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A 68 ans, le maître reste une référence pour les jeunes chanteurs
EL HACHEMI GUEROUABI Le chaâbi et le foot, passionnément...
Publié dans El Watan le 09 - 02 - 2006

« On tombe amoureux. Et comme toujours, quand on tombe, on se fait mal. » Anonyme
Les rumeurs les plus folles avaient circulé à son sujet au début de l'année écoulée. On le disait gravement malade. Le cheikh déjà marqué par les vicissitudes de la vie aurait été victime d'un mal handicapant venu s'ajouter aux douleurs de l'exil que le chantre du chaâbi s'était imposé, malgré lui, loin des siens. S'il est vrai qu'il a eu des problèmes de santé et qu'il a subi une opération chirurgicale, somme toute banale, on était loin des propos alarmistes et inquiétants colportés ici et là. Tel un phénix, Guerouabi renaît de ses cendres et s'offre un somptueux gala, quelques semaines plus tard, à marquer d'une pierre blanche dans les annales de la musique algérienne. Son retour sur scène au Théâtre de verdure d'Alger, l'été dernier, fut indéniablement un moment fort, un triomphe et pour le chanteur et pour l'enceinte qui n'avait jamais connu pareille affluence.
Un enfant de la balle
El Hachemi renouait avec son public après une très longue absence physique, car le chanteur est omniprésent à travers ses K7 sans doute les plus écoutées par différents publics. C'est que, après la disparition en 1978 de hadj M'hamed El Anka, maître incontesté du chaâbi durant près d'un demi-siècle, le fardeau de la succession musicale, si lourd à porter, devait revenir à Guerouabi. Mais ce dernier suit tranquillement son chemin « ne voulant prendre la place de personne ». Son riche répertoire lui permet de surfer sur plusieurs genres avec la même maestria que ce soit dans le genre mystique (medh) ou el gharamiat (poésie courtoise) ou les textes classiques arabo-andalous (mouachah). A 68 ans, le chantre du chaâbi a derrière lui une riche et passionnante carrière vouée exclusivement à l'art. Guerouabi est né à la Redoute (El Mouradia) en 1938, à la veille du déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. Mais c'est à Belcourt qu'il grandit et qu'il fut happé par deux passions : le sport et la musique. La capitale vaquait à ses occupations dans un climat marqué par un regain de nationalisme. La vie artistique battait son plein dans les années 1940. « Le vieil Alger, c'est El Baz chanté par El Anka, c'est le Mouloudia écrasant le Galia par 2 à 0. C'est le quartier de la Marine, le vieil Alger, c'est Omar Kouidri qui bat Mangin par KO au troisième round. Ça va Hadj Boualem ? Un moitié-moitié ? C'est dans cette ambiance qu'El Hachemi commencera à taquiner le mandole. Sous les conseils de Mahieddine Bachtarzi, musicien, chanteur, comédien, dramaturge, pionnier du théâtre algérien, le jeune Guerouabi est engagé en tant que chanteur. Il se souvient très bien de ses premiers pas sur les planches de l'Opéra d'Alger qui l'accueillera à bras ouverts et qui accaparera son activité artistique, puisqu'il fera de la comédie et jouera plusieurs pièces de théâtre, dès la fin des années 1950. Comme le costume ne lui allait pas trop bien, El Hachemi préféra retourner à ses premières amours, le registre, étant à ses yeux plus conforme à ses aptitudes ! « C'était plus fort que moi », avouera-t-il plus tard. Et puis un jour, le compositeur Mahboub Bati, puisant son inspiration d'Aznavour, lui concocta une chanson El Barah, à laquelle Guerouabi s'identifiera et qui aura un formidable écho auprès du public. C'était la clef de l'aventure, car El Hachemi, au fil des ans, deviendra l'un des maîtres du chaâbi « genre noble et populaire déclinaison de la musique classique arabo-andalouse, adaptation festive et conviviale de cette musique savante ». Il revendique son statut en déclarant qu' « il y a des chanteurs pas des maîtres. Pour avoir le titre de cheikh, il faut avoir appris sur des bases solides. Avoir été élevé avec les maîtres. Maintenant, il y a des chanteurs pas plus », décrète-il. Ses apparitions se font rares bien qu'il ait à son actif des tournées prestigieuses.
Le chaâbi coule dans ses veines
Il a chanté en 2002 à Londres dans le fameux Queen Elisabeth Hall dans l'inégalable complexe culturel du Royal Festival, avant d'entamer une longue tournée à travers l'Europe et l'Amérique qui a fini par l'éreinter au point de tomber malade en août 2002 et d'être transféré vers un hôpital parisien. Mais il sut dépasser cet impondérable, puisque, à la fin de l'année 2003, à l'occasion du 25e anniversaire de la mort du cardinal du chaâbi El Hadj El Anka, il a donné un récital exclusif à la salle Ibn Khaldoun où il a exécuté avec le talent qui est le sien Abou el ouyoune, Ya Moulet ezzine, Ya rab el ibad, Diffalah et El harraz entre autres. Si sa réputation est toujours intacte, El Hadj a un regard compatissant sur ses pairs. « Je dénonce toujours ce mépris vis-à-vis des artistes algériens. On fait venir des artistes étrangers que l'on paie à coups de millions, alors que les artistes algériens sont en train de crever la dalle. Ils n'ont même pas de statut. » Cet ancien ailier-droit du RAC qui joua à la Redoute (El Mouradia) et délaissa le sport au début des années 1950 « pour mettre les buts dans les cœurs de ses compatriotes, n'a pas son pareil pour faire vivre les mots des poètes anciens, faire danser leurs vers et sublimer leurs messages de paix et d'amour », lit-on dans la biographie qui lui est consacrée par une station radiophonique étrangère. Pour lui, la voie du chaâbi, c'est un peu sa destinée. « Elle m'a habité, cela a été un long parcours jalonné de joie, de peine, de marginalisation et heureusement de beaucoup de succès. » Il nous confiait, il y a quelques années lorsqu'il tenait le café des Cinq Prières à Alger que sa vie était envahie par le chaâbi et le foot. Il est vrai qu'en dehors de la scène, on pouvait souvent l'apercevoir au stade Bologhine pour suivre les matches de l'USMA, dont il est un supporter inconditionnel et à laquelle il a dédié une superbe chanson. « Il y a une histoire d'amour entre nous », avait-il fini par avouer, précisant qu'il avait toujours aimé l'état d'esprit du club de Soustara, symbole du « jeu académique et du fair-play ». « Viens apprendre le foot à Soustara, la capitale est joyeuse ce soir, voici les jeunes de l'USMA, le rouge et le noir leur vont à merveille. » El Hadj avait d'abord commencé par le medh en magnifiant les célèbres couplets de Maghraoui, Chafet Ayni ya raoui. Puis, il avait enchaîné avec des poèmes tout aussi succulents les uns que les autres comme Harraz Aouicha, d'El Hadj Ben Qoraïchi, une histoire d'amour tourmentée ou encore Hadh el hob el ghadar, histoire d'une idylle trahie du maître Ben Slimane. Lorsque le maître s'aidant de son fidèle mandole entonne les qacidate, écrites il y a des siècles, « le frisson qui parcourt l'échine du mélomane n'est pas moins fort que si elles étaient inédites et adaptées au vécu intime de chacun ». Le rythme démarre et les cœurs explosent. Avec Guerouabi, le scénario se répète avec la même sincérité et la même joie.
L'imitation, la pire des choses
Ce sont des moments d'amour et de partage. A la question de savoir si le chaâbi n'était pas en voie d'extinction après la disparition des vieux qui en sont dépositaires et après l'avènement d'autres genres comme le rap et le raï, le cheikh dira qu'effectivement, cette musique populaire doit être préservée et encouragée. Mais il reconnaît qu'actuellement, « il y a malheureusement beaucoup de tueurs de chaâbi. Amar Ezzahi, El Ankis et moi-même avons beaucoup donné au chaâbi, mais en retour, il n'y a rien ». « Le chaâbi doit rayonner à l'échelle nationale, pas seulement dans la capitale », relève-t-il. « Si ce genre est malade, c'est à cause des prédateurs », tranche-t-il. El Hachemi qui s'inscrit dans la tradition des anciens, tels qu'El Anka, El Hadj Mrizek notamment ne regrette pas « les chansonnettes » qui sont un plus à son répertoire, comme El Barah, El Warka, Qoulou lenass ou encore Allô, allô, sympathique voyage nostalgique à travers les quartiers d'Alger. « Ce sont des chansons qu'on a mis au goût du jour. Il faut bien suivre l'évolution de la société. Ce n'est pas du chaâbi dénaturé », assurera-t-il. A son actif, des centaines de compositions, notamment des adaptations des qacidate. Le banjo, le violon, le oud, le tar et la derbouka constituent l'instrumentation d'un répertoire classique, distillé en arabe dialectal, compris par tous, « des paroles qui coulent comme le miel dans la gorge du gourmand ». Lorsqu'il a chanté l'été dernier à Alger, il a imploré Dieu qu'El Bahdja qui l'a vu naître devienne encore plus belle afin qu'il puisse renouer avec elle. C'est que à l'instar de ses compatriotes, Guerouabi a été profondément marqué par la décennie sombre et douloureuse. Il en garde un souvenir amer, puisqu'elle l'a poussé à l'exil, contraint non seulement de remiser son instrument musical, mais aussi d'enfiler les habits neufs de gérant de pâtisserie en spécialités algériennes dans la banlieue parisienne. Ces derniers mois, il s'est distingué par une activité musicale débordante, à la grande joie de ses nombreux admirateurs pour qui le cheikh est une véritable légende vivante.
Parcours
Né le 6 janvier 1938 à El Mouradia, il a grandi à Belcourt. En plus de la musique, il était un footballeur de qualité. Ailier droit, il a joué sa dernière saison au début des années 1950, sous les couleurs de la Redoute Club. C'est à cette période qu'il s'intéressa à la musique à travers les cheikh El Anka, Mrizek et Hsissen notamment. Il rejoint l'orchestre du cardinal du chaâbi. A l'Opéra d'Alger, il fera de la comédie où il chantera Magrounet lehwajeb qui fut un succès. Il jouera dans la pièce Haroun Errachid. Au lendemain de l'indépendance, c'est Mahboub Bati, compositeur qui lui a ouvert les portes de la chansonnette, qui le fit découvrir au grand public. Mais c'est le chaâbi, au sens large du terme qui accapara sa vie artistique. Il est le maître incontestable de tous les styles de musique dans le medh qu'il exécute avec perfection. Exilé depuis quelques années, Guerouabi ne manque pas de mettre un peu de baume au cœur de ses compatriotes en interprétant des chants liés à l'amour et à la nostalgie. Il s'est produit l'été dernier à Alger devant un public record qui a renoué avec son idole.


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