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«L'accès à la modernité, c'est aussi l'alternance gouvernementale»
Mohamed Troudi. Chercheur en relations internationales et stratégiques
Publié dans El Watan le 11 - 10 - 2012

Mohamed Troudi est directeur du MENA «pôle Méditerranée» au sein de l'Observatoire de la mer Noire, du Golfe et de la Méditerranée, enseignant-chercheur associé à l'Académie de géopolitique de Paris et membre du comité de rédaction de la revue Géostratégiques,
une publication de l'Institut international d'études stratégiques de Paris.
-Comment analysez-vous la situation dans le Monde arabe et son évolution au regard de la dynamique démocratique ?
Les pays arabo-musulmans et principalement les 22 Etats de la Ligue arabe sont confrontés à deux défis essentiels. Le premier défi est économique. Celui de la répartition des richesses de la région qui ne sont pas intarissables et de l'alternative à l'épuisement du pétrole et du gaz. La seule démocratie qui vaille, c'est la démocratie économique dans laquelle les citoyens se sentent totalement impliqués.
-L'islam est-il incompatible avec les droits de l'homme ? Qu'est-ce qui permettrait aux pays arabo-musulmans d'accéder à la modernité ?
On donne le bâton pour se faire taper. En quoi notre islamité peut-elle souffrir par le fait qu'on adopte par exemple une posture libérale.
On n'a pas fait une critique approfondie de notre rapport à la religion, à la modernité, de la place de l'Islam dans nos sociétés et il n'y a pas eu d'encadrement éclairé, d'encouragement au savoir. Tous les ans, l'Unesco publie un rapport sur l'état des découvertes scientifiques dans le monde, la part du monde arabo-musulman d'une année sur l'autre ne dépasse guère 0,99%. Il y a un problème d'éducation, de système éducatif qui est complètement à revoir.
On doit réformer le système éducatif pour préparer les générations montantes à se saisir des concepts et outils de la modernité. Au lieu de se poser ces vraies questions, les dirigeants d'Ennahda, par exemple, préconisent de suppri mer l'enseignement du français en Tunisie le considérant comme une langue «polluante», une «langue d'opposition», je cite M. Ghannouchi. On a trop instrumentalisé le religieux à des fins politiques, partout dans le monde arabo-musulman.
Comme le fait Ennahda aujourd'hui, comme l'a fait le régime algérien avec l'ex-FIS. Dans le but de court-circuiter les avancées démocratiques. On peut être pratiquant musulman et ouvert à la modernité.
L'Islam fait partie intégrante de notre être, de notre civilisation, de notre culture. Le problème n'est pas là, le problème est que nous n'avons pas de vision stratégique de notre existence, nous sommes de simples consommateurs d'un modèle, qu'on appelle communément la globalisation et qui nous a été imposé. L'accès à la modernité c'est aussi l'alternance gouvernementale. M. Ghannouchi vante les mérites de l'AKP, sauf que M. Ghannouchi ne dit pas que l'AKP s'est entraîné à l'alternance gouvernementale, a participé à plusieurs reprises à des élections. On assiste en Tunisie à la reconduction de pratiques de l'ancien régime. Le changement est formel. Ennahda est dans la logique de garder le pouvoir durablement. Le ministre des Affaires étrangères déclarait, dans une conférence de presse en août dernier, avec arrogance : «Non seulement Ennahda va gagner les prochaines élections mais il va gouverner la Tunisie pendant des décennies.» Ennahda n'est pas seul à diriger la transition en Tunisie.
L'alliance gouvernementale est une alliance contre-nature. Qu'est-ce qui peut unir le CPR (Congrès pour la République), le parti de M. Marzouki, et Ettakatol de Ben Jaafar, des partis laïcs, avec un parti d'essence et d'obédience islamiste, Ennahda, qui veut imposer un rythme à la société tunisienne totalement différent de ce que les Tunisiens ont connu depuis des siècles, c'est à-dire l'ouverture sur l'environnement international, la tolérance. La police dont la vocation est de protéger les citoyens et d'assurer leur sécurité s'érige en police de la moralité et viole des jeunes filles. Cela rappelle l'impunité dont bénéficiait la police sous Ben Ali. Il n'y a pas eu de changement structurel de fond. On assiste aujourd'hui simplement à un partage de pouvoir entre la troïka sans aucune vision pour la Tunisie, sans tenir compte des véritables aspirations de changement de la société.
La solution arrêtée au lendemain de la chute de Ben Ali n'était pas la bonne, il fallait rassembler les partis représentatifs de la société tunisienne et constituer un gouvernement d'union nationale pour expédier les affaires pendant qu'un groupe de juristes prépare un projet de Constitution.Le peuple a donné un mandat d'un an à la coalition gouvernementale pour préparer une nouvelle Constitution.
Le terme ne sera pas tenu. Ennahda qui vient d'annoncer un nouveau report des élections est aujourd'hui en proie à des divisions internes, comme c'est le cas pour le CPR ou Ettakatol. Aussi bien M. Marzouki que M. Ben Jaafar sont dans l'obligation de sortir de cette alliance et du soutien qu'ils ont apporté à Ennahda depuis plus d'un an.
-Le salafisme est-il en train de s'implanter durablement en Tunisie ?
Le salafisme militant s'est scindé en deux courants, ce qu'on appelle le salafisme modéré qui considère que la démocratie n'est pas totalement incompatible avec l'Islam. Ennahda fait tout pour intégrer ses adeptes dans le jeu politique tunisien. Outre ce courant minoritaire, il y a le djihadisme qui est convaincu que les problèmes du monde arabe viennent de l'abandon des préceptes et des sources de l'Islam.
-Quel est le nombre des islamistes qui se réclament du salafisme ?
Du temps de Ben Ali leur nombre était estimé à environ 10 000 dont une partie était en prison, le reste était exilé à l'extérieur du pays ou strictement contrôlé en Tunisie même.
-Comment vous analysez la situation algérienne ?
Les Algériens ont de l'avance sur les Tunisiens qu'on a qualifiés de précurseurs. Mais pour l'Algérie le problème reste entier à mon sens, il n'a pas été extirpé, le pouvoir politique, chacun le sait, reste tributaire du bon vouloir de l'armée. L'armée acceptera-t-elle un jour de laisser le pouvoir. Tout le problème de l'Algérie est dans cette équation.
Je pense qu'en Algérie, on n'a pas encore tiré les leçons (de la décennie noire et de la politique de concorde civile), et le problème essentiel de l'Algérie est de savoir comment aller vers un Etat civil tout en rejetant tout rapprochement avec ce qui reste de l'islamisme d'hier et tout en affichant la conviction profonde de combattre tout dépassement et toute tentative de déstabilisation de la part des groupes terroristes, sachant que l'Etat est le seul lieu où s'exerce le droit, la justice. Tout en étant louable la politique de concorde civile n'a pas résolu le problème de l'extrémisme en Algérie, même si des avancées démocratiques sont palpables ici ou là, l'essentiel n'est pas encore atteint.


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