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«Le mal-être des adultes a un impact sur l'attachement des enfants à la vie»
Stéphane Clerget.Spécialiste en psychiatrie enfantine, (Paris)
Publié dans El Watan le 03 - 04 - 2012

- Quelles sont, selon vous, les raisons du suicide chez l'enfant ?
La principale cause de suicide chez l'enfant c'est un état dépressif. Chez l'enfant, la dépression ne ressemble pas toujours à la dépression chez l'adulte. L'enfant n'apparaît pas toujours triste, mais il est volontiers fatigué, a souvent des douleurs (maux de ventre, de tête, de dos), il a plus fréquemment des accidents, il a des difficultés scolaires, une irritabilité, une mauvaise opinion de lui-même… La cause est généralement une perte, une rupture, un deuil, la séparation de ses parents, le sentiment de perdre l'amour d'un parent (reproches répétés, maltraitance, dépression d'un parent, ce qui le rend absent affectivement), la perte de l'estime de soi (échec scolaire, échec sportif).
- Dernièrement, trois écoliers de la même région se sont suicidés à Tizi Ouzou, en Algérie, en l'espace de 24 heures. Comment peut-on expliquer cette coïncidence ?
Les trois enfants de Tizi Ouzou avaient entre 11 et 12 ans. Ce sont des enfants mais peut-être étaient-ils déjà des adolescents. En effet, aujourd'hui, la puberté est de plus en plus précoce. Or, si le suicide des enfants reste très rare en Algérie comme en France, il est beaucoup plus fréquent à l'adolescence, puisque c'est la deuxième cause de mortalité après les accidents. Et d'ailleurs, beaucoup d'accidents déclarés sont peut-être des suicides masqués, car ils témoignent d'une moindre attention pour soi-même, d'une négligence vis-à-vis de soi. Les causes du suicide à l'adolescence sont plus nombreuses et plus complexes que chez l'enfant. C'est parfois très impulsif, comme pour fuir une situation jugée très pénible mais sans véritable volonté de mourir. Or, les situations de malaise sont fréquentes à l'adolescence. La coïncidence à Tizi Ouzou de trois suicides en 24h n'en est peut-être pas une, et une enquête s'impose. Malheureusement, durant l'année 2011, la wilaya de Tizi Ouzou a connu une quarantaine de suicides déclarés, majoritairement des jeunes. Or, le mal-être des adultes a un impact sur l'attachement des enfants à la vie.
- L'échec scolaire peut-il constituer l'une des causes principales d'un tel acte chez l'enfant ?
Oui, l'échec scolaire est une des causes du suicide chez l'enfant comme chez l'adolescent. Les échecs en général. Les difficultés économiques actuelles que connaît l'Algérie, comme la France, font que les parents inquiets pour l'avenir de leurs enfants mettent une pression qui n'a jamais été aussi importante sur les enfants. Les enfants se mettent eux-mêmes la pression, car ils ont conscience du chômage qui menace. D'ailleurs, les milieux défavorisés sont davantage concernés par ce drame. C'est l'occasion de dire aux parents, comme aux enseignants, que la réussite scolaire est d'abord une question d'amour et qu'il est plus efficace d'encourager un enfant en difficulté que de le blâmer ou l'humilier, de mettre l'accent sur les progrès plutôt que sur les échecs et de relever les acquis plutôt que les notes et bien sûr de favoriser l'insertion sociale des jeunes qui sortent de l'école.
- Comment un enfant peut-il prendre conscience de l'existence de l'acte du suicide ?
Dès que l'enfant prend conscience qu'il peut mourir, dès qu'un enfant comprend qu'il peut tuer (un insecte par exemple), il comprend ensuite qu'il peut se donner la mort. Cela peut être dès 6-7 ans. Mais si l'enfant sait plus ou moins que la mort est irréversible, pour lui, mourir ce n'est pas disparaître, c'est devenir autre chose. Un enfant va croire facilement au mort-vivant par exemple. Les jeunes ados au fond d'eux savent que c'est définitif, mais ils l'oublient, la raison est débordée par les émotions négatives et ils n'anticipent plus un mieux-être possible. Au début de l'adolescence, il y a très souvent pendant quelques mois une certaine perte de contact avec la réalité du fait de la croissance de leur cerveau et des transformations corporelles et intellectuelles qui les envahissent. Les adolescents d'aujourd'hui ont beaucoup moins foi dans leur avenir que leurs aînés.
- Peut-on déceler un comportement suicidaire chez l'enfant ?
Il ne faut jamais banaliser si un enfant ou un adolescent évoque des idées suicidaires. Chez un plus jeune, il dira, par exemple, qu'il veut rejoindre son grand-père au paradis. Il ne faut pas non plus avoir l'air de paniquer, car sinon l'enfant ne nous livrera plus rien. Il ne faut pas hésiter à l'inviter à dire ce qu'il a sur le cœur, voire à consulter un médecin. Il faut être particulièrement vigilant si l'enfant ou l'adolescent a souvent des accidents, s'il devient très agressif, s'il y a des antécédents de suicides dans la famille (même si l'enfant n'est pas au courant), s'il y a des signes de dépression (voir plus haut), si les relations au sein de la famille sont conflictuelles, si l'enfant a été victime de maltraitance (sexuelles ou autres), si l'enfant prend des toxiques (alcool, drogue) en plus de la présence chez lui d'idées sombres.
- Un conflit permanent entre les parents peut-il inciter l'enfant à mettre fin à ses jours ?
Les conflits entre parents, les divorces conflictuels, sont un facteur de risque très important de suicide chez l'enfant comme chez l'adolescent, surtout si l'enfant est mêlé au conflit et que les parents lui disent du mal l'un de l'autre.
- Est-il nécessaire de mener des campagnes de sensibilisation contre ce phénomène dans les établissements scolaires ?
Je pense qu'en Algérie, comme en France, il faut que les adultes dans leur ensemble et pas seulement les enseignants ou les politiques, se saisissent de cette question. Il faut prévenir la violence et l'intimidation à l'école, il faut former le personnel soignant au risque suicidaire, renforcer les politiques de lutte contre l'usage de stupéfiants et d'alcool chez les mineurs, développer les lieux de consultations médico- psychologiques pour les enfants et adolescents ainsi que les consultations d'aide à la parentalité, lutter contre la violence intrafamiliale, veiller au bien-être de ses enfants mais aussi des enfants du voisin, promouvoir la coopération avec les médias comme votre journal pour une meilleure sensibilisation du public contre le suicide et bien sûr redonner l'espoir en l'avenir aux jeunes.
- Avez-vous des statistiques sur le nombre de cas enregistrés en France ces dernières années ?
En France, 1000 jeunes meurent chaque année de suicide. Mais le nombre de tentatives est 50 fois plus important. Chez les moins de 11 ans, on en compte moins d'une dizaine par an. Tout âge confondu, il y aurait 10 000 morts par an de suicide officiellement déclarés en France comme en Algérie, en sachant que la population française est deux fois plus importante et que la population algérienne est bien plus jeune.


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