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le massacre imaginaire
Oran 1962. un essai pas concluant du tout
Publié dans El Watan le 26 - 01 - 2013


Fantasmes morbides et subterfuges rédactionnels…
Le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie continue d'alimenter certains fantasmes éditoriaux en France. Ainsi,
Guillaume Zeller vient de se distinguer avec un ouvrage que l'on peut qualifier d'imposture historique, fait sans doute à la hâte pour servir des desseins familiaux de réhabilitation. Dès l'introduction, on fait connaissance avec l'auteur, journaliste à la télévision, mais aussi «petit-fils du général Zeller, l'un des organisateurs du putsch du 21 mai 1961» et donc membre du «quarteron de généraux» qui s'était rebellé contre l'autorité de la métropole pour garder l'Algérie sous domination française. Nourri de cette histoire familiale, l'auteur rassure le lecteur qu'il a pris suffisamment de distance pour jeter sur cette période un regard lucide, expurgé des inimitiés. Mais le lecteur le moins averti se rend compte, dès qu'il referme ce livre intitulé Oran 5 juillet 1962, Un massacre oublié, que le contrat d'objectivité promis en préambule par l'auteur vole en éclats au fur et à mesure que les pages défilent.
En journaliste qui connaît son métier, Guillaume Zeller promet beaucoup sans arriver à fournir les preuves accablantes d'un supposé «massacre» commis par des Algériens nourris de haine à l'égard de gentils «pieds-noirs» qui ne demandaient qu'à rester dans un pays qu'ils aiment. Pour retarder l'échéance avant les grandes révélations et tenir en haleine le lecteur, l'auteur use de subterfuges multiples. D'abord, il raconte l'histoire d'Oran depuis l'Antiquité jusqu'à l'arrivée des Français. Puis, il fait l'éloge de ce havre de paix où il faisait bon vivre. Les pages commencent alors à sentir la kémia et l'anisette. On est dans une sorte de paradis sur terre que viennent parasiter les combattants du FLN à partir de 1954. Oran, dont la population est essentiellement européenne, ne tolérait l'Algérien qu'à sa périphérie. Le lecteur reste dans l'esprit du roman de Camus, La Peste, où l'Algérien n'existait même pas, même en tant que personnage négatif.
Cette balade à travers les grands boulevards et le quotidien nonchalant des habitants va basculer d'un coup lors de la création de l'OAS de sinistre mémoire. Une organisation terroriste créée en février 1961 pour s'opposer à l'indépendance de l'Algérie. L'auteur oublie de rappeler les méfaits et ravages commis par les sanguinaires qui la composaient. Guillaume Zeller passe sous silence leur sinistre bilan, aujourd'hui établi par des historiens français sérieux (voir page suivante). Ce qui l'intéresse, c'est la cruauté supposée des combattants de l'ALN.
Ainsi, il écrit pour travestir la dure réalité de la guerre, prenant à témoin le lecteur, que le FLN est une organisation terroriste tandis que l'OAS ne commet que des attentats. Et vogue la galère de l'objectivité. L'auteur continue ses tours de passe-passe pour enfin aboutir à cette journée du 5 juillet 1962, tant attendue par les Algériens pour célébrer la fin de l'oppression. On apprend que les Algériens avaient voté massivement pour l'autodétermination après que les Français de métropole aient fait de même. Jusqu'à onze heures du matin, c'est la liesse et point de massacre. Guillaume Zeller, familier des annonces télévisuelles, semble nous dire : attendez, ne vous impatientez pas, le pire est à venir !
A 11h15 donc, quelques coups de feu éclatent en plein centre d'Oran et des scouts algériens tombent raides morts. La population oranaise ne peut plus contenir sa haine et sa colère. Commencerait alors une véritable chasse à l'homme. Des pieds-noirs seraient pris à partie et lynchés publiquement. L'auteur, pour rapporter les faits, s'appuie sur des témoins qui ont vu le déchaînement de cette haine. Mais toujours point de bilan et, pour noyer le poisson, l'auteur abuse du «conditionnel», ce temps qui exprime l'éventualité et procure un confort intellectuel. On est dans le doute, on ne peut rien affirmer, Guillaume Zeller se réfugie derrière une conjugaison aléatoire pour asséner des vérités suggérées par une légende familiale.
Le lecteur finit par se lasser car un massacre suppose des victimes en nombre important. Mais on reste ici dans le «on dit». Pour étayer ses assertions, l'auteur se fonde sur les témoignages de quelques rescapés. Mais comme la ficelle du massacre s'effiloche au fil des pages, il doit s'appuyer sur «le bilan établi par le Dr Mostefa Naït, membre du FLN, qui dirige l'hôpital civil d'Oran», lequel «annonce 101 morts – 76 Algériens et 25 Européens – d'après les corps retrouvés dans les morgues oranaises».
L'auteur, pour contrebalancer les propos du médecin, donne la parole au général Katz, qui était le chef militaire de la région d'Oran, lequel écrit dans ses souvenirs : «Ce drame ne dura guère plus d'un quart d'heure», parlant d'une dizaine de morts du côté européen. Quel intérêt un chef militaire français aurait-il à minimiser l'ampleur des faits ? Son témoignage va dans le sens du bilan établi par le médecin algérien.
Donc, le lecteur, à la fin de ce livre qui se voulait une contribution à l'histoire commune des deux pays, est en droit de se demander pourquoi un tel titre-choc annonçant des révélations fracassantes pour aboutir à une baudruche que l'auteur perce lui-même ? Il faut dire que certains esprits ne sont pas encore guéris et le temps est resté figé pour eux sur une horloge historique détraquée.
Guillaume Zeller, «Oran 5 juillet 1962, un massacre oublié», Ed. Tallandier, 2012.


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