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Réformes de l'école de Taleb Ibrahimi à Nouria Benghebrit
Chronologie d'une politique éducative au rabais
Publié dans El Watan le 19 - 07 - 2014

L'école algérienne, sauf pour ceux qui s'entêtent à ne pas l'admettre, est au creux de la vague. Toutes les réformes engagées jusqu'à présent n'ont pas su générer la qualité tant attendue conformément aux vives aspirations de la société algérienne.
La nouvelle ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, promet de révolutionner le système scolaire. Depuis sa nomination à la tête du secteur, elle ne cesse de le dire. Pour elle, la réforme préconisée par la commission Benzaghou chargée, en 1999, par Abdelaziz Bouteflika, fraîchement élu président de la République, de refonder l'école, doit être prise en compte : il faut la reprendre. 15 années après ! Va-t-elle réussir là où ses prédécesseurs ont échoué ? Difficile de remonter la pente pour une «école sinistrée», comme la qualifiait feu Mohamed Boudiaf. En tout cas, autant de temps de perdu à rafistoler un système éducatif obsolète en compromettant l'avenir de nos enfants. Il faut chercher loin dans l'histoire pour tracer le processus de désintégration du système éducatif algérien.
Une politique qui a lamentablement échoué au lendemain de l'indépendance pour deux raisons fondamentales, comme l'a précisé l'actuelle ministre dans un ouvrage cosigné Où va l'Algérie ? La première a trait «à une contrainte historique liée à la tradition jacobine imposée par le modèle scolaire colonial et qui se traduit par une centralisation de l'organisation d'ensemble». La seconde est dictée par «des enjeux sociopolitiques pour les nouveaux dirigeants de l'Algérie indépendante qui ont cherché à asseoir une légitimité par la généralisation de l'enseignement et un développement du sentiment national qui visait à réduire au maximum les particularismes culturels».
C'est donc dans ce contexte politique, celui des années 1960, que les premières réformes ont eu lieu pour disqualifier le système scolaire colonial. Pas en se contentant de l'algérianiser, mais en l'idéologisant à outrance. La couleur a été annoncée, comme le précisait Nouria Benghebrit dans sa contribution à l'ouvrage intitulé Où va l'Algérie ?, en 1970 par le président de la commission nationale chargée de la refonte de l'enseignement, Ahmed Taleb Ibrahimi.
Dans son rapport d'orientation, celui-ci définissait ainsi les valeurs fondamentales devant structurer le système éducatif : «Nous avons souligné que l'islam était la valeur des valeurs dans la vie algérienne et que les autres valeurs ne devaient leur importance, leur existence et la considération dont elles jouissent qu'en fonction de l'harmonisation ou du parallélisme de leur lien avec l'islam, ou bien parce qu'elles en tirent leur origine ou lui sont soumises».
C'est en fait à partir de ce cadre prédéfini que les réformes de 1976 sous le régime de Houari Boumediène ont été dévoyées et se sont structurés l'archaïsme et l'irrationalité. Les incidences sur l'école algérienne sont incommensurables, comme en témoigne le docteur Mohamed Lakhdar Maougal dans une interview accordée au quotidien L'Expression. Selon lui, «ces institutions ont formé un certain nombre de générations composées de gens bilingues, comme le défunt Mustapha Lacheraf, entre autres.»
L'enseignement otage des islamo-baâthistes
«Cela a fait, affirme-t-il, l'objet dès les premières années de l'indépendance d'une lutte atroce menée par des aventuriers (…) qui sont allés ramener des diplômes douteux et des formations bancales du Moyen-Orient et qui sont revenus en donneurs de leçons». «Ils ont terrorisé les politiques de l'époque», souligne M. Maougal qui tranche : «Aujourd'hui, on paye le résultat du système éducatif national qui a été mis en place par ces aventuriers.»
Selon lui, «cette association de défense de la langue arabe et la commission de la réforme de l'arabisation portent une lourde responsabilité dans la décomposition du système éducatif algérien.» «Ce n'est pas une affaire d'idéologie, parce qu'on a dit que l'école est sinistrée et l'école est infiltrée par les islamistes, mais il faut savoir que cela n'est que la conséquence de ce qui a été décidé», explique l'universitaire pour qui tout a été fait pour «écarter tout ce qui se rattache à la culture universelle du système éducatif.»
«Pourtant, dit-il, les valeurs fondamentales de l'éducation ne sont pas propres aux Algériens mais à tous les systèmes d'enseignement dans le monde.» Feu Mustapha Lacheraf, appelé au chevet de l'école, n'a rien pu faire pour stopper la dégringolade programmée par les milieux islamo-baâthistes très forts et avec lesquels le système politique algérien a toujours composé. Dans une contribution publiée en 2007, le docteur Ahmed Djebar, ancien ministre de l'Education nationale, et également ancien ministre de l'Enseignement supérieur sous la présidence de feu Mohamed
Boudiaf, n'en pense pas moins.
Selon lui, «le point essentiel de la réforme de 1976 est l'arabisation totale des enseignements.» «L'élément important de cette option — au-delà de l'affirmation de la prééminence de la langue nationale — est, souligne le Dr Djebar, l'uniformisation du système éducatif qui était auparavant une juxtaposition de deux systèmes à travers deux langues d'enseignement.» Et la première conséquence, selon lui, «de la réforme a concerné les langues étrangères et plus particulièrement la langue française qui allait, désormais, être enseignée à partir de la quatrième année du primaire mais qui dans la pratique a été progressivement marginalisée par le ralentissement de la formation des enseignants et l'encouragement des professeurs de français à se convertir à d'autres disciplines.»
Pour l'ancien ministre de l'Education, «c'est là un exemple d'une décision politique prise en dehors des structures qui gèrent l'éducation et qui a été appliquée avec constance sans qu'aucun texte officiel ne l'ait assumée.» La seconde conséquence, «plus grave, précise-t-il, n'est pas le fait de la réforme elle-même ni de l'application du principe de l'arabisation, mais plutôt un effet induit.» Il s'agit, affirmait-il, «de l'accélération de la baisse du niveau des contenus des enseignements, de l'évolution de la pédagogie vers l'apprentissage passif et de la politisation ou l'idéologisation de certaines, comme la littérature et l'histoire.»
Le docteur Djebar soulignait encore que l'une des causes de l'échec «en est la poursuite, mais à une échelle plus grande, pour répondre aux besoins de l'arabisation, du recrutement d'enseignants nationaux souvent sans aucune qualification et d'enseignants étrangers, techniquement qualifiés, mais dont les profils idéologiques et donc les discours devant les élèves étaient en contradiction flagrante avec la ligne idéologique et culturelle définie dans le texte de la réforme lui-même.» Le résultat, comme l'ont confirmé les experts et les différents rapports des spécialistes est la baisse vertigineuse du niveau de l'enseignement, l'idéologisation des contenus, et comme panacée une déperdition scolaire de 500 000 élèves annuellement. L'école algérienne, sauf pour ceux qui s'entêtent à ne pas l'admettre, est au creux de la vague.
Sous la présidence de Liamine Zeroual, un conseil national pour l'éducation a été créé pour venir au chevet donc d'une école complètement déstructurée. L'ancien chef de l'Etat voulait alors en finir avec l'école fondamentale en retournant à l'ancienne école. Mais, vainement. Il est parti sans pouvoir réformer un système éducatif très malade. En arrivant au pouvoir en 1999, Abdelaziz Bouteflika a subjugué tout le monde en mettant en place, dans le cadre de la série de réformes qu'il allait conduire, la commission nationale de réforme de l'école dirigée par Benali Benzaghou.
Un ouf de soulagement ! Beaucoup se disaient que cette fois c'était la bonne. La manière dont cela a été présenté laissait présager en effet d'une véritable volonté politique d'en finir avec un système éducatif obsolète, improductif, inopérant, archaïque et rétrograde. La commission Benzaghou a travaillé plusieurs mois pour rendre ensuite un rapport exhaustif sur l'état de l'école algérienne : un diagnostic et une thérapie. Seulement, le rapport sera vidé de sa substance et Boubekeur Benbouzid à la tête du secteur depuis plusieurs années déjà procédera à quelques réformettes qui n'apporteront rien. La réforme de l'école promise par Abdelaziz Bouteflika était finalement une pure esbroufe.
Benbouzid, 14 ans à l'éducation pour une école médiocre
Le système d'enseignement algérien continuera à être un objet manipulable entre les mains de bricoleurs, de mauvais en plus. Les réformes présentées par la commision Benzaghou tombent dans les oubliettes, même si en 2003 le remplacement pour une année de Boubekeur Benbouzid muté au ministère de la Jeunesse et des Sports avant de revenir «à la maison», n'a rien apporté au secteur de l'Education. Pourtant, le remplaçant de Benbouzid, Noureddine Salah, a fait beaucoup de bruit en cette rentrée scolaire de 2003 en invitant la famille de l'Education à la mobilisation pour la mise en pratique des recommandations de la commission des réformes. C'était, en fin de compte pour rien.
Le rapport est mis encore une fois sous le coude.
D'après certains spécialistes, le document a été complètement vidé de sa substance par une offensive des partis islamistes et les conservateurs présents dans l'Exécutif. L'école continuera malheureusement à être ce champ d'expériences qui la prolongeront plus dans les ténèbres de la médiocrité. Boubekeur Benbouzid reviendra au ministère de l'Education, il y est resté en tout 14 ans avec un bilan peu glorieux.
Zappant les réformes que nécessite réellement l'école restée en jachère, Boubekeur Benbouzid et celui qui l'a remplacé pendant une année, Nourredine Salah, réussiront à introduire dans le système scolaire une nouvelle méthode d'enseignement, dite approche par les compétences qu'un expert canadien qualifiera dans un livre qu'il a intitulé L'enseignement de l'ignorance. En bout de course, une école au rabais et des responsables politiques qui ont même supprimé des écoles de formation des enseignants, un autre grave problème qui se pose au système éducatif algérien. Ceux parmi eux qui n'ont pas envoyé leurs enfants étudier à l'étranger les ont inscrits à l'école française à Alger. Alors, Nouria Benghebrit qui semble animée d'une réelle volonté de redresser l'école pourra-t-elle réussir là où les autres ont échoué ? Attendons pour voir.


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