse du prix de la farine pour le ramener de 2000 DA à 1500 DA le quintal ou bien de nous aider pour le transport de cette matière première qui nous revient cher.
-Ces mesures ne visent-elles pas aussi à pérenniser l'activité avec la baisse du nombre de boulangers ?
Oui. Il est tout aussi important de maintenir le prix du pain que d'éviter la fermeture des boulangeries. Il faut maintenir la disponibilité du pain sur tout le territoire national. Un boulanger qui ferme c'est une quantité de baguettes en moins sur le marché. Cela a été constaté le jour de l'Aïd. De nombreux boulangers sont découragés, car ils ne font plus de bénéfices. Beaucoup réduisent la quantité des intrants pour rentrer dans leurs frais. Cela réduit le poids de la baguette. Le but n'est pas de voler le consommateur, mais d'avoir une marge bénéficiaire raisonnable. Des boulangers ont préféré se convertir dans l'alimentation générale ou ouvrir des supérettes ou des boucheries. Ils changent d'activité. En 2000, il y avait 17 000 boulangers à l'échelle nationale. A fin 2010, ils ne sont plus que 14 000. Un boulanger qui travaille honnêtement ne peut que faire faillite. Il y a eu donc 3000 fermetures et ça continue. Il y a une wilaya où l'on ne compte que huit boulangeries.

-N'y a-t-il pas aussi un problème de relève ?
Il fut un certain temps où les boulangers étaient considérés parmi les plus riches. Mais cette génération n'existe plus. La plupart qui ont ouvert ces derniers temps, c'est grâce à l'Ansej et des prêts bancaires.
-Qu'en est-il de la formation ?
C'est le désert. Il n'y a pas d'école ou d'institut qui forment les boulangers. Il y avait une école privée à Chéraga (Alger), mais elle a fini par fermer. Nous avons un sponsor, fabricant de levure français qui nous avait proposé de prendre en charge des boulangers pour des formations en France dans une grande école à Paris, mais au moment d'aller discuter de tous les aspects de ces formations, le visa m'a été refusé. On devait aussi participer au congrès international des boulangers et pâtissiers, mais on n'a pas pu y aller toujours à faute de visa. Il y a des centres de formation à Maraval (Oran) et Bab Ezzouar (Alger), ils ont un matériel très sophistiqué, mais ils n'ont pas trouvé de formateurs.
-Les boulangers ont le statut d'artisans, mais on constate qu'il y a de moins en moins de création et d'innovation. Comment expliquer cet état de fait ?
Avec la baguette à 7,5 DA et on ne s'en sort pas, alors comment voulez-vous que l'on vende des pains qui nous reviennent à, disons, 11 ou 12 DA ? Nous avons des professionnels et des artistes en boulangerie. On a été classés à la quatrième place parmi 54 pays lors de la Coupe du monde du pain à Paris en 2010. On a montré notre savoir-faire et nos connaissances. On a eu la troisième place lors de la Coupe d'Afrique et du Moyen-Orient qui s'est déroulée en mars à Casablanca. Nous avons de très bons boulangers, mais le prix subventionné ne nous encourage pas à innover. On a organisé une foire nationale du pain et il faut voir l'engouement des boulangers et la qualité du pain qu'ils ont présenté. En Europe, on trouve toutes sortes de pain dans une boulangerie, mais aussi de différents prix.
On ne peut pas vendre un pain d'un genre particulier comme les pains de campagne ou scoubidou à 7,5 DA. Dans les zones rurales même à ces prix-là, il revient cher à la population. On ne peut donc pas améliorer le pain si le prix reste tel quel. Si on veut produire du bon pain, il faut libérer le prix.
-Quelle est la consommation des Algériens en pain ?
La production est de 49 millions de baguettes par jour. Il y a beaucoup de gaspillage parce que son prix est abordable. C'est le produit alimentaire le moins cher en Algérie. En Afrique, il n'y a qu'au Sénégal où le pain est vendu au même prix. C'est le mode de consommation et les habitudes des Algériens qui font que la demande soit aussi importante. Même les Chinois ne consomment pas autant de pain que nous.


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