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Main étrangère et patriotisme de pacotille au service de l'imposture
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Publié dans El Watan le 07 - 01 - 2012

Depuis 50 ans, les peuples du Maghreb, du Moyen-Orient et d'Afrique vivent dans des zones de non-droit, ployés sous des dictatures bénies par les puissances occidentales.
Depuis 50 ans, ces peuples ont vu leur indépendance confisquée, leur rêve de liberté et de dignité, si chèrement payé au colonialisme, piétiné par des dirigeants acquis au despotisme et dont l'arrogance et la vanité n'ont d'égal que l'indigence de leur peuple et l'état chaotique de leur pays. Depuis 50 ans, en Algérie, comme ailleurs, dans ces régions où la vie humaine est si maltraitée, le droit à la citoyenneté universelle est banni pour que triomphent l'impunité des gouvernants qui rivalisent dans l'oppression, le pillage et la corruption. Tout cela, dans une indifférence quasi générale autant des «élites» locales que de la pseudo communauté internationale (USA, France et Grande-Bretagne) chantres de l'imposture démocratique et du discours factice sur les droits humains.
Qui mieux que le peuple algérien, naguère fier de sa libération du colonialisme, mais aujourd'hui paria dans son propre pays, peut témoigner de la longue descente aux enfers sous la gouverne de régimes totalitaires impitoyables, qui agissent à l'ombre de démocraties factices, conçues sous l'égide du néocolonialsme bien compris des deux côtés de la méditerranée ? Qui mieux que le peuple algérien sait que sa liberté a été marchandée dans des clubs fermés où se noue l'allégeance des dictateurs aux «grands» de ce monde, en échange d'un pouvoir absolu sur leur peuple et quelques strapontins de figuration dans la cour des grands.
Si pendant des décennies, l'alliance des dictatures et des puissances occidentales, ainsi que leurs conséquences désastreuses sur les peuples, sont restées dans l'ombre, c'est tout simplement que les populations, qui en faisaient les frais, étaient les plus vulnérables de la société, abandonnés par leurs élites, autrement dit la majorité du peuple appauvri, dont cette jeunesse révoltée, car poussée au désespoir et au suicide à petit feu. Durant toutes ces décennies, les richesses du pays étaient détournées par le pouvoir et ses réseaux en toute impunité. Le sort de l'Algérie ? Celui de son peuple ? Celui des générations futures ? Juste des mots pour des discours sans lendemain, avec en face un consentement et un silence devenus, par la force des choses, la caution collective aux abus du pouvoir. Pas l'ombre d'un éveil patriotique authentique pour inverser la tendance et redonner au peuple de la révolution de Novembre 1954 l'espoir d'un lendemain meilleur.
Puis vint le mouvement des révoltes dans le monde arabe et sa promesse potentielle d'une autre vie pour les peuples de la région. Très vite, les Tunisiens réussissent l'exploit d'une révolution pacifique remarquable en faisant chuter Benali, signant ainsi la fin d'une époque, celle des dictatures, et ouvrant une nouvelle page d'histoire pour les peuples opprimés. Le courage devient, dès lors, sans frontières et tous les peuples soumis, du Maghreb comme du Machrek, trouvent en eux la force de revendiquer la liberté, la justice et la dignité, à l'instar du peuple tunisien.
Le mouvement atteint l'Algérie dès le début du mois de janvier, avant même la chute du dictateur tunisien, et se poursuit durant plusieurs jours avant d'être réprimé par le pouvoir.
Résultat : 5 morts parmi les jeunes manifestants, des centaines de blessés et un millier d'arrestations. Ebranlé, le pouvoir algérien se déploie sur plusieurs fronts pour contenir la révolte et empêcher les manifestations populaires dans les rues du pays. Pour plomber la contestation, il intervient simultanément sur trois volets : économique par des baisses de prix et financement de projets pour les jeunes, répressif en quadrillant les quartiers d'un impressionnant dispositif de sécurité et le dernier qui n'est pas des moindres relève de la propagande, il s'agit de la fameuse «main étrangère», une arme redoutable pour culpabiliser les contestataires et refroidir les ardeurs, d'autant que la Libye voisine a sombré dans la violence sanglante, agitant le même spectre pour l'Algérie.
S'il est normal que le pouvoir profite de la tragique expérience libyenne pour apeurer les Algériens et garder l'avantage sur lui, on est surpris des voix «autonomes» qui jouxtent son discours et s'arrogent le droit de culpabiliser le peuple dans sa volonté d'émancipation, alors que nombre d'entre elles ont été des témoins indifférents de ses souffrances et, pire encore, de son aliénation soutenue. Le discours du fallacieux patriotisme a envahi l'espace de la contestation en Algérie et forcé les gens, une fois de plus, à refouler leurs aspirations légitimes sous prétexte qu'ils servent des intérêts étrangers. S'il est entendu que les Algériens n'accepteront jamais l'intervention étrangère dans leur pays, ils n'ont pas moins le droit de revendiquer la fin de la dictature et l'instauration de la démocratie dans leur pays, sans que pour autant leur patriotisme soit remis en cause, à plus forte raison par des gens qui cautionnent depuis des décennies, non seulement la mainmise des puissances occidentales sur les ressources et la politique de leur pays, mais aussi l'humiliation de leur peuple. Quel Algérien n'est pas outré de savoir que 50 ans après l'indépendance de son pays, ses responsables font appel à la France coloniale pour gérer son aéroport, son port, son eau, son tramway, son métro, etc., alors que les compétences algériennes sont marginalisées, exilées en grand nombre. Faut-il ajouter à cela les récents épisodes de la «France/Algérie» joués par Claude Guéant (France) et Mourad Medelci (Algérie) sur fond de réformes en Algérie et qui disent tacitement l'arrimage d'El Mouradia au Quai d'Orsay. N'est-ce pas qu'il y a là matière à scandale pour tout patriote ?
N'est-ce pas au peuple algérien d'apprécier ses gouvernants ? De juger de ses réformes ? Pourquoi le satisfecit de la France pour des réformes qui concernent exclusivement les Algériens ? Mais au fait, de quel patriotisme parle-t-on ? Le vrai patriotisme est une attitude, un comportement qui change le destin d'un pays, d'un peuple. Une attitude contagieuse qui se reflète dans les valeurs du peuple et les réalisations du pays. Le patriotisme est ce sentiment intense qui rend les gens jaloux de leur quartier, village, ville, pays et fiers de ce qu'ils ont bâti, de leur système de justice, de santé, d'éducation, etc. Est-ce le cas en Algérie où les responsables, en grande partie, sautent dans un avion en direction de l'étranger dès qu'ils ont des besoins personnels à combler ? Ce n'est pas faute de moyens, le pays est riche, mais ils n'ont pas confiance dans les services publics qu'ils fourguent au commun des Algériens. D'un secteur de la vie à un autre, même constat affligeant. En fait de patriotisme, il n' y a que sigles et discours qu'on rabâche aux Algériens, à l'ombre du délabrement de leur pays et du saccage de leur vie. N'est-ce pas inadmissible d'entendre un ministre déclarer qu'il y a 950 000 logements vides (construits par l'Etat) en Algérie, alors que des millions d'Algériens croupissent dans des trous, faute d'un toit décent ?
Y a-t-il un brin de patriotisme chez des gens qui pratiquent la «harga» officielle aux frais des Algériens pour jouir des bienfaits de la démocratie occidentale, en débitant à qui veut les entendre leur amour pour l'Algérie? Y a-t-il un brin de patriotisme chez des responsables qui président une éducation naufragée pour leur propre peuple et puisent à même le Trésor public pour offrir à leur progéniture une éducation de qualité dans les universités de Paris, Londres, Ottawa ou Washington ? Y a-t-il un brin de patriotisme chez des gouvernants qui tuent la production nationale de leur pays pour le mettre au service du bazar mondial, ruinent son économie pour mieux détourner les richesses et tuent la créativité et l'estime de soi de leur peuple pour favoriser son aliénation ? Y a-t-il un Algérien, aujourd'hui, qui ignore que ses responsables n'accepteront jamais de se soigner dans les hôpitaux délabrés qu'ils destinent au peuple ? Comment, dès lors, accepter leur gouvernance ? Les élire? Faire d'eux des représentants d'un peuple pour lequel ils n'ont aucune considération ? Pourquoi diable les Algériens continueraient-ils de pourvoir au train de vie de dirigeants qui les méprisent et affichent publiquement une distance vis-à-vis de leurs conditions de vie ? Ce qu'ils prétendent bon pour l'Algérie et son peuple ne l'est pas assez pour eux. Pourtant, cela ne les empêche pas de discourir et de se présenter comme les étendards du patriotisme... une réalité intolérable pour tout esprit citoyen. Presque aussi choquante d'apprendre que Chavez (ennemi des Etats-Unis) se soigne à Washington parce qu'il ne fait pas confiance au système de santé de son pays.
Il est plus que temps de mettre fin à ce genre de paradoxes, qui saccagent le patriotisme des gens mieux que ne le ferait cette «main étrangère» que l'on brandit comme une épée de Damoclès sur leur tête pour étouffer toute contestation. Personne ne doute que la «main étrangère» a toujours pesé sur nos têtes d'anciens colonisés, mais ceux qui tiennent l'épée sont des nôtres. Les gens ne sont pas dupes, ils savent fort bien que les intérêts étrangers sont implantés dans leur pays et participent de leur calvaire, comme ils savent qu'ils sont gouvernés de la pire façon qui soit. Si le colonialisme auquel ont fait face nos parents était français, le néocolonialisme qui l'a remplacé n'a pas d'identité, mais plutôt des tentacules dont les ramifications s'observent clairement dans le déplorable destin de l'Algérie. Cela pour dire, si besoin est, que les révoltes populaires dans le monde arabe ne sont pas nées à Washington, Londres ou Paris, même si ces puissances y ont vu les signes précurseurs et décidé de s'y engouffrer avant l'explosion, notamment en aidant les acteurs du changement dans certains pays. Cela étant, il n'en demeure pas moins que ces révoltes ont couvé dans les tréfonds des peuples écrasés par la tyrannie. De l'Algérie, pays le plus riche d'Afrique du Nord, au Yémen qui est le plus pauvre, situé dans l'extrême sud de la péninsule arabique, tous les peuples de cette vaste région, longtemps sous séquestre des dictatures et leurs alliés occidentaux, se sont ébranlés comme autant de prisonniers injustement enchaînés, soudain libres grâce au courage des Tunisiens, assoiffés de justice et de dignité. La meilleure preuve de l'authenticité de ces soulèvements est l'épisode honteux de la France qui a offert son aide au dictateur Benali pour venir à bout des révolutionnaires tunisiens. Nous savons la suite que le peuple tunisien a réservée à la fois au dictateur et à son allié, la France, l'ancienne puissance coloniale de la Tunisie. Qui peut croire que cette grande puissance ait pu ignorer les agissements de Washington dans sa zone d'influence (le Maghreb) en vue de la chute de leur allié privilégié, Benali ? Il me semble que c'est mal connaître la convergence des intérêts de l'Occident capitaliste.
Tous ceux qui suivent l'actualité sont conscients des interférences étrangères dans le mouvement des soulèvements populaires. Ce serait utopique de croire que les grandes puissances vont quitter la région et laisser s'accomplir pleinement les aspirations démocratiques des peuples, tant les enjeux sont considérables, puisqu'en plus de protéger leurs intérêts présents, les grandes puissances occidentales ambitionnent de paralyser la Chine en bloquant son accès aux réserves pétrolières, notamment en s'assurant, à défaut d'une mainmise sur les ressources, des accords privilégiés avec le monde arabe. C'est donc évident qu'elles vont manœuvrer de manière à exercer un certain contrôle sur les démocraties naissantes, tout comme elles ont contrôlé les dictatures. En revanche, ce qui est certain aujourd'hui, c'est qu'elles ne pourront plus jouir aussi librement des richesses des peuples, ni les écraser discrètement en s'alliant avec des bourreaux. Les grands bouleversements qui se produisent actuellement, obligent les grandes puissances à composer avec de nouvelles donnes qui limitent leur emprise sur les peuples, faute de pouvoir tout contrôler efficacement dans un monde en pleine effervescence. Ce sont des signes qui montrent que l'ordre occidental, qui régente les peuples depuis des siècles, est désormais en déclin et jamais le contexte mondial n'a été aussi favorable à la résistance des peuples contre son hégémonie.
Le moment est donc propice pour que des peuples, interdits de droits, retrouvent le chemin de la liberté. Révoltes, soulèvements ou révolutions, les peuples du monde arabe savent désormais qu'une page sombre de leur histoire vient d'être tournée en Tunisie, et qu'ils ont l'opportunité de reprendre le contrôle de leur vie et de leur pays. Ils n'ont pas le droit de subir l'intolérable de qui que ce soit.
Le peuple algérien doit renouer avec son estime de soi, retrouver sa confiance et revendiquer toujours plus fort la fin de la dictature et l'instauration de l'Etat de droit, à l'instar du peuple tunisien, qui a franchi pacifiquement la première phase de sa révolution pour la liberté, la justice et la dignité. Jusqu'à maintenant, c'est le seul exemple de réussite dans la région. Espérons qu'il y en ait d'autres pour multiplier l'espace des libertés dans cette région. Il ne faut pas que l'expérience libyenne serve d'argument pour renforcer le pouvoir et enterrer les aspirations des Algériens. 2011 a ouvert la page des changements historiques dans le monde arabe, et probablement ailleurs dans le monde.
Le contexte mondial offre des atouts qui rendent possibles ces changements vers la démocratie. D'abord, il y a l'apport des nouvelles technologies de l'information, ne serait-ce qu'en termes de mobilisation des gens et de pression qu'ils peuvent exercer sur les pouvoirs. Désormais, la circulation de l'information traque les secrets et met à mal l'impunité tant au niveau local qu'international. De plus, les nouvelles générations, qui peuplent les pays du monde arabe, sont jeunes, plus conscientes de leurs droits, motivées et prêtes à en découdre avec toute forme de tyrannie. Et enfin, le facteur qui inaugure l'ère de tous les possibles pour les peuples est sans conteste le bouleversement de l'ordre mondial jusque-là à dominance occidentale. A l'échelle de l'Algérie, le changement est inéluctable, car seule la perspective démocratique pourra apaiser les esprits et sauver l'unité du pays. Il appartient aux Algériens de ne plus se laisser berner par le régime et ses réformes à la sauvette et d'exiger leurs droits à une citoyenneté pleine et entière qui leur permette d'avoir un droit de regard, autant sur ceux qui le gouvernent que sur les affaires de leur pays.


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