Commerce intérieur: réunion consacrée au suivi de l'évolution des prix sur le marché    Génocide sioniste: un cessez-le-feu et la levée du siège sont nécessaires de toute urgence à Ghaza    Représentant le président de la République, Larbaoui participe en Espagne à l'ouverture de la Conférence FfD4    Le CNC sacré champion national de water-polo dans quatre catégories    Un défi pour le développement et la sécurité de l'Afrique    Ooredoo participe à la 4e édition du Salon international Alpharma    Nous n'avons jamais été aussi près de la Troisième Guerre mondiale    Crime contre l'humanité à Ghaza !    L'Algérie renforce son cap vers un développement durable ambitieux    Une sixième pour les finalistes    Farid Boukaïs nouveau président    Plusieurs clous et des objets métalliques retirés de l'estomac d'un patient    Saâdaoui salue les performances de plusieurs établissements scolaires    Le Bazane, tenue traditionnelle reflétant l'identité culturelle authentique de la région de Bordj Badji-Mokhtar    clôture de la 1ère édition du Championnat arabe de robotique et d'intelligence artificielle    Disparition de Marwa Boughachiche : l'analyse ADN du corps retrouvé dans la forêt de Djebel El Ouahch correspond à la jeune fille disparue    La question sahraouie, l'une des plus grandes injustices non encore levées    FIA : une participation record témoignant de l'attractivité du marché national et de l'amélioration du climat d'investissement    Tennis/Circuit africain ITF/CAT (U14) 2e étape: trois médailles pour l'Algérie dont deux en argent    L'importance de la formation continue des médecins, des psychologues et des sociologues soulignée à Sétif    Olympiades algériennes des mathématiques: Sadaoui rencontre les élèves participant aux épreuves qualificatives    Le Conseil de la nation participe en Grèce à la 296e session du Comité exécutif de l'UIP    Ballalou préside le lancement du programme "Hiya" dédié aux porteuses de projets cinématographiques    Commémoration du 70e anniversaire de la composition de l'hymne national "Kassaman"    Ouverture du 1e salon national de la manifestation culturelle "forum du livre"    Arkab examine avec l'ambassadeur du Kazakhstan les moyens de renforcer la coopération bilatérale    Agrément à la nomination du nouvel ambassadeur d'Algérie au Laos    Victoire de l'Algérien Skander Djamil Athmani    Premier ministre se rend à Séville pour participer à la 4e Conférence internationale sur le financement du développement    24ème Coupe d'Algérie minimes cadets de Vovinam Viet Vo Dao: les athlètes d'Alger filles et Boumerdès garçons se distinguent à El Bayadh    Renforcer la sensibilisation au sein des familles    Lancement officiel de l'application « Discover Algeria »    Vers une approche pragmatique !    A peine installée, la commission d'enquête à pied d'œuvre    «L'Algérie, forte de ses institutions et de son peuple, ne se laissera pas intimider !»    Le président de la République inaugure la 56e Foire internationale d'Alger    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Maurice Audin : Un assassinat pour l'exemple
Contributions : les autres articles
Publié dans El Watan le 05 - 07 - 2014

C'est ainsi que le patron de l'armée française à Alger, le général Massu, à l'époque des faits, voulait envoyer un message en direction d'autres candidats intellectuels ou pas, souhaitant remettre en cause la présence française en Algérie.
Le 11 juin 1957, Maurice Audin, 25 ans, mathématicien à la faculté d'Alger, militant communiste pacifiste de la cause nationale, est arrêté à son domicile par des militaires français sous les yeux hébétés de sa jeune épouse et de ses trois enfants en bas âge. Depuis cette date, il ne reverra plus jamais les siens. L'énigme de sa disparition marquera profondément l'histoire de la guerre d'Algérie. Il sera torturé, assassiné puis enseveli sous terre par ses geôliers d'une manière abominable, son corps ne sera jamais retrouvé, sa femme n'ayant pratiquement pas fait le deuil de son mari.
La version officielle
Le général Massu, en charge de la sécurité publique à Alger, était parfaitement au courant de son arrestation et de son interrogatoire poussé, il savait aussi qu'un communiste engagé, aux mains du sinistre groupe Aussaresses, aurait très peu de chance d'en sortir vivant. Au nom des impératifs de rétablissement de la sécurité à Alger, il cautionnera son exécution en couvrant tous ceux qui ont participé à cette œuvre macabre. Selon la version officielle de l'armée, Maurice Audin se serait échappé de la Jeep qui devait le ramener vers un autre centre de détention.
Cette thèse concoctée dans la précipitation ressemble à quelques détails près à d'autres cas d'exécution de détenus algériens encombrants. Bien entendu, personne n'a cru à ce mensonge «officiel», un communiqué établi au nom de la France qui restera un discrédit indélébile de la politique suivie par le pouvoir de l'époque. L'enquête réalisée, en 1958, par son ami, compagnon de lutte et codétenu, Pierre Vidal-Naquet, aboutit à la conclusion qu'il ne pouvait pas s'échapper, mais qu'il aurait été exécuté par les parachutistes durant les séances de torture. Le consentement implicite du pouvoir politique était clair aux yeux de l'armée, son exécution se devait d'être «pour l'exemple», c'est un Français, de surcroît communiste, de quoi donner à réfléchir à d'autres candidats mal orientés politiquement.
La grande muette
Pendant des années, on a cru qu'il aurait été étranglé par un de ses bourreaux, en l'occurrence le lieutenant Charbonnier. Cette thèse n'a pas été confirmée ni infirmée d'ailleurs. Dans un contexte aussi flou, caractérisé par le silence absolu observé par l'armée, que certains historiens appellent «la grande muette», il était devenu difficile d'apporter la moindre réponse fiable à cette disparition sans une participation désintéressée des principaux acteurs. Tous les historiens et même sa fille, Michèle, qui se sont penchés sur l'énigme Audin à la recherche de la vérité sur sa disparition buteront contre cette grande muette qui a maintenu un black-out terrifiant à ce sujet. Son épouse a catégoriquement rejeté cette thèse et il est facile de comprendre pourquoi.
Aussaresses et sa conscience
En mars 2012, la journaliste Nathalie Funès du Nouvel Observateur publie des articles et révèle qu'Audin aurait été tué sur ordre du lieutenant Garcet. Elle s'est basée sur des carnets de notes appartenant à l'ancien colonel Yves Godard, commandant de la zone Alger-Sahel en 1957, un proche du général Massu. Ces carnets de notes se trouveraient dans les archives d'une université américaine. Yves Godard, après avoir quitté l'Algérie en 1962, n'est pas retourné du tout en France, il demeura jusqu'à sa mort en Belgique.
Cette thèse sera aussi accueillie avec scepticisme, mais pour la première fois elle conforte l'idée d'un ordre transmis par la hiérarchie militaire et la responsabilité du général Massu. Elle a aussi permis de citer le nom de l'exécuteur, un lieutenant subalterne du tortionnaire Aussaresses, en charge des basses besognes de l'armée. Maintenant que le chemin des divulgations est un peu mieux balisé, il ne restait plus à ce dernier que de passer à table. C'est ainsi que sur pression de sa nouvelle femme et de sa fille, Aussaresses, peu avant sa mort, révèlera à l'écrivain Jean-Charles Deniau que le lieutenant cité par le colonel Godard est bien l'auteur du coup de poignard fatal qui tua Maurice Audin.
Il avoua aussi qu'il serait enterré quelque part à 20 km environ d'Alger, mais il ne révélera pas le lieu exact. Ces aveux tardifs n'apporteront pas plus d'éclaircissements par rapport à ce que l'on savait ou supposait, ils seront rejetés par l'épouse d'Audin. C'était avec une voix caverneuse et affaiblie, signe d'une fin de vie proche, que ce général s'est confessé. Il ne regrette rien de son passé et refuse toute idée de repentance. Le long chemin de la vérité est de plus en plus lointain. Les acteurs-clés de ce drame disparaissent l'un après l'autre sans avoir révélé leur part de vérité. Le lieutenant Garcet, toujours en vie, refuse tout contact avec la presse. De grands noms du monde scientifique et littéraire, des illustres savants et prix Nobel tels que Laurent Schwartz et Yves Montagnier ont participé à des comités sur la recherche de la vérité sur la disparition de Maurice, force est de constater que cette vérité est toujours d'actualité.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.