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Forte influence des milieux d'affaires : L'argent à l'assaut du pouvoir politique
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Publié dans El Watan le 16 - 07 - 2014

Argent et pouvoir, rapport parfois conflictuel, jamais discutable. La résurgence des scandales politico-financiers au sein des grandes démocraties occidentales nous rappelle d'ailleurs, à chaque fois, la promiscuité entre milieux d'affaires et centres de décision politiques. La série de scandales qui a ébranlé l'un des plus importants partis de France illustre cet état de fait. Serait-ce néanmoins une spécificité des systèmes politiques assis sur l'économie de marché ? Quand il s'agit d'argent, tout le monde a la même religion, disait Voltaire.
L'Algérie ne peut en aucun cas échapper à un phénomène qui a de tout temps fait partie de la dynamique de pouvoir. Il fut un temps où les rapports entre argent et politique étaient marqués par le sceau du secret, transitant par des réseaux souterrains et informels, dont l'opinion n'avait vent que par d'intermittentes rumeurs. 2014 a toutefois marqué un tournant en la matière. Les soutiens financiers du clan présidentiel sont sortis de leur traditionnelle réserve pour s'afficher et opérer un coup de force dans l'organisation patronale la plus importante du pays. Levée de fonds obligatoire, motion de soutien au président-candidat et pressions étaient d'ailleurs le lot des membres du Forum des chefs d'entreprises, à la veille de l'élection présidentielle d'avril.
De ces soutiens, un homme se démarquera comme étant le chef de file des pro-Bouteflika au sein du patronat algérien : Ali Haddad, dont la proximité avec le frère du président de la République est passée de supposée à certaine. Chef de file d'un bataillon de businessmen dont la survie ne dépend que du bon vouloir du système. Symptôme d'une cohorte de rentiers versant dans la cooptation avec zèle ou reflet de l'inquiétude de ceux-ci à voir arriver la fin d'un système qui leur permet un enrichissement sans limite ? Les explications diffèrent.
Si certains hommes d'affaires que nous avons contactés ont refusé de répondre à nos questions sur le sujet, à l'image de Ali Haddad ou encore Réda Hamiani, nombreux sont les observateurs du milieu des affaires algérien qui n'ont pas hésité à commenter la situation. Nos interlocuteurs s'accordent ainsi à dire que les soutiens financiers du clan au pouvoir partagent un seul et même profil. Celui des produits finis, soit des prête-noms pour toutes les transactions dans lesquelles il serait hasardeux pour un décideur de s'impliquer directement.
Pouvoir informel
Cela explique en partie la propension de certains de ces «hommes d'affaires» à afficher dans les différents salons des liens de parenté réels ou supposés avec des décideurs. On nous explique ainsi que tous se targuent d'être amis ou proches du général untel ou untel. L'un de nos interlocuteurs cite d'ailleurs l'exemple de Abdelghani Djerrar, patron de la défunte Tonic Emballage, qui criait à qui voulait l'entendre être associé à feu le général Mohamed Lamari. Une contrevérité, selon nos sources. Idem pour Ali Haddad, qui a surfé sur un supposé parrainage du général Mohamed Touati des patrons originaires de la région de Kabylie.
Il va sans dire que des associations informelles existent entre milieux d'affaires et centres de décision. C'est à l'image de ce député, réputé à l'Assemblée pour le peu de scrupule qu'il affiche en tant qu'«homme d'affaires» bénéficiant du parrainage d'un très haut gradé de l'armée. Une seule règle subsiste toutefois entre ceux qui tirent les ficelles, celle de ne pas se marcher sur les plates-bandes.
L'autre trait d'union entre les membres des milieux d'affaires algériens est «le modèle économique», si l'on peut l'appeler ainsi, selon lequel ils fonctionnent. Que ce soit ETRHB, Kouninef, Tahkout et bien d'autres, ces entreprises ne seraient rien sans la commande publique.
Les soutiens financiers se caractérisent aussi par le fait d'être de gros importateurs, pour les cas de ETRHB Haddad et Kouninef, de bitume hollandais payé en Chine et transitant par le Maroc, de véhicules pour les concessionnaires comme Iveco et Maazouz, de produits alimentaires de base en ce qui concerne ceux qui activent dans l'agroalimentaire. Ils ont tous bénéficié d'une opération de cession d'entreprise publique gagnante qui leur a permis non seulement de mettre la main sur des actifs industriels de qualité et sur des stocks appréciables, mais aussi de bénéficier de lignes de crédit. A titre d'exemple, Kouninef a ainsi repris Cogral, filiale de l'ex-ENCG, Maazouz a hérité de N'gaous.
Ces businessmen ont aussi la particularité de flirter avec les limites de la réglementation, si ce n'est tout simplement pour tirer profit du système d'aides, avantages et subventions accordés par l'Etat. C'est ainsi qu'un Maazouz peut encore se présenter en tant que concessionnaire multimarques tandis que la loi l'interdit désormais.
Si les personnalités diffèrent, leur réussite est commune, elle est fulgurante et alimentée par les bonnes grâces du Trésor public. Des activités qui permettent à beaucoup de ces prête-noms de se constituer un matelas financier et de transférer d'importantes ressources à l'étranger par le biais de surfacturations à l'import, nous explique-t-on. Avant d'ajouter que la gestion de ce genre d'entreprises est chaotique et qu'un audit, qui irait au-delà des constats de complaisance établis par certains commissaires aux comptes, révèlerait de nombreuses avaries.
D'ailleurs, nos sources affirment que ce «modèle économique» ne pourrait subsister sans l'informel et sans un pouvoir politique encourageant l'informel et à la politique fiscale accommodante. C'est d'ailleurs la domination des réseaux informels qui permet à ces réseaux financiers de dégager les fonds nécessaires pour arroser les donneurs d'ordres dans les cas les plus simples. Des fonds aussi indispensables pour financer l'élection de leurs poulains et l'entretien de leurs relations en haut lieu.
Nomination de ministres
S'il est vrai que l'achat de voix, de listes électorales et de sièges aux assemblées élues ne saurait aller de pair avec la traçabilité et la transparence, un phénomène inquiète de plus en plus certains hommes politiques. L'un d'eux nous explique ainsi que si le fait de remplir des bus et des salles avec de supposés fervents militants nécessite de l'argent pour entretenir tout ce beau monde, c'est la corruption qui gangrène aujourd'hui les rouages de la fonction électorale. Se disant témoin de certains dépassements à l'occasion d'échéances électorales locales, il évoque la corruption d'agents de contrôle et de surveillance à l'aide de fonds qui ne peuvent provenir que de réseaux informels.
A un plus haut niveau, l'interaction entre les réseaux d'affaires et les centres de décision semble prendre de nouvelles formes. Si certains se complaisent dans le statut de prête-noms ne cherchant qu'à tirer profit du système en place, beaucoup sont méconnus de l'opinion publique alors que d'autres veulent peser. C'est le cas, particulièrement, de Ali Haddad. Celui qui use des médias – ses deux quotidiens mais surtout ses deux chaînes de télévision comme vecteur d'opinion – devient de plus en plus actif en politique. Il y a quelques jours, la secrétaire générale du Parti des travailleurs accusait Ali Haddad de vouloir peser sur la nomination d'un nouveau patron à la tête de Sonatrach.
Pétard mouillé, affirment nos sources. Celles-ci misent plutôt sur l'influence certaine qu'aura l'homme d'affaires sur le tout nouveau ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb. Si certains n'hésitent pas à mettre sur le compte de l'intervention de Ali Haddad la nomination de Bouchouareb à l'Industrie, d'autres se font plus circonspects à ce propos. Nos sources expliquent qu'il s'agit là plus de proximité en raison de l'amitié liant Haddad au frère du Président et celle liant celui-ci à Bouchouareb. Une amitié née et ayant évolué au fil des participations du ministre de l'Industrie aux différentes campagnes électorales au nom du RND depuis 2004. Une nomination qu'ils mettent d'ailleurs sur le compte de la récente redistribution des pouvoirs avec les Services.
En tout état de cause, cette proximité gêne et pourrait expliquer l'échange de politesses entre le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, les responsables du Forum des chefs d'entreprises et le ministre de l'Industrie et des Mines.
Une nomination qui aura aussi conduit Amara Benyounès, autre fervent soutien du clan présidentiel, à prendre la tête du département du Commerce, laquelle sera aussi lourde de conséquences car marquée par une redistribution des cartes non seulement au sein des structures ministérielles, mais aussi au sein des Chambres de commerce. Des Chambres de commerce dominées, depuis la nomination de Djaâboub au Commerce, par les structures de l'UGCAA, elle-même influencée et interagissant avec les membres du parti MSP.
L'élection d'un nouveau président de la CACI, prévue en septembre prochain, marquera d'ailleurs un renversement de tendance. La CACI sera donc une institution de plus à amener dans le giron. Une institution bien plus importante que le FCE. Car si le Forum réunit quelque 700 membres, les adhésions à la CACI se comptent par dizaines de milliers. Une institution sous tutelle de l'administration et qui est, de fait, associée au processus de décision économique. C'est aussi la porte par laquelle quiconque pourrait développer ses réseaux internationaux.
L'argent laisse toujours une trace
Mais qu'est-ce qui fait tant courir ces réseaux ? Qu'est-ce qui alimente leur voracité ? Certains affirment de prime abord que l'argent est bon valet mais mauvais maître et, par conséquent, ces réseaux pourraient commencer à échapper à leurs maîtres car l'argent a sa propre logique. D'autres avancent qu'ils sentent que le quinquennat qui s'annonce pourrait être le dernier d'opulence. Certains diront simplement que c'est la peur qui les anime.
La maladie du président de la République et la perspective de voir le système en place prendre fin «de manière précoce» les pousseraient ainsi à anticiper. Transférer des fonds à l'étranger semble aujourd'hui une priorité. Des courtiers en placements viendraient d'ailleurs régulièrement de Monaco pour proposer des produits financiers à Alger.
Cependant, nos sources affirment que l'argent laisse toujours une trace. Si de tout temps, l'argent mal acquis a pu transiter en toute impunité par les paradis fiscaux européens, les choses commencent à changer, nous explique-t-on. La Convention des Nations unies sur la lutte contre la corruption permet aujourd'hui à n'importe quel groupe d'individus de demander des informations au sujet des acquisitions de leurs dirigeants dans tout pays étranger. On nous explique aussi que la levée du secret bancaire en Europe dès 2015 risque d'accélérer le mouvement en marquant la fin des paradis fiscaux à Monaco, au Luxembourg et en Suisse.
Le mouvement est d'ailleurs déjà en marche en Allemagne. Avec l'arrivée de nouveaux dirigeants à la tête d'entreprises européennes, de vieux dossiers ressortent, à l'image du dossier Man avec SNVI. Les comptes et les avoirs de responsables algériens auraient été bloqués. En attendant, ce sont les institutions de l'Etat qui sont foulées aux pieds. L'Algérie exporte sa richesse et dépense des milliards dans des structures qui ne survivront peut-être pas à leur initiateur.


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