L'avant-première du film intitulé L'Andalou, réalisé par Mohamed Chouikh, a été étrennée, jeudi soir, à la salle El Mougar, en présence de toute l'équipe de tournage. Enfin, le film L'Andalou est sorti. Un projet existant depuis neuf ans et qui a traîné en longueur en raison de problèmes financiers. Last but not least ! Une production Acima Film, et une coproduction algéro-hispano-tunisienne. Un production méditerranéenne, quoi ! Un film conçu à quatre mains. Réalisé par Mohamed Chouikh et produit par Yamina Chouikh. Un couple qui ne fait pas dans la figuration. Le cinéma, chez les Chouikh, c'est une affaire de famille. Après Douar de femmes datant de 2005, Mohamed Chouikh revient au devant de la scène et derrière la caméra avec un tout autre genre. Un film historique. Et de surcroît sur l'Andalousie et le Maghreb médiéval. Donc, le tandem Mohamed et Yamina Chouikh s'est essayé à un exercice de style laborieux et difficile, cinématographiquement parlant, nécessitant des moyens conséquents. Ce qui est méritoire, c'est que L'Andalou est un film retraçant une quête initiatique, existentielle et philosophique. Et surtout ce message délivré. Celui de la tolérance. L'Andalou met en vedette Mohamed Benbakreti (Salim), Malika Belbey (princesse Mansourah), Bahia Rachedi (reine Aïcha), Hassan Kechach (Emir Halid El Abd), Amina Loukil (Maria), Jean-Louis Andugar (commandant d'Argotte), Marie Delvas (reine Isabelle), ou encore Pedro Delvas (roi Ferdinand). Le pitch du film ? Salim, fils d'Abu Haza, juriste musulman, et de Maria Rodriguez, une catholique, quitte Malaga pour Grenade où il achève ses études. Il devient le plus jeune secrétaire de la reine Aïcha, mère de Boabdil. Après la chute de Grenade, il s'exile avec sa famille et celle de son ami Isaac, tailleur juif, à Andarach. A la recherche d'un refuge, ils opteront pour les côtes du Maghreb (l'Algérie). A son arrivée, il sera recueilli et engagé par un émir puissant comme secrétaire confidentiel de ses trois filles. Il deviendra un grand intendant et épousera la princesse Mansourah dont il était amoureux. La Reconquista le rattrape à Oran et bouleverse le royaume fragile devenant le vassal de la couronne d'Espagne. Maîtrisant les langues ibériques, Salim deviendra l'interprète et l'ami du commandant d'Argotte, et il sera aussi l'allié et le confident d'autres princes. Il est au cœur des événements bouleversant le Maghreb. La Reconquista espagnole et l'arrivée des Turcs… Salim, personnage à la Paolo Coelho Aussi, L'Andalou nous propose un voyage en observant des haltes à Grenade, Fez, Mostaganem, Oran, El Makaâ, Tenès, Tlemcen, Alger… Un périple émaillé d'intrigues, d'assassinats, de traîtrises, complots, conciliabules et surtout des desseins et autres velléités colonialistes et expansionnistes des Espagnols et des Turcs. Dans tout cela, l'amour triomphera. Celui de Salim et Mansourah. Symbole de paix et de tolérance L'Andalou recèle une débauche de séquences d'intérieurs entrecoupées d'extérieurs. On reconnaîtra les ruines romaines de Tipasa et les enceintes, les couloirs et les galeries du Bastion 23, à Alger. Cependant, on notera quelques lourdeurs dans les dialogues. Des fois, certains comédiens, au lieu de dire le texte ou l'échange le récitaient. «Tous les personnages du film sont historiques. Que pouvais-je faire par rapport à l'histoire ? C'était difficile pour moi de raconter toute l'histoire dans un scénario. Aussi, l'Histoire est-elle condensée dans L'Andalou. On peut faire plusieurs films sur la même période. J'ai prévu une version feuilleton télévisé pour ce film», avait précisé Mohamed Chouikh (conférence de presse in El Watan du 11 mars 2014). Pour rappel, Mohamed Chouikh a déjà été acteur dans L'Aube des damnés de Lakhdar Hamina, Hors-la-loi de Tewfiq Farès (1969). Il incarnera aussi le partenaire tragique de Marie-José Nat dans Elise ou la vraie vie de Michel Drach (1970). Il se versera dans la réalisation à travers des films comme Al-Massab, Rupture, La Citadelle, Youcef, La légende du septième dormant, L'Arche du désert ou encore Douar de femmes.