L'arrestation du patron d'Al Hiwar Ettounsi, Tahar Ben Hassine, avant-hier, n'a duré que quelques heures. Tunis. De notre correspondant
La brigade criminelle avait procédé à son arrestation en début d'après-midi ; après son interrogatoire concernant la plainte déposée par la présidence de la République pour appel au complot contre la sûreté de l'Etat et à la désobéissance civile, le juge d'instruction a convoqué Tahar Ben Hassine en milieu d'après-midi et décidé sa libération après un nouvel interrogatoire. Ces décisions contradictoires traduisent, selon les observateurs, les tiraillements vécus par la justice tunisienne et pas uniquement avec les médias. Les contestations contre les décisions judiciaires ne se limitent pas à l'affaire de Sami Fehri, patron d'Ettounsia TV, toujours en état d'arrestation. Les syndicats des forces de l'ordre dénoncent certains juges de complaisance avec les djihadistes. Ils les accusent de libérer des prévenus pris en flagrant délit. Nombreux sont par ailleurs les observateurs qui osent même parler du torchon qui brûle entre les ministères de la Justice et de l'Intérieur. Mais c'est encore au stade du constat. Sur un autre plan, le journaliste Soufiane Ben Farhat a décidé de suspendre sa grève de la faim suite à l'accord obtenu par le syndicat de l'information avec la direction de Radio Shems FM. Cet accord concerne le retour du journaliste à l'antenne à partir du 16 septembre. La rupture entre le journaliste et sa radio n'a duré que l'espace d'une semaine. L'arrestation de Tahar Ben Hassine et le licenciement de Soufiane Ben Farhat, ainsi que les retours sur ces décisions, traduisent le flottement des institutions en Tunisie. Deux tendances se disputent cette Tunisie post-14 janvier : une démocratie naissante et une théocratie qui veut s'installer. Entre ces deux mouvances, les lignes de démarcation ne sont pas claires et les tiraillements ne font que commencer.
