Acte 2 du «plan de bataille pour 2014». Après la distribution des portefeuilles-clés du gouvernement aux fidèles du clan présidentiel, commencent à s'agiter les partis politiques sous le slogan d'«un quatrième mandat» pour Bouteflika. Deux ont déjà annoncé la couleur : le FLN version Amar Saadani, secrétaire général parachuté à la tête du parti, et la formation Tedj de l'islamo-soft Amar Ghoul, qui pourraient être rejoints par le MPA de Amara Benyounès, ex-opposant, devenu fidèle du chef de l'Etat. Sur les cendres de la défunte Alliance présidentielle incarnée par le trio Belkhadem-Ouyahia-Soltani, se dessine une nouvelle coalition que Amar Ghoul entend élargir à la pléthore de partis islamistes nés ces deux dernières années. Une aubaine pour les formations islamistes, livrées à elles-mêmes, sans ancrage populaire et incapables de s'entendre entre elles sur un programme commun, encore moins sur une candidature unique à la présidentielle 2014. Bouteflika serait de ce fait leur candidat, somme toute un retour d'ascenseur pour le maître d'œuvre de la loi sur la réconciliation nationale, qui a donné un second souffle à l'islamisme dans le pays. A ce plan de bataille 2004, a été adjoint un volet propagande pour contrer les hommes politiques, analystes et médias qui usent de leur fonction d'alerte de la population sur les graves dangers pour le pays de l'appropriation, par le clan présidentiel, de tous les leviers de décision au bénéfice exclusif du chef de l'Etat. Il s'agit d'attaquer, par le dénigrement, le déni des faits (pourtant têtus) et la menace, tous ceux qui s'émeuvent des conséquences du piétinement continuel de la Constitution ainsi que des dangers d'un quatrième mandat pour Bouteflika ou d'une prolongation de son troisième mandat par un des artifices constitutionnels dont le pouvoir possède toute une panoplie. L'autre but de cette campagne politico-médiatique (appelée à monter en puissance durant les six mois à venir) est de remodeler l'image de Bouteflika, de gommer celle d'un homme totalement usé par le pouvoir et la maladie et au bilan politico-économique désastreux, pour lui substituer l'image d'un sphinx renaissant de ses cendres, partant à la conquête «d'autres victoires». Ni plus ni moins. Cela augure d'une ambiance préélectorale bien plus dangereuse que celle des autres mandats, notamment du second avec sa justice de nuit et son harcèlement des opposants politiques et des médias indépendants. Les risques lourds viennent du fait que le régime est agonisant. Le principal pilier, le chef de l'Etat, est terrassé par la maladie et le pouvoir est exercé par son frère, comme dans une république bananière. Plus grave encore, toutes ces dernières années, des fortunes considérables ont été amassées et des situations d'autorité se sont constituées dans l'impunité la plus totale, au vu et au su de tout le monde, et cela à l'ombre du régime. Beaucoup d'enrichis et de promus dans la hiérarchie sociale et politique, ils sont nombreux, useront de tout, y compris de la terreur, pour que rien ne change et rien ne bouge. Les quelques affaires de corruption révélées à ce jour en sont un des indices. L'Algérie risque d'aller à sa perte, car rien ne vient arrêter la descente aux enfers. Et cela, dans le silence le plus total.