La modernisation des voies ferrées Thénia-Oued Aïssi connaît des retards. Le projet de double voie électrifiée Thenia-Bordj- Bou Arreridj n'est pas lancé. La nouvelle voie ferrée devant relier la ville de Thénia (Boumerdès) à celle d'Oued Aïssi (Tizi-Ouzou) ne sera pas mise en service de si tôt. C'est du moins ce que nous avions pu déduire récemment à travers la constatation de l'état d'avancement du chantier sur le terrain. Les habitants de la wilaya de Tizi-Ouzou et ceux des localités de la partie est de Boumerdès doivent donc prendre leur mal en patience pour quelques années encore avant d'espérer voyager à bord des trains électriques. Cet important projet qui comprend quatre tunnels et 9 viaducs, connait en effet d'énormes retards. Quatre ans après son lancement, son taux de réalisation ne dépasse pas les 45%, estime un cadre de la direction des transports de Boumerdès. Son coût a presque doublé, atteignant 60 milliards de dinars, un montant qui représente près du 1/5 du budget dont a bénéficié la wilaya de Boumerdès dans le cadre du programme quinquennal en cours. Les quatre entreprises engagées par la tutelle butent sur d'énormes difficultés, dont certaines avaient nécessité la révision des études préliminaires à maintes reprises. Le délai de livraison de cette ligne ferroviaire électrifiée avait déjà été reporté à deux reprises sans qu'aucun motif valable ne soit avancé. En décembre 2011, l'ex-ministre des transports avait affirmé que ce rêve, nourri depuis belle lurette par des milliers de citoyens de la région, se concrétisera en juin 2013. À l'époque, le ministre des transports, AmarTou, avait souligné que les habitants de la ville de Tizi Ouzou pourront, à partir de cette date, rallier la capitale en l'espace de 55 mn sans arrêts et 1h10mn avec arrêts. Deux ans plus tard, le même responsable revint sur le tracé et constate que le projet n'a pas avancé. Le représentant du gouvernement n'avait alors donné aucune date prévisionnelle de la fin des travaux et justifia la non-tenue de ses engagements par l'handicap des oppositions des propriétaires terriens. Or, la réalité est tout autre. L'échec se vérifie tout d'abord à travers le nombre de directeurs (cinq au moins) qui se sont succédé à la tête du projet, contrôlé par l'agence nationale de suivi et de réalisation de l'investissement ferroviaire (l'Ansrif). Cette dernière éprouve, selon nos sources, toutes les peines du monde à lever les contraintes apparues ça et là pour permettre aux entreprises d'avancer, telles que la levée des oppositions et le relogement des familles habitant les constructions longeant le tracé à Si Mustapha, Issers et Bordj-Menaiel. Les nouvelles gares ferroviaires non réalisées On a appris que pas moins de 200 personnes ne sont pas encore indemnisées et 72 familles indues occupantes tardent à être évacués pour installer les rails. Il faut dire que même les travaux des sept gares ferroviaires prévues le long du tracé peinent toujours à être entamées, a-t-on constaté. L'entreprise désignée pour ce faire a mobilisé son matériel depuis plusieurs mois, mais elle ne s'est pas encore mise au travail. C'est le cas à Si Mustapha, Issers, où les endroits devant abriter les gares sont clôturés depuis plusieurs mois. À Bordj-Menaiël, le projet de la nouvelle gare a été cédé récemment à l'entreprise portugaise Teixeira Duarte, engagée également pour la construction des viaducs, dont les plus importants comme ceux de Naciria et Tadmaït, sont en voie d'achèvement. Même la pose des nouveaux rails n'est pas encore effectuée et ce, malgré l'arrêt de la circulation du train diesel entre Alger et Tizi-Ouzou depuis le 15 mars. La suspension du trafic ferroviaire sur cette ligne avait suscité le mécontentement de nombreux voyageurs ayant l'habitude de voyager à bord des trains «usés» qui assuraient la desserte Tizi-Ouzou-Alger deux fois par jours depuis juillet 2009. La tutelle avait justifié la suspension du trafic ferroviaire sur cette ligne par le souci de faciliter la tâche aux entreprises de réalisation alors que cela n'a pas été prévu dans les clauses du marché, fait-on remarquer. Le responsable de la direction des transports a affirmé que la plate-forme du projet a été faite pour deux voies mais une seule d'entre elle sera mise en service après la fin des travaux. Le plus grand blocage a été signalé au niveau du tunnel de la gare ferroviaire de Thénia. Les travaux d'extension de cet ouvrage ne sont pas lancés malgré l'attribution d'une nouvelle assiette de terrain pour Algérie Télécom pour la délocalisation de la station téléphonique se trouvant sur le tunnel. Un projet aux oubliettes Inscrit en 2008, le projet de réalisation de la double voie ferrée électrifiée devant relier la commune de Thénia dans la wilaya de Boumerdès à Bordj Bou Arréridj sur une distance de 160 km est mis aux oubliettes. Pourtant, l'étude de ce projet confié à une entreprise turque est achevée. L'entreprise turque a décroché ce gigantesque projet pour un montant de plus de un million de dollars. Les oppositions des propriétaires de terres agricoles, notamment au niveau de la wilaya de Bouira où devait passer cette ligne sur une distance de 82 km soutenus également par les élus locaux, sont à l'origine de ce blocage. Les pouvoirs publics semblent incapables de résoudre ce problème. Au niveau de la wilaya de Bouira, les autorités ont tenté vainement de convaincre les différentes parties ayant affiché pleinement leurs oppositions au tracé de cette ligne. La problématique de la superficie agricole estimée à pas moins de 214 ha, dont 68% de terres très fertiles, seront traversées par cette double voie ferrée. Ceci reste une des préoccupations majeures des agriculteurs de la région. Il y a quelques mois, à l'occasion d'une réunion ayant regroupé les différents acteurs de ce projet, ces derniers avaient souhaité avoir des solutions techniques susceptibles d'éviter de telles pertes aux agriculteurs. Ils ont invité le bureau d'étude chargé de ce projet de démontrer et d'apporter des solutions sur ce cas. L'impact du projet en question sur les réseaux électriques, hydrauliques et les travaux publics était également soulevé. Les élus des APC de Kadiria, de Lakhdaria, de M'chedallah, de Bechloul, d'El Adjiba et d'El Asnam avaient rejeté le tracé initial. Ainsi, le lancement des travaux de la réalisation du projet de la double voie électrifiée Thénia-Bordj Bou Arreridj ne sont pas pour demain. Un élu soutient que «les pouvoirs publics doivent impérativement revoir leur stratégie, et ce, en apportant des solutions afin de satisfaire et convaincre les élus et les agriculteurs propriétaires de ses terres». Ce projet sera-t-il relancé par le premier ministre Abdelmalek Sellal, qui est, nos sources, attendu prochainement à Bouira. L'avenir nous le dira.
