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Les crampons de l'apartheid
La chronique africaine de Benaouda Lebdaï
Publié dans El Watan le 16 - 02 - 2013

Dennis Brutus est un poète sud-africain, ami de l'Algérie qui l'a reçu souvent dès 1969, lors du Premier Festival Panafricain.
Le critique Bernth Lindfors, de l'université du Texas, publie des fragments autobiographiques du poète sous le titre The Dennis Brutus Tapes, Essays at Autobiography. L'ouvrage est une transcription d'enregistrements au magnétophone entrepris lors du séjour du poète sud-africain à l'université du Texas où il fut professeur invité en 1974-1975. Après le décès de Dennis Brutus en 2009, Bernth Lindfors a décidé de publier ces confidences enregistrées.
A l'époque, Dennis Brutus était plus connu en tant qu'activiste que poète malgré la publication de deux recueils, Sirens Knuckles Boots, Letters to Martha and Other Poems from a South African Prison. Ce n'est qu'après la publication de Poems from Algiers, écrit justement pendant le premier Panaf' d'Alger, que Dennis Brutus fut confirmé en tant que poète. Bernth Lindfors et Dennis Brutus se sont liés d'amitié à Alger, d'où l'invitation à l'université du Texas plus tard. Cette amitié est à l'origine des enregistrements qui se sont déroulés au gré des humeurs. Le travail de réorganisation de ces enregistrements fut long et l'ouvrage «autobiographique» est divisé en deux grandes parties : la vie et la poésie. A l'intérieur de chacune, divers sujets sont abordés comme la famille, les tentatives d'évasion d'Afrique du Sud, le récit de l'emprisonnement à Robben Island avec Nelson Mandela, l'exil politique, les activités militantes anti-apartheid. Dans la partie Poésie,
Dennis Brutus s'exprime sur la production littéraire sud-africaine, sur l'utilité de la poésie en temps de crise, sur la question de l'engagement dans la littérature. Le poète émet des analyses pertinentes, une vision du monde en tant que Sud-africain, la vision d'un homme qui a souffert dans sa chair des injustices de l'apartheid. Les réflexions fragmentées sont d'autant plus significatives qu'elles sont exprimées à l'âge de cinquante ans, l'âge de raison. Ses paroles ont du sens et même si à l'origine le texte est oral, la qualité de l'expression et la qualité littéraire de l'ouvrage sont remarquables.
Dennis Brutus rappelle qu'il est métis et cette autobiographie «au magnétophone» révèle de manière persistante son combat, revendiquant avec fierté sa part noire, rejetant avec force toute possibilité d'intégration de la «race blanche», même si sa grand-mère maternelle était blanche. Il démontre sa volonté de ne jamais abdiquer face au racisme, de toujours aller au bout de ses idées et convictions. La force de cet ouvrage est que le lecteur a la forte impression qu'il ne s'adresse qu'à lui, un soir au coin du feu. Il apprend comment Dennis Brutus a débuté sa révolte anti-apartheid, par le sport et son refus d'être écarté des compétitions à cause de la couleur de sa peau. Dans le détail, il révèle son combat en Afrique du Sud contre les lois racistes dans le monde du sport. En 1963, il fut arrêté dans les locaux du Comité olympique sud-africain, alors qu'il s'apprêtait à défendre la position des Noirs toujours exclus du mouvement olympique, malgré leurs performances.
Cette autobiographie révèle de l'intérieur le monde du sport sud-africain durant l'apartheid. L'engagement du militant, qui a lutté pour l'exclusion de l'Afrique du Sud des Jeux olympiques et des compétitions internationales, est clairement exposé et défendu. Cette action pour disqualifier le régime de Pretoria dans le sport international est impressionnante. Sa mémoire revisite aussi l'enfance : les conséquences matérielles du divorce de ses parents, l'adolescence et la découverte des «choses de la vie», révélant un Dennis Brutus sans complexes, parlant avec vérité de sa prise de conscience. Il ne pouvait pas vivre sans agir contre l'apartheid depuis son enfance. Dennis Brutus ne flatte jamais son ego et d'ailleurs ce récit de sa vie est une immense source d'informations pour les historiens et les littéraires dans le sens où
Dennis Brutus ne laisse rien dans le vague, n'oubliant aucun nom, y compris ceux des agents de la police sud-africaine qui infiltrent le parti de l'ANC de Nelson Mandela. Il révèle de nombreux détails comme le fait de ne pas dire à son épouse vers quel pays il s'exilait dans le cas où elle devrait subir un interrogatoire. Il raconte sa fuite vers le Mozambique en passant par le Swaziland, les arrestations, les prisons aux conditions sanitaires déplorables. Il parle des tortures, des interrogatoires humiliants et du temps de douze heures que les militants ont calculé avant que les prisonniers ne craquent sous la torture pour donner le temps aux militants de fuir. Dennis Brutus montre de l'intérieur comment le régime encourageait les différences de traitement entre Métis et Noirs pour qu'il n'y ait pas d'alliance entre les deux communautés, une politique qu'il a toujours combattue.
Il révèle avec humour ses débuts d'écriture en prison, un poème écrit sur la paume de sa main, avec des références à Gabriel Garcia Marquès. Il narre ses exils, ses problèmes de visas, ses rapports avec les autorités politiques dans le monde en tant qu'activiste opposé à la participation de l'Afrique du Sud aux compétitions internationales. Sa vie familiale fut totalement déstructurée, absente. Son épouse Martha et ses quatre enfants, restés en Afrique du Sud, en ont souffert. Ses faiblesses et ses terreurs ne sont pas tues car elles l'ont souvent mené vers des tentatives de suicide. La poésie le sauve, la littérature lui permet de survivre. Mettre des mots sur ses douleurs fait de l'écriture un engagement. Dennis Brutus ne voyait pas de cohésion dans sa vie, convaincu de l'inutilité de ces enregistrements. Mais force est de constater qu'un véritable fil rouge parcourt sa vie : l'amour de son pays et de son épouse. Cet ouvrage est un hymne dans la lutte contre la stupidité humaine, la brutalité, le racisme et toute forme d'apartheid. 
Dennis Brutus, «The Dennis Brutus Tapes, Essays at Autobiography», Edited by Bernth Lindfors, Suffolk : James Currey, 2011.


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