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«On a tendance à vivre au-dessus de nos moyens»
Hamid Bali. Professeur émérite es-sciences économiques et management
Publié dans El Watan le 26 - 11 - 2012

Hamid Bali est diplômé en expertise comptable, spécialiste de diagnostic stratégique. Il a été professeur associé à l'Université de Marne-La-Vallée Paris (1995 à 2007) et à l'Université d'Alger (1992-1994). Il a publié plusieurs ouvrages dont Inflation et mal-développement en Algérie (Alger 1994).
Dans cet entretien, l'économiste nous explique que l'Algérien a effectivement tendance à dépenser plus qu'il ne gagne, ce qui se trouve être, selon lui, l'un des facteurs qui «attise» l'inflation. Cette tendance ne traduit pas forcément une amélioration du niveau de vie en dépit des augmentations de salaires qui n'ont été, pour le professeur Bali, qu'un «rattrapage». Car au final, les prix augmentent plus rapidement que les salaires.
-Malgré le seuil atteint par l'inflation, on a l'impression d'assister à une sorte de frénésie des achats chez les consommateurs. Les Algériens vivent-ils au-dessus de leur moyen?
Votre question comporte deux volets, le premier concerne la boulimie qui s'empare des consommateurs en période d'inflation, le deuxième a trait au fait de vivre au-dessus de ses moyens.Commençons par le premier :
Les agents économiques, dans un contexte inflationniste, vont être conditionnés par l'ambiance haussière régnant dans l'économie. Lorsque les agents s'attendent à une augmentation des prix, ils anticipent l'inflation comme on vient de le rappeler et se précipitent pour acheter immédiatement avant une autre ascension des prix dans le futur, il s'ensuit un processus inflationniste ininterrompu. Celui-ci va instaurer un climat tel que la hausse des prix de certains biens et services, même non justifiée, est acceptée sans aucune réticence par les consommateurs.
Ainsi, les entreprises, les artisans, les commerçants… vont augmenter leurs prix en toute quiétude, étant persuadés que les clients ne rechigneront pas puisque l'atmosphère est à la hausse des prix. De ce fait, la consommation est encouragée et augmente fortement. Il vaut mieux acheter aujourd'hui plutôt que demain. L'autre volet concerne l'irrationalité des consommateurs algériens. On a tendance en effet à vivre au-dessus de nos moyens ; cependant, facteur aggravant, nous importons la plus grande partie de ce que nous consommons, très souvent des gadgets ou des produits dont l'utilité est vraiment secondaire. Il suffit de voir ce qui est dépensé à l'occasion du mois de Ramadhan, des fêtes de l'Aïd, au départ et au retour des pèlerins, des fiançailles, mariages...
Ainsi, le consommateur, par son comportement, attise en permanence l'inflation. Le prix n'est plus un signal suffisant pour inciter à une modification des habitudes de consommation, comme c'est le cas dans de nombreux pays. L'autre explication peut être recherchée au niveau psycho-sociologique. Certains auteurs expliquent la boulimie des consommateurs comme un besoin exprimant une nécessité de s'affirmer socialement.
-Pourquoi continue-t-on à parler de détérioration du pouvoir d'achat en Algérie, alors même que des augmentations de salaires ont été opérées ?
Les salaires augmentent plus lentement que les prix, car les entreprises hésitent à augmenter leurs coûts (salariaux). Il en est de même pour les administrations qui retardent les réajustements des traitements de leurs employés du fait que les budgets sont généralement élaborés sans anticiper la détérioration du pouvoir d'achat.
Les augmentations de salaires qui ont été effectuées en Algérie l'ont été dans un but de rattrapage, car la situation était devenue intenable pour certaines catégories sociales (bas salaires, retraités…).
-On constate justement que les prix continuent d'augmenter même après le Ramadhan et les fêtes religieuses qui ont provoqué leur flambée. comment expliquer cela ?
Dans les économies contemporaines, l'inflation se caractérise par sa persistance, il y a effectivement des analyses de ce phénomène, ce qui nous permet d'avoir une idée sur l'inflation contemporaine, en particulier celle qui perdure en Algérie depuis des décennies maintenant. Elle s'estompe momentanément pour revenir et s'abattre sur les fruits et légumes, parfois sur les autres biens alimentaires à l'approche de certains événements (Aïd, Ramadhan, fêtes familiales…).
Le taux de hausse des prix varie selon différentes circonstances et surtout selon l'acuité de la demande, ainsi par exemple à l'approche de chaque Ramadhan, les prix de certains produits de consommation, très demandés, flambent. Cela provoque des revendications salariales plus ou moins satisfaites. Il s'ensuit un engrenage sans fin, la hausse des prix appelant celles des salaires, d'où une augmentation de la demande qui ravivera l'inflation et ainsi de suite… Ce scénario est appelé par certains auteurs contemporains l'inflation persistante. C'est ce qu'on désigne, de façon imagée, par la spirale inflationniste pour rendre compte de la course effrénée et ascendante entre les salaires et les prix, sauf qu'actuellement l'inflation est anticipée par les agents économiques.
Cette inflation persistante est entretenue par les anticipations des agents économiques (producteurs et/ou consommateurs), leurs prévisions de la hausse des prix sont basées sur les événements passés.
Par ailleurs, le secteur informel qui échappe à la législation (fiscale, commerciale...) est à l'origine de la spéculation dont il se nourrit. Du fait qu'il échappe à tout contrôle, il pratique des prix supérieurs à la norme, profitant souvent de la pénurie qu'il crée artificiellement. Il sert souvent de référence, en matière de prix, au secteur formel qui trouve en lui un alibi pour l'augmentation des prix. Il joue en quelque sorte le rôle de locomotive dans la hausse du coût de la vie.
-L'inflation a-t-elle des bénéficiaires?
Oui, l'Etat est son principal bénéficiaire, car les impôts sont assis sur des bases de calcul plus élevées. De plus, il est le plus grand emprunteur et en tant que tel, il bénéficie largement de la dépréciation de la monnaie. Il faut citer aussi les débiteurs, les titulaires de patrimoine immobilier, de valeurs refuges (bijoux, métaux précieux…).
Jusqu'à présent, la lutte contre l'inflation s'est limitée à de simples déclarations d'intention, il n'y a pas de mesures anti-inflationnistes concrètes. Mais ne dit-on pas que l'absence de politique est une politique en elle-même ?
-Peut-on parler de pouvoir d'achat en détérioration quand les indicateurs (banque mondiale et ONS) montrent une hausse des dépenses de consommation des ménages ?
La banque mondiale et l'ONS ainsi que toutes les organisations économiques et financières font des évaluations macroéconomiques basées sur des valeurs globales sans distinction des éléments microéconomiques. A titre d'exemple, lorsqu'on dit que le revenu moyen par habitant de tel ou tel pays a progressé, quelle en est la signification économique pour un habitant du pays donné ? D'ailleurs, il convient de se rappeler, à ce propos, les rapports très optimistes faits par le FMI concernant les pays soumis aux programmes d'ajustement structurel, alors que dans la réalité les habitants de ces pays étaient plongés dans une très grande misère.
Cependant, il faut s'interroger par ailleurs pour savoir si cette augmentation des dépenses de consommation est en valeur nominale - ce qui semble être le cas - ou en volume.
-Vous affirmez dans l'une de vos analyses qu'il faut «sauver le dinar». Le sauver pourquoi et comment ?
D'abord pourquoi ? Parce que la persistance de l'inflation conduira inéluctablement à l'hyperinflation, et celle-ci à l'effondrement du dinar, ce qui peut conduire à la faillite de notre économie. Faut-il rappeler que la monnaie est un élément de la souveraineté nationale comme le drapeau. La valeur d'une monnaie repose sur la solidité de l'économie qui l'émet, elle reflète en effet son potentiel économique, c'est l'une des raisons pour ne pas laisser le dinar se dévaloriser.
Ensuite comment ? Une des solutions que j'avais proposée et qui permettra de sauver l'économie nationale réside dans la mise en œuvre d'une réforme monétaire, consistant en la redéfinition de la valeur de la nouvelle monnaie par rapport à l'ancienne.


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