L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des dirigeants du mouvement Hamas sont parvenus à une entente pour la formation d'un gouvernement d'union nationale afin de faire avancer la réconciliation interpalestinienne. Ghaza De notre correspondant Après de longues discussions, les leaders de l'OLP et du mouvement Hamas, les deux frères ennemis, ont convenu d'enterrer la hache de guerre et de mettre leurs divergences politiques de côté afin de permettre au peuple palestinien de bâtir un front solide contre le gouvernement de Benjamin Netanyahou. L'annonce de l'accord mettant fin aux divisions et de l'amorce d'un processus de réconciliation est intervenue dans la nuit de mardi à mercredi, lors d'une réunion à Ghaza. Les responsables palestiniens de l'OLP et du Hamas se sont ainsi entendus pour former un gouvernement d'union nationale composé de technocrates d'ici cinq semaines. La mission du nouveau gouvernement, dont la durée de vie ne devrait pas excéder 6 mois, est de préparer des élections législatives et présidentielle. Les deux parties ont également fait part de progrès dans les discussions se rapportant à la tenue d'élections (législatives et présidentielle) et la composition de l'OLP. Une heure après l'annonce par les dirigeants du Fatah et du Hamas de la fin de la division, quelques dizaines de jeunes et de femmes se sont rassemblés dans le centre-ville de Ghaza pour fêter l'événement. Mais c'était loin de la grande liesse. Souvent déçue par de telles annonces, la rue palestinienne n'a en effet pas laissé exploser sa joie. Cette prudence est compréhensible : plusieurs annonces faisant état d'accords sur tous les points… de désaccord, que ce soit au Caire en 2011 ou à Doha en 2012, après des centaines d'heures de discussion, n'ont pas été suivies de mesures pratiques sur le terrain. «Une nouvelle déception serait très dure à accepter. Je préfère rester prudent. Ce genre de discours, nous l'avons beaucoup entendu par le passé et comme vous pouvez le constater, la situation n'a pas changé depuis des années. Je préfère attendre l'application de l'accord», a expliqué à El Watan Nehad, un ancien policier de 40 ans, sans travail depuis l'été 2007, soit juste après la prise du pouvoir à Ghaza par le mouvement Hamas par la force des armes. Oublier les anciennes rancunes Les tensions entre Hamas et Fatah, le principal parti de l'OLP, ont, rappelle-t-on, atteint leur pic en 2007 lorsque les affrontements entre les deux groupes ont mené à la prise de Ghaza par le Hamas, divisant de fait le territoire palestinien en deux. Fatah et Hamas gouvernent depuis respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Ghaza. Ils ont signé, en 2011 au Caire, un accord de réconciliation pour mettre fin à la division politique entre les deux territoires, mais la plupart des clauses sont restées lettre morte et les échéances constamment repoussées. La délégation de l'OLP, qui a gagné mardi soir la bande de Ghaza, est conduite par Azzam Al Ahmad, un dirigeant du mouvement Fatah. Elle a été accueillie par le chef du gouvernement Hamas à Ghaza, Ismaïl Haniyeh. Les entretiens se sont déroulés à huis clos et se sont poursuivis hier. M. Haniyeh, en recevant chez lui les délégués de l'OLP, a appelé «à mettre en œuvre la réconciliation palestinienne pour parvenir à un seul gouvernement, un seul système politique et un seul programme national». Le chef du gouvernement Hamas à Ghaza a insisté par ailleurs sur la nécessité de mettre en œuvre l'accord de réconciliation immédiatement et selon ce qui a été convenu au Caire et à Doha, soulignant le fait que «l'option de la réconciliation est un choix national palestinien soutenu par les pays arabes». Dans son discours prononcé mardi lors de la réception de la délégation de la réconciliation en présence des personnalités nationales et les dirigeants des factions, M. Haniyeh a indiqué : «Aujourd'hui, nous sommes à l'étape de la mise en œuvre de ce qui a été convenu». «Nous parlons de la réconciliation sur les terres palestiniennes pour assurer que le choix de la réconciliation est un véritable désir palestinien», a-t-il ajouté. Mieux Vaut tard que jamais Le responsable du Hamas a souligné en outre l'importance d'achever la réconciliation et de mettre fin à la division pour former un gouvernement unifié et un seul régime politique, sous une seule direction et sur un programme national «appelant à s'accorder sur la direction de la décision politique». Aussi, M. Haniyeh a exigé l'adoption d'une stratégie nationale unifiée pour déterminer les objectifs et mécanismes qui aident à le réaliser, avec en premier lieu l'attachement aux droits et principes palestiniens et l'accord sur les formes et mécanismes pour réaliser ces fins à la liberté, le retour, l'indépendance et la création de l'Etat. «Nous voulons résoudre les cinq dossiers déjà convenus, à savoir les élections, l'OLP, le gouvernement, la réconciliation sociale, lasécurité et les libertés publiques », a-t-il poursuivi. De son côté, le chef de la délégation de l'OLP présente à Ghaza, Azzam Al Ahmad, s'est dit «heureux que le moment soit venu de mettre fin à la division». Mais au-delà des mots, les Palestiniens attendent surtout du concret de leurs dirigeants. Ils espèrent tout au moins que les responsables de l'OLP et de Hamas tiendront cette fois leurs promesses. A signaler que le gouvernement israélien s'est employait, hier durant toute la journée, à gâcher la joie des Palestiniens. Un drone israélien a, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas, effectué une frappe sur le nord de Ghaza, à Beit Lahiya, blessant sept civils palestiniens. L'attaque a eu lieu à moins de 2 km du lieu de la réunion des dirigeants du Fatah et du Hamas. Gravement atteint, l'un des sept blessés a été évacué vers l'hôpital Al Shifa de Ghaza. Le message est clair. Israël fera tout pour que les Palestiniens restent divisés. Une manière de réaliser ses plans et de brouiller une nouvelle fois les cartes en usant de plus de violence et en faisant couler davantage de sang.
