Un autre feuilleton autour du Mouloudia d'Alger cet été, suite à cette déclaration du premier responsable de Sonatrach qui affirme que son entreprise peut reprendre le doyen des clubs algériens. Ce qui n'était que rumeur jusque-là s'est imposé en tant qu'information crédible puisque le PDG de Sonatrach l'a déclaré publiquement : «S'il s'avère que nous devons reprendre le Mouloudia d'Alger, nous le ferons.» Mais en dehors de l'information qui ne constituait pas une grande surprise tant elle a été maintes fois relayée par des cercles au fait du projet qui cogitait dans les bureaux, il y a l'interrogation. Qui est derrière cette décision ? En effet, depuis la sortie médiatique du PDG de Sonatrach, plusieurs voix se sont élevées pour s'interroger sur le pourquoi de cette déclaration et à ce moment précis. L'interrogation trouve sa place du fait que M. Zerguine a laissé entendre que la décision finale ne lui appartenait pas ; elle doit certainement venir d'un autre centre de décision qui, en fait, a déjà mis en place tous les instruments nécessaires à même d'assurer le retour du vieux club algérois dans le giron de la plus grande entreprise nationale. Selon des sources, la réflexion était engagée depuis assez longtemps, depuis que le sport national a connu une régression sur le plan international. Une régression liée directement au désengagement de Sonatrach de la vie sportive nationale, même si, entre-temps, il y a eu l'avènement de la création du Groupement sportif des pétroliers (GSP) qui a pris en charge les sections omnisports du Mouloudia, vivier des équipes nationales. C'était insuffisant, selon d'autres intervenants, qui mettent en avant le fait que, sans attache populaire, ces sections ont perdu de leur engouement qui s'est répercuté négativement sur les performances. Mais pourquoi est-on arrivé à cette situation de divorce entre la performance et son environnement ? Tout simplement une pression de la rue qui a obligé les décideurs à séparer les athlètes de leur club et à remettre un sigle à ses propriétaires. Des voix se sont élevées alors pour dénoncer cette décision, qui pouvait avoir des conséquences négatives sur le fonctionnement de notre élite. D'autres ont applaudi la décision. Aujourd'hui, il est évident que chacun analyse le parcours selon sa position de départ, mais tous sont d'accord : il doit y avoir changement, révision. Comment ? C'est la réflexion qui est engagée aujourd'hui car il s'agit de barrer la route aux opportunistes et surtout de procéder à un retour à «la normalité» sans casser d'œufs. Cette annonce de retour coïncide –certainement un hasard – avec la pression mise en place par des groupes de supporters de la section football qui dénoncent haut et fort la gestion catastrophique du plus prestigieux club algérien. Un sit-in s'est même tenu devant la présidence de la République où une demande d'entrevue avec le président Bouteflika a été soumise à qui de droit. Quel lien faut-il faire entre les manifestations de rue et la déclaration du PDG de Sonatrach ? Certaines voix s'élèvent pour dire aucun, mais il est clair que les différents problèmes vécus par le Mouloudia d'Alger n'ont pas laissé indifférents les décideurs, qui sont conscients qu'il y a eu un dérèglement il y a une dizaine d'années, lorsque Sonatrach a été priée d'abandonner un secteur dans lequel elle avait beaucoup investi. Pour refaire le terrain perdu, il faut une décision responsable, voire politique, qui l'éloigne des querelles intestines et surtout des intérêts de personnes. C'est ce à quoi doivent réfléchir les concepteurs de ce retour, qui n'est certainement pas dirigé contre l'ego des uns ou les sensibilités des autres.
