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La France ne doit pas céder à l'atlantisme de principe
Pouria Amirshahi. Nouveau président de l'Institut de relations internationales et stratégiques et député socialiste
Publié dans El Watan le 20 - 12 - 2013

C'est depuis Alger, où il accompagnait Jean-Marc Ayrault en voyage officiel, que le député PS, Pouria Amirshahi, a appris son élection mardi comme président de l'IRIS à Paris. Des liens privilégiés entre la France et l'Algérie, sa circonscription, de sa vision des relations internationales, de l'intégration et de la laïcité : il s'est confié à El Watan Week-end.
-Il a toujours été écrit que l'Institut de relations internationales et stratégiques était plutôt un think tank de gauche. Votre élection est-elle une façon de le reconnaître ?
L'IRIS est avant toute chose un institut de recherche, qui donne des cours et délivre des diplômes. L'IRIS enseigne par exemple l'histoire, la géopolitique, les rapports de force internationaux. Il est aussi un réservoir d'idées. Sur ce deuxième point, notre rôle est de renforcer l'aide à la décision de notre diplomatie. Et plutôt sur un axe qui se refuse à être occidentalo-centré. De ce point de vue, l'IRIS se définit à travers une ambition de souveraineté assumée de la France. Nous croyons que la stratégie d'alliance, qu'elle soit internationale ou européenne, doit être dictée en fonction de nos intérêts propres et de nos principes politiques. Cela veut dire ne pas céder à l'atlantisme de principe, mais défendre aussi une identité méditerranéenne et porter la francophonie, qui nous lie à la Belgique, au Canada et à un certain nombre de pays d'Afrique et du Maghreb. Autre particularité de l'IRIS : nous ne croyons ni au «choc des civilisations» ni à «la fin de l'histoire». On est en contrepoint de cette vision. Je suis pour ma part favorable à ce que la France assume pleinement une stratégie d'alliance privilégiée avec le Maghreb.
-Concrètement, quel est le rôle du président de l'IRIS ?
Le président de l'IRIS a un rôle de représentation et d'animation du conseil d'administration. Il se doit aussi d'être visible dans les différents lieux où nos travaux sont amenés à être exposés. En ce qui me concerne, je souhaite valoriser toutes les missions de l'IRIS et particulièrement ses activités d'enseignement et de recherche en France comme à l'étranger. Le président de l'IRIS peut aussi apporter une plus grande visibilité à nos thèses, formations, colloques, publications... La responsabilité exécutive, la continuité et l'organisation sont toujours assumées avec brio par Pascal Boniface, le directeur.
-Vous avez un parcours singulier. Vous aviez 4 ans quand vos parents ont fui l'Iran dans les années 1970. Vous faites vos études en France, vous êtes naturalisé dans les années 1990. Vingt ans plus tard, vous voilà député et président de l'IRIS. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
J'évite de porter un jugement sur moi-même. Il faut demander à ceux qui me connaissent, pour la simple et bonne raison que je récuse la société du narcissisme. Et comme homme politique, qui plus est, c'est aux électeurs de le faire. Un commentaire toutefois : honneur soit rendu à la République française de permettre des parcours aussi variés. La République fonctionne bien mieux qu'on ne le dit.
-Vous êtes le député de la 9e circonscription des Français établis hors de France, qui couvre notamment l'Algérie. Quelle conclusion tirez-vous du séminaire intergouvernemental de haut niveau qui s'est tenu en début de semaine à Alger et Oran ?
C'était une heureuse surprise ! On aurait pu s'attendre à une trop grande prudence, à des discours convenus et formels, du fait d'un côté de la mise en pointillés de l'avenir institutionnel de l'Algérie concernant notamment la présidentielle, et de l'autre des préoccupations très internes du gouvernement français. Cela n'a pas été le cas, parce que personne ne veut, ni du côté de Jean-Marc Ayrault ni de celui de Abdelmalek Sellal, instrumentaliser la relation entre la France et l'Algérie pour des questions de politique intérieure.
Du coup, j'ai trouvé ce séminaire très concret et très pragmatique, que ce soit sur le volet de la mobilité, de la stratégie industrielle – avec des entreprises comme Renault et Lafarge que nous avons visitées – sur la question de la coopération universitaire ou sur les stratégies de formations professionnelles et technologiques. C'est une vraie chance de voir des filières qui se construisent. C'est de la formation, de l'emploi, de la compétence… C'est d'autant plus une heureuse surprise qu'on constate dans l'histoire que les relations entre la France et l'Algérie se passent bien la première année après la présidentielle, et ensuite qu'elles se dégradent. Là, pour une fois, on sent que ça peut durer. C'est peut-être aussi une question de générations. La prise de conscience que l'alliance méditerranéenne compte.
Pour moi, cette alliance latino-maghrébine est un levier puissant de développement pour toute la sous-région. Cette fois, je crois qu'un pas est franchi dans l'amitié et dans le partenariat. Personnellement, j'ai défendu depuis plusieurs années les accords de colocalisation. Je me félicite qu'on reprenne cette idée et que ça marche. Désormais, la France et l'Algérie défendent leurs intérêts ensemble. C'est de bon augure.
-Jean-Marc Ayrault a pris ses distances avec un rapport sur l'intégration publié cette semaine sur le site de Matignon. Le rapport proposait, entre autres, le retour du voile à l'école ou la valorisation de l'apprentissage de l'arabe. Que pensez-vous de ces propositions ?
D'abord, je voudrais dire que sur la forme, il n'y a pas un mais plusieurs rapports. Et j'ai trouvé ridicule de s'en prendre à leurs auteurs. On peut ne pas être d'accord avec ce qu'ils préconisent, mais ils ont droit de penser librement. De même, j'ai trouvé ridicule que l'on s'en prenne au Premier ministre. On a hystérisé le débat autour du voile à l'école alors qu'il y a tant de propositions intéressantes, et même provocatrices, qui amènent des éléments de fraîcheur dans le débat. Sur le fond, l'apprentissage de l'arabe est une nécessité absolue et doit être l'une des priorités, selon moi, de la nouvelle politique linguistique de l'Education nationale.
Faire émerger d'autres langues que l'anglais, principalement l'espagnol, l'arabe et le chinois, est essentiel pour la vision que je défends d'un multilinguisme assumé. On a besoin demain d'avoir des générations qui maîtrisent ces langues parce qu'elles correspondent à des aires géoculturelles qui s'organisent. Ce sont des marchés, des lieux de commerce, d'enjeux géopolitiques… La modernité commande à ce que nous enseignions beaucoup plus l'arabe dans les écoles de la République française. Il faut y mettre fin au monopole de l'anglais.
Sur la question de la laïcité, il faut être très clair aussi : pour moi, aucun signe religieux ne doit être toléré dans l'école de la République. C'est un fait, la visibilité de son appartenance religieuse est toujours vécue comme du prosélytisme, elle cherche à distinguer la citoyenneté en fonction de la croyance. Il y a une règle : on ne distingue pas les enfants qui sont à l'école du vivre-ensemble avec des signes d'une conscience religieuse… qui n'est d'ailleurs pas encore forgée. Malgré tout, je le redis : il faut dépassionner le débat autour de cette question. On n'a jamais vu des collégiens ou des lycéens manifester dans la rue pour le droit de porter la kippa, une croix ou le voile. La question du signe religieux à l'école est, selon moi, un fantasme d'une petite élite rabougrie qui fait du mal à l'image de la France. Malheureusement, cette minorité est très relayée par des médias qui sentent une crispation de l'opinion autour de l'islam. Mais ceci est un autre débat…


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