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«Le rêve d'écrire a été plus fort»
Khaled Osman. Traducteur et romancier
Publié dans El Watan le 24 - 03 - 2012

Rencontre avec un romancier égyptien nouveau, mais déjà familier des lettres.
-Après avoir été traducteur d'une quinzaine d'œuvres de fiction d'auteurs arabes, vous vous lancez dans l'écriture d'un roman. Qu'est-ce qui a motivé cette orientation vers l'écriture romanesque ?
Etre traducteur littéraire, c'est être déjà écrivain, dans la mesure où on manie la langue et les images de la même manière, avec en plus la contrainte d'être fidèle à ce que l'auteur a voulu exprimer. Sur cet aspect du maniement de la langue, j'étais donc en terrain familier, mais je ne pensais pas avoir suffisamment d'imagination pour écrire un roman de mon invention. Ce qui m'a finalement décidé, c'est que le rêve d'écrire (et donc de raconter cette histoire que je portais en moi) a été plus fort que la peur de manquer d'imagination.
-La description du Caire par le protagoniste laisse deviner l'existence d'un sentiment de nostalgie à l'égard du passé. Ce thème est récurrent dans les écrits des romanciers égyptiens qui ont quitté l'Egypte. Quels sont les aspects d'antan que vous regrettez ?
Le narrateur a la nostalgie d'un pays auquel sont liés maints souvenirs d'enfance, nostalgie exacerbée par le fait que sa vie en exil – de ce qu'on en perçoit – ne l'a pas comblé et qu'il est resté sept ans à l'étranger sans rentrer. Pour ce qui est du Caire, il est vrai que c'est une ville qui souffre de son gigantisme, mais j'espère que l'on voit aussi à quel point c'est une ville vivante et attachante. Le personnage, qui a connu la ville lorsqu'elle était moins frénétique, en éprouve une certaine nostalgie (tout comme les récits de la cité grecque d'Alexandrie réveillent la nostalgie d'un cosmopolitisme perdu). Mais, pour autant, il n'est pas figé dans une posture passéiste. Il veut découvrir ce qui a changé – en bien ou en mal – dans l'Egypte d'aujourd'hui. L'une de ses découvertes positives, c'est celle de la jeune génération qu'il côtoie à la pension. On peut dire que malgré ses tracas, il vit là une période heureuse.
-L'amour de Nassi, le protagoniste, pour la poésie, le cinéma ainsi que son expérience en matière d'écriture, laisse transparaître des similitudes biographiques avec l'auteur. Par moments, ce dernier ne se confond-t-il pas avec le protagoniste ?
Permettez-moi de répondre par une boutade : le seul lien concret qu'on peut établir entre le narrateur et l'auteur, c'est le résultat d'une enquête menée par une cellule policière, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle déploie de grands efforts pour des résultats très incertains. Plus sérieusement, je veux bien admettre que l'auteur partage avec son protagoniste la plupart de ses goûts littéraires, cinématographiques et musicaux. Le roman est un mélange de toutes sortes d'histoires, certaines vécues mais d'autres seulement entendues ou rêvées...
-Nassi retourne en Egypte après sept années d'absence sans même avertir sa famille de sa venue. Quelles sont les raisons subjectives de ce retour au pays natal ?
Le protagoniste décide de ce retour parce qu'il est un peu las de la vie en Europe (l'individualisme forcené, les agendas planifiés, la vie réglée au millimètre, etc.), et aussi parce qu'il a senti une dégradation dans le regard porté par la société d'accueil sur sa culture d'origine, et qu'il désire aller y voir par lui-même.
-La perte de mémoire de Nassi est sélective. Le protagoniste souffre notamment d'une amnésie du «nom». Cette crise identitaire qui surgit dans sa ville natale est-elle révélatrice d'un malaise ?
Nassi a une perte de mémoire sélective et les éléments qui se perdent en lui concernent essentiellement des aspects qui ont trait à des détails précis, comme son nom, mais aussi aux lieux, aux adresses et, plus généralement, tout ce qui sert à définir, à classer, à identifier. C'est justement cette caractéristique de ce mal-être qu'il vit. Cette amnésie arrive de manière inopinée, même s'il y avait au début des prémices ou des signaux qui ne l'ont pas du tout alerté. Et il s'avère que ce qu'il a perdu concerne des éléments constitutifs de son identité.
-Des éléments biographiques importants désertent la mémoire de Nassi. Pourtant, des poèmes entiers demeurent intacts dans ses réminiscences. Quelle est la fonction que vous attribuez à la poésie ?
On sait que les amnésies peuvent êtres sélectives (toucher les souvenirs immédiats en épargnant les souvenirs lointains, ou l'inverse). Je trouvais intéressant qu'ici la ligne de partage s'effectue selon un autre axe, que la poésie (dont, avant même sa perte de connaissance, il était féru) soit préservée dans toute sa limpidité, et qu'à l'inverse, la réalité «factuelle» soit brouillée. Pour Nassi, c'est au fur et à mesure, et notamment lorsque ses amis de la pension où il réside lui font remarquer que des poèmes entiers sont demeurés intacts dans sa mémoire, qu'il prend alors conscience qu'il n'a pas perdu la mémoire de tous les noms.
-On serait tenté de penser que le rôle de la poésie est d'humaniser le protagoniste et d'atténuer sa souffrance tout au long de son périple mémoriel...
Je voulais que les poèmes ne servent pas simplement de jalons, mais qu'ils soient appelés par l'intrigue et mis en situation de manière à jouer un rôle actif, comme c'est notamment le cas pour le poème qui ouvre le roman et lui fournit aussi son dénouement. Mais, vous avez raison, cela humanise le personnage, dans le sens où cela révèle sa sensibilité mieux que ne le feraient des papiers «officiels».
-Ce retour au pays natal et cette panne mémorielle sont-ils finalement un prétexte pour l'auteur d'amener le protagoniste à procéder à un examen identitaire et prendre conscience du mal dont il est atteint ?
Cette panne mémorielle, Nassi ne l'a pas recherchée. Elle s'est imposée à lui. Il ne s'agit pas d'une maladie ordinaire. Mais elle est sûrement un révélateur d'une difficulté à vivre et assumer sa réalité duale et cet équilibre instable. Et, lorsque cette amnésie arrive, elle va toucher des choses essentielles et sensibles en lui. Je n'ai pas voulu donner une approche médicale de ce malaise, car il s'agit essentiellement d'un mal existentiel. Il me paraissait justement intéressant de montrer comment, chez quelqu'un qui est épris de littérature, tout ce qui est en lien avec cette passion demeure, alors que d'autres éléments disparaissent. Les souvenirs qui restent constituent des pans culturels assez importants.
-La fin du roman est plutôt étonnante, voire inattendue. Y a-t-il là une volonté de dérouter les lecteurs/trices ? De les surprendre ?
Cela peut en effet dérouter si l'on s'attend à ce que l'énigme du personnage s'élucide parfaitement, mais pour moi, le roman aurait alors cédé à cette injonction – identifier, classer, dire d'où l'on vient et qui l'on est – contre laquelle, précisément, Nassi s'est insurgé jusqu'à «en perdre la tête». Il y a néanmoins une forme d'élucidation puisque, à l'issue de son cheminement, on a appris à le connaître bien mieux que ne l'auraient permis des papiers «officiels». D'autre part, je voulais une fin ouverte ; les dernières pages sont le prélude à un nouveau recommencement et, en ce sens, c'est une fin qui me paraît optimiste.

Khaled Osman, «Le Caire à corps perdu». Editions Vents d'ailleurs, septembre 2011, 256 p.


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