À défaut de chirurgiens, le service de cardiologie de l'hôpital pédiatrique de Canastel est à l'arrêt depuis 3 semaines. Conséquence : on déplore la souffrance de plusieurs centaines de malades. Pis encore, le nombre d'enfants morts est loin d'être connu. Le service de cardiologie de l'hôpital pédiatrique de Canastel est à l'arrêt depuis 3 semaines. Le seul chirurgien pédiatre à y être de service est actuellement en formation en France. Les parents d'enfants atteints de cardiopathies ne savent plus aujourd'hui à quel saint se vouer. Dans le privé, les frais d'une opération atteignent des sommes mirobolantes. Dans cette situation chaotique, on déplore la mort d'enfants en bas âges. Combien sont-ils ? Aucun chiffre n'est connu pour le moment. C'est dire combien l'arrêt de ce service, fût-il temporaire, a suscité une indignation générale dans l'Ouest du pays. Le Civic d'Oran (Comité d'Initiatives et de Vigilances Citoyennes) a réagi. «Face à la douleur des parents d'enfants décédés et suite à la détresse des enfants restés sans soins efficaces à cause de la fermeture du service de cardiologie de l'Hôpital de Canastel, les mots suffisent à peine pour exprimer la compassion, la solidarité», peut-on lire dans son communiqué. «Le CIVIC, très affecté par le malheur qui s'est abattu sur ces enfants innocents, présente ses condoléances les plus attristées à toutes les familles touchées par le décès de leurs enfants. Il se fait un devoir de dénoncer, sans plus attendre, ce qui, dans ce drame, relève de l'humain, de l'incompétence, de l'incurie irresponsable». Le bureau d'Oran de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, pour sa part, réclame «la réouverture de ce service et son renforcement pour ne pas ajouter d'autres malheurs et entraves comme ceux provoqués par la nécessité de prendre en charge le transport vers d'autres centre médicaux, l'hébergement des parents et les attentes qui vous tuent à petit feu sans parler de l'éloignement par rapport à la famille qui ne peut que perturber gravement nos enfants malades». Cette indignation générale a incité le directeur de l'EHS Canastel, M. Boumediène Mebrouk, à organiser un point de presse dans la matinée d'hier. Fraîchement installé à la tête de cet établissement pédiatrique, M. Boumediene a tenté d'éclaircir certains points. «L'hôpital a bénéficié, ces derniers temps, de l'envoi d'autres spécialistes pour renforcer l'effectif, mais hélas, pas dans le domaine de la chirurgie cardiaque», annoncera-t-il. «On est en contact avec le ministère de la Santé. Pour nous, la seule priorité en ce moment, c'est la chirurgie cardiaque. J'ai réclamé l'envoi de pédiatres et de réanimateurs supplémentaires, et au moins d'un cardiologue», dira-t-il encore. On apprendra que 10 à 15 malades se présentent journellement au niveau de ce service. Parmi eux, ceux qui souffrent de problèmes congénitaux sont diagnostiqués sur place, avant d'être orientés, par le biais de la CNAS, vers des établissements spécialisés situés à Alger, qui reprennent le relais. Depuis 2012, pas moins de 210 malades ont été admis dans ce service de chirurgie cardiaque et cardiologie pédiatrique. La grande majorité (70%) relève des cardiopathies congénitales, 20% de cardiomyopathies, 10% de troubles cardiaques, 8% cardiopathies infectieuses et enfin 2% pour des tumeurs cardiaques. Concernant le scanner de l'hôpital pédiatrique, en panne depuis le mois d'août dernier, on apprendra que le directeur de l'E.H.S. a déposé plainte contre la société Phillips Algérie, à cause de pièces défectueuses. Le tribunal, pour sa part, a réclamé une expertise.
