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«On vante mes mains expertes, on rejette ma peau»
Aboubacar, migrant malien à Alger
Publié dans El Watan le 22 - 12 - 2013

Entré en Algérie en 2003, des illusions grosses comme une énorme valise en carton, Aboubacar s'est finalement résigné à squatter un bout de trottoir dans une ruelle pour «éviter à mes clients, argumente-t-il, de trébucher dans leurs lacets».
Aboubacar, frisant la cinquantaine, est malien de Gao. Il y a dix ans, il a atterri dans la capitale algérienne après un voyage terrestre harassant. «Alger était seulement une halte pour moi, une sorte de repos du guerrier. Ma religion était la conquête de l'Europe. Une décennie s'est écoulée depuis, mais mes amarres sont toujours larguées en Afrique. C'est mon destin», dit avec un ton d'humour, mais la frustration bien contenue, celui qu'on appelle le cordonnier de Meissonnier, un quartier algérois. Sans carte de séjour ni permis de travail, le Malien, comme tous ses concitoyens, contourne la loi d'une manière astucieuse. «Pour être en conformité avec la règlementation de votre pays, je quitte tous les trois mois le territoire algérien et y retourne le lendemain pour gagner trois autres mois», confesse-t-il.
Quant à la régularisation de sa situation, il «n'en rêve plus tant l'Etat algérien est rigide à ce sujet». En effet, contacté à ce sujet le docteur Boualem Bousmaha, président de la commission des relations extérieures à l'Assemblée populaire nationale (APN), a indiqué : «L'Algérie ne s'est jamais départie de ses engagements humanitaires vis-à-vis de tous les peuples, mais ceux qui sont établis illégalement sur le territoire algérien et veulent bénéficier des lois de la République doivent se conformer à ces lois et aux textes et traités internationaux régissant l'immigration clandestine.» Une déclaration quasiment vague qui est loin de rassurer Aboubacar et ses semblables.
La loi algérienne n° 08-11 du 25 juin 2008, relative aux conditions d'entrée, de séjour et de circulation des étrangers en Algérie, est encore dissuasive et répressive puisque dans son article 36, elle stipule en substance : «L'étranger qui entre illégalement en Algérie ou qui se trouve en situation de séjour irrégulière sur le territoire algérien peut être reconduit aux frontières par arrêté du wali.» L'article 49 de la même loi précise que toute entreprise employant un étranger en situation irrégulière au plan de séjour est exposée au paiement d'une amende de 200 000 à 800 000 dinars. Et même si Aboubacar travaille pour son propre compte s'il se fait arrêter il sera carrément expulsé pour travail illégal.
Selon des statistiques officieuses, ils sont plus de 5000 migrants subsahariens installés irrégulièrement ou d'une manière «illégalement» légale dans le Grand Alger. «L'Algérie manque de main-d'œuvre. Pourquoi l'Etat algérien ne nous octroie- t-il pas des autorisations de séjour et des permis de travail ? Nous sommes dans notre propre continent mais nous n'avons aucun droit. On nous tolère… mieux, on apprécie nos mains expertes, mais on n'aime pas notre peau.» Situation kafkaïenne : maintes franges de la société sollicitent les mains expertes de Aboubacar et de ses semblables mais dès qu'une campagne d'expulsion est enclenchée par les autorités algériennes ce type de subsahariens redeviennent de simples Noirs porteurs de tous les dangers du monde.
Quoi qu'il en soit, Abou – quolibet qui lui a été affectueusement collé par les riverains – a définitivement rangé sa grosse et vieille valise. «C'est peut-être du masochisme mais je crois que ce pays, en dépit de ses lois répressives à mon égard, m'a adopté et j'avoue aussi que je l'ai adopté, donc pour moi l'Algérie n'est plus une escale mais bien ma dernière gare», estime le cordonnier d'un air narquois. Le Malien de Gao continuera d'enfreindre subtilement la loi algérienne pour éviter à ses frères algériens de trébucher dans leurs lacets, comme il le dit avec affection.


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