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Bureaucratie : le problème de fond
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Publié dans El Watan le 27 - 02 - 2012

On n'écrira jamais assez sur le phénomène des Etats hyper-centralisés et hyper-bureaucratisés. Ils se sont fait piéger sans le savoir. Ils constatent que tout ce qu'ils entreprennent ne donne que de maigres résultats. Ils n'arrivent à résoudre aucun problème : logement, santé, éducation et emploi leur posent toujours des problèmes considérables. Alors, ils se réfugient derrière une des deux solutions ou les deux à la fois : injecter plus d'argent ou donner encore plus d'ordres à la bureaucratie pour résoudre les problèmes bureaucratiques.Même lorsqu'on essaye de débloquer la situation, on compte sur la bureaucratie pour se reformer elle-même. Aucune solution à leurs yeux ne peut voir le jour en dehors d'un renforcement du processus de centralisation. Pour enrayer la corruption, il faut créer une nouvelle structure bureaucratique ; pour réduire les importations, il faut introduire une procédure bureaucratique (le Credoc par exemple).
Toutes les solutions passent par le même prisme. Pour alléger le problème du chômage, il faut donner plus d'argent à gérer par la bureaucratie en créant de nouveaux mécanismes administratifs.
Pris individuellement, les bureaucrates sont souvent de charmantes personnes. Ces individus sont en même temps bourreaux et victimes. Ils sont sous-payés, sous-valorisés, sous-formés. Ils font subir aux citoyens les affres du système pour les subir eux-mêmes dans d'autres activités. Chacun est malheureux dans son coin et blâme le reste de la société pour ses maux alors que nous sommes tous prisonniers d'un système grippé qui est structuré pour faire du surplace. Mes recherches sur les typologies d'organisation des Etats m'ont permis d'arriver à une conclusion indubitable : nous sommes un pays organisé pour demeurer sous-développé (voir A. Lamiri crise de l'économie algérienne).
Cause profonde de la «sur-bureaucratisation»
Il est difficile d'extirper la bureaucratie d'un système parce qu'elle est plutôt plus enracinée dans les esprits des responsables que dans les pratiques. C'est une culture des dirigeants. C‘est un ensemble de croyances qui oriente les comportements et les décisions des supérieurs hiérarchiques. Un pays se bureaucratise lorsque les dirigeants croient au fond d'eux-mêmes que leurs citoyens sont «incapables». Il faut qu'on décide pour eux. Ils n'auraient ni l'information ni le savoir-faire et encore moins la perspicacité et l'intelligence des dirigeants.
Pour cela, ils pensent qu'ils doivent tout décider. Les citoyens ne sont bons que pour appliquer. Plus les dirigeants croient que leur peuple est incapable, plus ils centralisent. De nombreux pays en voie de développement ont une attitude de «paternalisme méprisant» vis-à-vis de leur peuple. Alors, ils sur-bureaucratisent la vie économique. En premier lieu, il y a, à ce niveau-là, une terrible incompréhension. Les études qui portent sur l'intelligence humaine montrent qu'elle est également répartie à travers les différentes hiérarchies sociales. Ce qui implique que les PDG et les directeurs centraux des entreprises ne sont pas plus intelligents que leurs ouvriers. Les ministres ne sont pas plus brillants que les éboueurs. Nous autres, chercheurs, nous ne sommes pas plus ingénieux que les vendeurs de cacahuètes.
Ceux qui ont été favorisés par le sort ont seulement eu des parcours de vie différents. Ils peuvent avoir plus de formation, d'expérience et d'informations, mais pas plus d'intelligence. Deux attitudes doivent découler de cette observation. La première est la modestie. On n'est vraiment modeste que si l'on considère qu'autrui, mis dans de bonnes conditions, peut réaliser ce que l'on fait nous-mêmes et peut-être en mieux. En second lieu, nous devons ériger un système qui profite de l'intelligence de tous les citoyens. Ils connaissent mieux que nous leurs problèmes et peuvent contribuer grandement à les solutionner. Ce n'est pas un système centralisé qui peut réaliser ce processus. Il faut alors former, simplifier et décentraliser. Donner les outils aux gens pour leur permettre de résoudre eux-mêmes leurs propres problèmes.
Que faire ?
Lorsqu'on est en face d'un problème aussi complexe, il faut chercher les solutions dans les connaissances scientifiques et les expériences des pays qui réussissent. Qu'est-ce qui fait que des pays aux systèmes aussi variés que les USA, la Chine, la Malaisie et autres réussissent à avoir des économies satisfaisantes ? Une caractéristique essentielle de ces pays est leur extrême décentralisation. Les décisions se prennent là où les problèmes existent et on profite de l'intelligence de tous.
Prenons le cas de la Chine. Ce sont les plans de développement locaux (niveau des APC) qui font la force de ce pays. Les exportations des entreprises locales représentent plus de 55% du total des exportations. Le pays vient de lancer par internet un appel à tous les citoyens pour transmettre des idées aux responsables pour limiter l'émigration informelle (à l'intérieur du pays). Après avoir recyclé l'ensemble de la population, on leur décentralise le processus de décision pour régler leurs problèmes au niveau local et faire appel à leur génie pour régler les problèmes nationaux. Les USA font exactement ceci depuis plus de deux siècles.
Bien évidemment que les décideurs centralisateurs se défendent de sous-évaluer leur peuple. Ils ne peuvent pas se l'avouer consciemment. Parfois, le discours est fortement contradictoire. On asserte que le pays a formé suffisamment de cadres compétents et investi massivement dans les recyclages. Mais alors, pourquoi ne pas donner à ces personnes l'opportunité de régler leurs propres problèmes ? Entre l'an 2000 et 2012, nous aurions dépensé 500 milliards de dollars, d'une manière trop centralisée. Nous aurions pu au moins laisser le tiers pour le développement local et régional. Mais il sera rétorqué que les conditions ne sont pas propices pour le faire. Ceci est bien vrai. Mais elles ne le sont également pas au niveau national. Dépenser sans stratégie et sans management c'est dilapider.
Certes, un Etat décentralisé fonctionne avec des mécanismes et des institutions différentes : audits, Benchmarking, qualifications, nouvelles missions, fonctions et structures pour les entités décentralisées. Les facteurs-clés de succès sont différents. Il faut donc revoir en profondeur les structures et les mécanismes. Un modèle de développement hyper-centralisé et hyper-bureaucratisé comme le nôtre est synonyme d'inefficacité.
Le problème central qui se pose dans notre système bureaucratique est le suivant : pour toute décision ou tout accord à arracher, vous avez une chaîne d'autorisations à obtenir de plusieurs partenaires. Nul à lui seul ne peut régler le problème dans son ensemble, mais chacun peut bloquer le processus pour toujours. Si vous devez investir pour créer une petite fabrique, vous pouvez faire face à la banque, la wilaya, l'environnement, l'administration des forêts, Sonelgaz, etc. Aucun de ces intervenants ne peut régler tous les problèmes, mais chacun peut bloquer durant des décennies le projet (le guichet unique est actuellement une illusion).
La dé-bureaucratisation est un processus qui commence par la prise de conscience. Une bureaucratie ne se réforme jamais d'elle-même. Il faut une volonté politique forte qui mène à la décentralisation des décisions et des procédures. Pour cela, nous devons créer les conditions nécessaires : développement humain, modernisation managériale, restructuration des entités. Tous ces éléments sont des processus techniques. Il faut donc une volonté politique qui fait confiance à l'expertise nationale qui va identifier et travailler avec les adeptes du changement pour reconfigurer les processus administratifs. On ne peut le faire que si on est convaincu. On échoue si l'on désire fonder une économie de marché avec une culture et des réflexes d'un système planifié et centralisé.


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