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Peggy Derder. Historienne : «L'assignation identitaire est toujours forte»
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Publié dans El Watan le 25 - 02 - 2014

-Pourquoi un livre sur les idées reçues concernant «les générations issues de l'immigration» ?
Parce que s'il y a un groupe, parmi d'autres certes, qui souffre particulièrement des stéréotypes, c'est bien celui des descendants d'immigrés. Avec ceci de particulier qu'ils subissent les représentations négatives accolées aux immigrés, alors que cette situation n'est pas héréditaire, et que s'y ajoutent des idées reçues qui leur sont propres, véhiculées aux plus hauts niveaux de responsabilité : délinquance, échec scolaire, désengagement politique… La double peine en quelque sorte ! En faisant la synthèse des recherches les plus récentes, comme Trajectoires et Origines, on est surpris de constater l'ampleur du décalage entre ces fausses idées et la réalité.
-Qui sont ces «jeunes issus de l'immigration» dont parlent les médias ? Ils font partie de la 4e, voire 5e génération. Ont-ils découvert l'élixir de la jeunesse éternelle ?
Oui, en effet ! On continue à parler de jeunes issus de l'immigration, alors que l'immigration en France est désormais une histoire ancienne qui a commencé au XIXe siècle. Or, la jeunesse ne dure malheureusement pas ! Sur l'ensemble des 6,7 millions de descendants d'immigrés, c'est-à-dire les personnes ayant un ou deux parents immigrés, aujourd'hui en France la moitié ont plus de 40 ans. Et on ne comptabilise pas les nombreuses générations précédentes ayant un arrière-grand-parent ou un grand-parent immigré, ce qui concerne dans ce dernier cas de figure au moins un Français sur quatre. Pourtant, on continue à parler de troisième, et même quatrième ou cinquième génération issue de l'immigration ! C'est le cas en particulier pour les personnes issues de l'immigration maghrébine ou d'Afrique subsaharienne. L'assignation identitaire est toujours forte, alors que l'expérience de l'exil ne saurait se transmettre. Mais le renvoi à l'altérité est permanent, même pour des Français de longue date.
-Ces «jeunes» ne sont-ils pas tout simplement français, sans adjectif accolé derrière ?
Bien entendu ! Et ils ont un fort sentiment d'appartenance à la société française. 93% des descendants d'immigrés se sentent français. Et ils sont français. L'injonction d'intégration qui pèse constamment sur eux est d'autant plus hors de propos. Ils vivent donc très mal ce «Intégrez-vous !» martelé en permanence, ou l'idée selon laquelle ils seraient déracinés, alors qu'ils sont nés, ont toujours vécu en France et voient leur avenir dans leur pays. Ce qui n'empêche nullement un attachement à l'identité et à la culture de leurs parents. Ils recomposent une synthèse originale.
-Quelles sont les principales idées reçues ?
Au-delà de cette question du déracinement, il y a l'idée selon laquelle une double culture serait forcément néfaste, alors que les témoignages ou les études, par exemple sur les avantages du bilinguisme, montrent à quel point plusieurs références culturelles constituent une richesse non seulement pour les personnes elles-mêmes, mais pour le pays entier, sa culture, sa société, son économie même… Le thème de la délinquance est également particulièrement prégnant. Il n'est pas nouveau, à l'image de nombreux stéréotypes qui connaissent une continuité historique. Déjà au XIXe siècle, le migrant italien incarnait une menace. Aujourd'hui, c'est le jeune issu de l'immigration, noir ou maghrébin. Cette figure de l'ennemi intérieur a bien sûr rejailli avec force au moment des émeutes dans les banlieues, au début des années 1980 ou en 2005. La question de l'échec scolaire que l'ancien ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, attribuait aux enfants d'immigrés est aussi révélatrice. Alors qu'il s'agit avant tout d'une question socio-économique. Toutes choses égales par ailleurs, les enfants issus de l'immigration réussissent aussi bien, voire parfois mieux que les autres !
-On a célébré cette année le trentenaire de la Marche pour l'égalité. La situation des enfants est plus dégradée que celle de leurs parents...
La Marche pour l'égalité et contre le racisme marque l'irruption des générations issues de l'immigration sur la scène politique et dans le débat public. Majoritairement originaires du Maghreb, mais aussi de parents français, les jeunes de 1983 clament : «Nous sommes français, nous croyons en l'égalité des droits et nous la voulons». Ils sont parfaitement républicains. Aujourd'hui, les générations issues de l'immigration sont toujours très attachées aux principes républicains, aux idéaux de la méritocratie française, mais la désillusion est grande. Et elle n'est pas démentie par les discriminations qui frappent plus fortement et plus durement les «seconde et troisième générations» que leurs parents immigrés. La société française ne sait pas toujours reconnaître en ces jeunes issus de l'immigration ses propres enfants.
-Est-il vrai que la religiosité gagne du terrain et que le «musulman» a remplacé «l'Arabe» ?
Les stéréotypes se sont focalisés d'abord sur la figure du travailleur étranger, puis de l'immigré, puis du jeune issu de l'immigration et il est vrai qu'aujourd'hui la figure du musulman cristallise de nombreuses peurs et tensions. On dit volontiers que l'islam des parents était un «islam discret», mais c'était surtout la peur, voire la honte, qui rendaient l'islam invisible, avec en arrière-plan l'idée du retour.
Aujourd'hui, les générations actuelles revendiquent ou tout au moins ne dissimulent plus leur croyance et leur pratique de la religion. Cette «visibilisation» de l'islam de jeunes générations de Français peut heurter dans un contexte de tensions autour de la laïcité. Pourtant, si les jeunes musulmans sont attachés à leur religion, la majorité se reconnaît dans les principes de laïcité. Il ne s'agit pas d'un islam de radicalisation ou de rupture et la religion n'est qu'une composante de leur identité.


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