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50e anniversaire de la mort de Mohamed Khemisti
Hommage
Publié dans El Watan le 05 - 05 - 2013

Le 11 avril 1963, le premier ministre des Affaires étrangères de l'Algérie indépendante, Mohamed Khemisti, tombe sous des balles assassines au sortir de l'Assemblée nationale et décède le 4 mai, après un profond coma.
C 'est dans cet état que je l'ai revu, après notre rencontre au Maroc au lendemain du cessez-le-feu et des Accords d'Evian. Il avait près de 33 ans. Ce fut une grande perte pour le pays et un profond déchirement pour moi, car je venais de perdre, dans des circonstances tragiques, un ami des plus chers, un frère. Notre relation a commencé une dizaine d'années plus tôt, à Montpellier, où nous faisions tous deux des études de médecine. Il était mon cadet de 5 ans. Un jour de 1952 ou 53, un condisciple, Mohamed Ferradi, m'informe de l'arrivée d'un jeune étudiant «digne d'intérêt», c'était Khemisti. Ma rencontre avec le nouveau venu, je découvre un garçon très sympathique, au sourire angélique. Après une discussion à bâtons rompus, je me souviens m'être dit : «Voilà un jeune bien ambitieux ; mais c'est une ambition mise au service d'une noble cause, à encourager.» Khemisti était en effet habité d'une foi patriotique profonde, qui se manifestera avec éclat durant la guerre de Libération nationale. Lorsque le 1er Novembre 1954 éclata, une certaine confusion régnait dans notre milieu.
Que signifiaient notamment les sigles FLN, ALN et bientôt MNA ? Qui était derrière les actes «terroristes» ? Profitant des vacances universitaires de fin d'année, je rentre à Alger et, là, j'ai pu recueillir toutes les informations relatives à la nouvelle donne politique en Algérie. De retour à Montpellier, j'en informe mes camarades. Aussitôt, Khemisti prend contact avec des responsables FLN de Lyon et met sur pied la section locale qu'il préside, et dont les premiers membres étaient Ferradi, Toumi, Laliam et moi. L'action de recrutement et de sensibilisation de l'opinion locale est aussitôt engagée. En juillet 1955, est fondée l'Ugema. A Montpellier, Khemisti est élu à la quasi-unanimité président de notre section, la plus importante après celles d'Alger et de Paris.
Après l'historique grève des étudiants du 19 mai 1956, nos chemins se séparèrent. Je suis rentré à Alger, où j'ai été rapidement structuré dans l'OCFLN et où j'ai vécu ainsi de l'intérieur la grève des 8 jours du 28 janvier 1957 et la Bataille d'Alger qui s'en suivit. Quant à Khemisti, j'appris plus tard qu'il avait mené une activité inlassable au sein du FLN et de l'Ugema.
Il s'est rendu notamment au Festival international de la jeunesse, à Moscou, en 1957, ainsi qu'à Pékin et au Vietnam, à la tête d'une délégation qui sera ovationnée par les dirigeants des pays hôtes. De retour en France, il est arrêté et transféré en Algérie, à la prison de Maison-Carrée. Il n'est libéré qu'en 1960. Nous nous rencontrons au Maroc début avril 1962. Je me permets de reprendre ici, in extenso, les propos échangés à cette occasion, tirés de mon livre Vivre, c'est croire : «Au lendemain du cessez-le-feu, alors que je me trouvais encore à Meknès, je reçus un coup de fil de Khemisti qui a été, je le rappelle, mon cadet à la faculté de médecine de Montpellier. Il avait beaucoup de respect et de considération pour moi. Pour ma part, j'éprouvais à l'égard de notre futur ministre des Affaires étrangères des sentiments d'affection et même d'admiration et de fierté. Il symbolisait à mes yeux cette jeunesse algérienne toujours ardente au combat et constamment à l'avant-­garde des luttes pour les causes justes. Nous convenons de nous rencontrer à Rabat. La discussion s'engage aussitôt sur les problèmes de l'heure.»
D'emblée Khemisti me propose un poste important dans les futures institutions du pays, dont toutefois il ne précisa pas la nature. Ministre ? Ambassadeur ? Peu importe. L'essentiel n'était pas là pour moi. Je lui répondis néanmoins ainsi : Merci pour cette marque de sympathie et d'estime. Cependant, écoute-moi bien.
Voici ce qui risque de se passer demain. Nous assistons actuellement à une alliance contre-nature entre Ben Bella, Boumediène et Abbas, le premier ayant un grand prestige mais sans force d'appoint, le second la force sans la notoriété. Quant à Abbas, il jouit d'un incontestable prestige auprès du peuple. Il est également le principal représentant de la bourgeoisie intellectuelle algérienne. Mais, à mon avis, Abbas n'a rien de commun avec Ben Bella, encore moins avec Boumediène. Il est le maillon faible du groupe. Entre ces trois candidats à l'autorité qui pourrait prendre la suite du GPRA, les contradictions vont fatalement apparaître et s'aiguiser crescendo.
Abbas sera éliminé en premier par le tandem révolutionnaire Boumediène-Ben Bella, ensuite celui-ci par celui-là. La boucle sera alors bouclée. Dans ce scénario à haut risque, le FLN ne devra plus servir que de faire-valoir et d'alibi doctrinal sans consistance.
Un conseil, ai-je dit pour conclure : «Retourne en Suisse terminer tes études. Laisse la politique pour plus tard.» Tels sont les propos que j'ai tenus à Khemisti, à Rabat, au lendemain du cessez-le-feu. Je ne réussis pas à convaincre mon jeune ami, qui m'informa alors de sa volonté de s'engager rapidement dans une carrière politique. Cette décision scellera son destin. La suite est en effet connue de tous. Victime d'un lâche attentat le 11 avril 1963 sur le perron du palais Zighout Youcef, au sortir de l'Assemblée nationale, il décède le 4 mai au service de réanimation de l'hôpital Mustapha Pacha, 7 mois à peine après sa nomination comme ministre des Affaires étrangères le 27 septembre 1962. «Ainsi se termina tragiquement la jeune vie d'un ami, d'un frère de lutte, d'un frère tout court. Que Dieu ait son âme.»


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