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L'enfer au quotidien
Trafic routier
Publié dans El Watan le 22 - 07 - 2013

8h30, Alger, un jour de semaine. La journée commence à peine que, déjà, les nerfs de milliers d'automobilistes sont mis à rude épreuve, entamant, doucement mais sûrement, leur capital patience de la matinée. Partout, des files de voitures semblent trépigner sur place, se disputant les rares centimètres de bitume libre, dans un vacarme de klaxons et de moteurs, et des nuages de gaz de pots d'échappement. «Tous les matins, c'est la même galère, quels que soient le jour de la semaine ou l'heure.»
Je travaille à Alger-Centre, vis à Bordj El Kiffan, et fais la navette quotidiennement», raconte une jeune femme. «J'ai calculé qu'entre le moment où je sors de chez moi et celui où j'arrive au travail, je suis passée par près d'une dizaine de bouchons, qui me font généralement perdre une moyenne d'une heure. Et rebelote l'après-midi pour le retour. Cela devient rageant», explose-t-elle. Se déplacer à Alger et dans sa périphérie, comme dans tant d'autres villes, est un véritable marathon à plusieurs étapes. Dar El Beïda, Bab Ezzouar, Les Bananiers pour l'est, la «Côte», Ben Aknoun, Bouzaréah pour l'ouest, et Alger-Centre évidemment, sont devenus, entre autres, synonymes de calvaire quotidien pour les usagers de la route. Ce sont ainsi quelque 500 points «critiques» quotidiens qui sont recensés par les services de la direction des transports pour la wilaya d'Alger.
Le phénomène n'est certes pas nouveau, mais il semble se densifier un peu plus chaque année. «J'ai l'impression que les bouchons augmentent continuellement. Et puis il n'y a plus d'heures de pointe ! C'est tout le temps et partout, aléatoirement et de manière totalement imprévisible», peste un fonctionnaire. Dans cette équation à plusieurs variables, il en est une que rien ne semble pouvoir freiner : le nombre de voitures et autres engins roulants. Nourri annuellement par des centaines de milliers de véhicules neufs, le parc automobile national est passé de 2 742 306 unités en 1996, à 4 314 607 en 2010, pour frôler les 6 millions en 2013. Ce qui représente tout de même un taux de motorisation moindre comparativement aux taux enregistrés sous d'autres cieux. La différence réside cependant dans les capacités du réseau routier. «Les voies express qui mènent à la capitale ont été construites pour contenir une moyenne de 54 000 véhicules par jour. Mais ce sont plus de 120 000 qui y roulent quotidiennement», explique Rachid Ouazane, directeur des transports de la wilaya d'Alger. Et si le parc automobile pour la wilaya d'Alger est de près de 1,5 million de véhicules, pour 1000 km de voieries, il a été calculé qu'entre 7h et 8h du matin, 30 000 voitures et bus pénètrent dans le centre-ville.
Près de 400 000 tout au long de la journée. Pourtant, selon les services concernés, il n'est pas envisagé de développer davantage les réseaux routiers. «Les citoyens font un usage abusif et excessif de leurs voitures. De nouvelles infrastructures routières ne sauraient endiguer ce problème, car tout le pays converge vers le centre-ville», affirme ainsi M. Ouazane. Avec l'impact que l'on imagine sur l'environnement, faisant d'Alger une ville enregistrant un haut niveau de pollution atmosphérique. Les moteurs consomment plus d'essence au démarrage et à bas régime, et les gaz des pots d'échappement et les particules polluantes, au lieu d'être dispersés graduellement, restent concentrés au même endroit. D'autant plus que 30% du parc roulant utilise du diesel, hautement polluant et même cancérigène.
Barrages et incivisme…
D'ailleurs, l'impact épidémiologique de cette pollution a de quoi inquiéter : selon l'Institut national de santé publique (INSP), chaque année, 10 à 12 millions d'Algériens ont à consulter pour des maladies respiratoires liées ou aggravées par la pollution atmosphérique. Et si un programme pour réguler le trafic et fluidifier la circulation est mis en œuvre par les autorités (voir encadré), ses résultats ne seront visibles que dans plusieurs années. «Entre-temps, et pour éviter qu'Alger ne soit définitivement bloquée par les voitures, ils placent des barrages à la périphérie pour faire tampon et nous y retenir», s'indigne Mahmoud, quinquagénaire qui habite la banlieue est d'Alger. «Mon enfer quotidien a un nom : Les Bananiers. Pratiquement une heure de perdue là-bas, pour arriver et passer devant des agents de l'ordre qui discutent, ou qui vous pressent de passer», lance-t-il, sombre. Si visuellement les Algériens se sont habitués à ces check-points dressés un peu partout, et même au beau milieu des autoroutes, leurs désagréments en rendent plus d'un hystérique. «Le problème avec les barrages sécuritaires, ce n'est pas leur présence, qu'on ne saurait discuter, mais leur fonctionnement même», estime Mahrez Rabia, animateur du «Point route» quotidien de la Radio Chaîne 3. «La circulation est réduite à une voie et c'est une catastrophe.
Pourquoi ne pas augmenter le nombre de voies ouvertes, en y installant plus d'agents ?», préconise-t-il, faisant écho au ras-le-bol quotidien de ses auditeurs. Les forces de l'ordre ne sont cependant pas entièrement responsables de l'ensemble des bouchons enregistrés. «Les citoyens sont responsables à 70% !», s'exclame le légendaire Mohamed Lazouni, expert ès conduite, et qui «aboie depuis 40 ans pour que la circulation soit mieux réfléchie». «Lorsqu'il y a un encombrement, au lieu de rester sur sa ligne et d'avancer en discipline, les Algériens doublent de tous les côtés, grillent la bande d'arrêt d'urgence, s'engouffrent dans le moindre espace. Et c'est ce qui crée le plus de blocage : l'anarchie, le non-civisme, l'égoïsme aveugle et le ‘‘moi d'abord''», analyse-t-il. Car c'est bien sûr la route que s'exprime, avec le plus de violence, le «mal-vivre ensemble» des Algériens.
Conducteurs au bord de la crise de nerfs…
«C'est insupportable ce sans-gêne de certains conducteurs, qui frôle la hogra, surtout envers les filles», s'indigne Meriem. «Déjà que je suis constamment sur les nerfs à cause des embouteillages, mais ce type de comportement me met vraiment dans une rage folle. Lorsque j'arrive au boulot après 1h30 de route, j'ai l'impression de m'être disputée pendant tout ce temps ! Je commence ma journée lessivée et sur les nerfs…», dit-elle en écarquillant les yeux. Et l'on ne saurait soupçonner l'effet que peut avoir sur le corps et l'esprit ces séances quotidiennes de torture. «L'énervement que cela induit, la compression subie peut porter préjudice au corps, avec les maladies que l'on imagine. Mais à la longue, cela peut aussi installer une sorte de phobie des embouteillages, des dépressions et crises de nerfs», assure un médecin. «L'un de mes patients a subi des années durant ce calvaire. Un jour qu'il était bloqué dans un énième bouchon, il a eu un accès de colère. Il est descendu de sa voiture en hurlant. Il lui était ensuite impossible d'y remonter. Il a dû faire appel à un proche pour qu'il vienne le récupérer», relate-t-il. Et les nerfs comprimés, lorsqu'ils lâchent, peuvent aussi provoquer d'autres types de dégâts.
Car dans cette course contre la montre, tous les coups semblent permis pour gagner quelques minutes, que l'on estime précieuses. «Il y a une corrélation évidente entre les bouchons et les accidents de la circulation», estime d'ailleurs M. Lazouni. «Les conducteurs ont perdu tant de temps qu'ils vont tout faire pour le rattraper, en appuyant sur le champignon, en conduisant dangereusement, en étant violents. Résultat : les milliers d'accidents de la circulation qui font chaque année des milliers de morts», s'attriste-t-il. «D'ailleurs, lorsqu'un bouchon prend fin, il faut voir comment ça part dans tous les sens ! C'est effrayant !», commente Salah. Car même une fois sorti de l'enfer ou arrivé à destination, la guerre des nerfs n'est toujours pas gagnée, le stationnement étant l'autre gros point noir à Alger. «L'absence de parkings dans la capitale et l'insuffisance des places de stationnement sont incompréhensibles, surtout lorsque l'on sait qu'un conducteur qui ne trouve pas où se garer va continuer à tourner en rond, ce qui augmente d'autant plus les embouteillages», s'indigne M. Lazouni. Le serpent qui se mord la queue…


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