Quelque 1200 commerçants étaient concernés par le dispositif de permanence chapeauté par la DCP d'Alger qui a pris le soin de les «aviser à temps». Les commerçants n'ont pas dérogé à la règle durant les deux jours de l'Aïd. Au grand désarroi des Algérois, la plupart des vendeurs étaient restés fermés durant les deux jours de fête, même le week-end et le début de semaine. Pas suffisamment de boulangeries ni de vendeurs de fruits et légumes et encore moins de restaurants. Le constat d'une capitale fermée à double tour est partout le même dans tous les quartiers de la capitale, habituée depuis toujours à la désaffection de ses commerçants qui n'assurent pas la mission d'approvisionnement de leurs clients en produits de base. «A Alger-Centre, les vendeurs de mon quartier étaient presque tous fermés. Le seul boulanger de la rue Docteur Saâdane où j'ai l'habitude de faire un crochet le matin est resté lui aussi fermé les deux jours de l'Aïd», s'indigne Merouane, employé d'une entreprise privée, frustré de ne pas pouvoir acheter son croissant du matin. L'offre était réduite ces derniers jours, et les Algérois qui n'ont pas stocké des produits la veille étaient désarçonnés. «J'ai pu trouver des baguettes de pain chez mon épicier de la cité à Leveilley. Par contre, le lait que j'ai acheté était de qualité douteuse. Les autres vendeurs étaient tous absents, alors que d'habitude on en trouve une flopée sous ma fenêtre», s'étonne un sexagénaire, «obligé» de sortir de sa commune (El Megharia) pour «dénicher» quelques kilos de pommes de terre. La Direction du commerce a pris des mesures pour réussir le dispositif des permanences critiquée en raison de ses défaillances durant le dernier Aïd El Fitr. 1286 commerçants étaient concernés par l'opération chapeautée par la direction du commerce d'Alger qui a pris le soin cette fois-ci d'«aviser à temps» les permanenciers désignés. «L'arrêté du wali d'Alger a été notifié à tous les commerçants désignés pour la permanence durant ces deux jours. Pour réussir l'opération, nous avons mobilisé 146 contrôleurs», nous a signalé, hier, le directeur du commerce d'Alger, Bouras Mimoune. Y a-t-il eu une adhésion des commerçants au dispositif des permanences durant les deux jours ? «Les taux de suivi étaient très importants. Seuls 64 commerçants sur le millier désigné n'ont pas respecté la consigne le premier jour de l'Aïd. Ils n'étaient que 5 à ne pas le faire le deuxième jour. Par contre, hier (vendredi) et aujourd'hui, le taux de suivi est de 100%», se réjouit le DCP. Des sanctions seront prises contre les permanenciers désignés en coordination avec l'Union générale des commerçants et artisans d'Algérie (UGCAA) défaillants. «La loi est stricte. Celui qui n'assure pas la permanence est passible d'une amende, par voie de justice, entre 3 et 30 millions de centimes. Une amende de transaction de 10 millions de centimes est aussi prévue pour les réfractaires», précise le directeur qui assure que l'administration, confortée par la nouvelle réglementation, sera intransigeante avec les commerçants qui n'ont pas suivi l'opération. Le directeur mettra en exergue le «comportement» des consommateurs, responsables en partie des perturbations enregistrées. «Il faut savoir que les commerçants ont assuré seulement le service minimum. Le tiers des boulangers enregistré dans le registre du commerce ont assuré la permanence. L'offre était réduite au tiers. Le comportement du consommateur doit suivre cette situation de baisse de l'offre. On constate un comportement qui va à contresens. Des clients cherchent à se munir de 10 à 15 baguettes. Théoriquement, leur comportement doit être l'inverse», signale M. Mimoune.
