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Le centre d'enfouissement de tous les malheurs
à Rouaïssia (Ténès), on s'y oppose avec conviction
Publié dans El Watan le 18 - 09 - 2014

Mobilisation. Un village d'agriculteurs de Rouaïssia, à 10 km de la ville de Ténès, dans la wilaya de Chlef, voit ses habitants unir leurs forces pour contrer un projet qu'ils jugent destructeur pour leur région, leurs enfants, et pour l'avenir des générations futures.
Démunis mais déterminés, pacifiques mais révoltés, ils sont en colère contre le jusqu'au-boutisme des autorités locales. Un Centre d'enfouissement technique (CET) risque de bouleverser négativement tout leur quotidien et mettre fin à une vie plus ou moins paisible, mais amère qu'ils ont menée jusqu'à présent. Ils espèrent que la force de leur argumentaire parviendra à leur faire gagner le soutien des associations de défense de la nature, ainsi que des corporations d'agriculteurs et d'éleveurs.
Perché sur une colline surplombant la mer, jouxtant le Mont Telaghmi, le village de Rouaïssia renferme autant d'atouts qui font de lui un endroit à préserver de toute nuisance. Sauf que le projet de centre d'enfouissement, programmé dans le cadre d'un plan gouvernemental et que la wilaya a été chargée d'exécuter, ne fait pas l'unanimité, et pas seulement dans la bourgade. Les villageois se mobilisent. Ils n'acceptent pas ce centre d'ordures qui s'étendra sur 15 hectares. Il sera régional et accueillera à ses débuts les déchets de six communes.
Selon des universitaires originaires de Ténès, et qui ont choisi de prêter main forte aux agriculteurs, le site d'implantation du site d'enfouissement n'est pas idéal. «On se demande comment ils ont eu l'idée de choisir cette contrée pour le projet. La réglementation est claire à ce sujet. Le centre d'enfouissement dans cette zone ne répond pas aux critères élémentaires décrits par le Guide du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement édité en 2005. Il comprend une forte pente empêchant tout contrôle du drainage des eaux et présente des caractéristiques géologiques et géotechniques défavorables du fait de la perméabilité du sol et de l'absence d'une barrière géologique naturelle.
D'autres critères démontrent que le site choisi n'est pas approprié, entre autres la présence d'une importante nappe phréatique, la proximité avec le littoral, et surtout la caractéristique des lieux dominée par la forêt et le maquis», explique un enseignant de l'université de Chlef, qui a étalé son exposé sur les lieux. Force est de souligner qu'un ex-président de l'APC de Ténès, Kaddour Khobziri, à la tête de la mairie de 2002 à 2007, avait catégoriquement refusé la réalisation du centre d'enfouissement pour les mêmes raisons citées par l'universitaire.
Arrestations arbitraires
La wilaya ne prend pas en considération les alertes des agriculteurs et celles des techniciens et des universitaires qui se sont penchés sur le sujet. L'entrepreneur en charge du chantier subit, selon les dires de certains contestataires, les pressions de la wilaya pour commencer les travaux. Mais cet exécutant trouve toujours devant lui les villageois. Pas résignés et conscients que seule la défense de leur droit peut leur permettre d'éviter le massacre, ils sont toujours présents lorsque les engins entrent sur le site. Déjà que des arbres ont été abattus et qu'une partie de la terre arable a été tout simplement décimée, la catastrophe écologique qui plane rend les villageois furieux, mais ils insistent sur le caractère pacifique de leur protestation. Les autorités, là aussi, ne l'entendent pas de cette oreille.
En juillet dernier, la police a embarqué plus d'une vingtaine de villageois. Ils ont passé la nuit en cellule. Une affaire en justice est en cours. Mais cela n'intimide pas les habitants de Rouaïssia. Selon eux, ils sont du côté de la loi et non le contraire. D'autres raisons sont avancées pour souligner l'incohérence d'un tel projet. «Non seulement il n'est pas rentable économiquement, mais il sera saturé d'ici 5 ans. J'ai élaboré une étude (dont nous détenons une copie) où je démontre clairement que ce site est un mauvais choix. Il existe deux endroits qui peuvent être plus adéquats, car ils sont loin du littoral, et il n'y a aucune nappe phréatique détectée», affirme l'enseignant.
Investissez dans le développement local !
Les villageois restent étonnés devant une telle décision. Ils souffrent pourtant de la rareté des eaux pour leurs vergers et leurs cultures, de l'isolement, et soulèvent les mauvaises conditions de scolarisation de leurs enfants. «Si le gouvernement veut nous aider, pourquoi alors créer un centre d'enfouissement qui nous privera de notre gagne-pain ? Les autorités peuvent facilement creuser des puits pour que nous en finissions avec la pénurie d'eau. La nappe souterraine ici est considérable. Nous sommes obligés de verser chaque semaine 1200 DA pour acheter de l'eau de citerne. Si un budget doit être dégagé pour améliorer notre quotidien et pour que nous nous sentions vraiment citoyens algériens, il faut planifier des projets utiles et non pas ravageurs.»
Selon un cadre, ce centre va coûter la bagatelle de 56 milliards de centimes. «Imaginez si ce montant est investi intelligemment dans l'agriculture, l'élevage de bêtes et d'abeilles ; personne n'aura envie de quitter le village, car il aura le sentiment qu'il a un avenir ici. Mais il semble que des gens veulent pousser la situation au pourrissement. Nous leur rappelons juste que nos pères et nos frères ont combattu le terrorisme. Chaque famille du village a envoyé son enfant chéri pour combattre les terroristes. Que ce soit dans le corps de la gendarmerie ou de l'Armée, ils ont été incorporés avec fierté pour servir le pays. Et voilà qu'aujourd'hui on nous trahit», regrette Messaoud, la cinquantaine bien entamée, agriculteur depuis son enfance.
En évoquant les métiers, les jeunes de Rouaïssia se demandent ce qu'ils peuvent bien faire en ville s'ils sont obligés de quitter le «douar» à cause du centre d'enfouissement. «Tout le monde vit du travail agricole. Nous ne savons pas faire autre chose. Et une partie des jeunes n'a pas eu la chance de fréquenter l'école. Alors, vous imaginez s'ils partent, ils seront désabusés et se perdront», avertit H'med, la trentaine.
Ali Boukrouba, mandaté par le village pour parler au nom des habitants, indique que «la situation s'envenime. Il faut impérativement arrêter ce projet. L'avenir de nos enfants est en jeu. Nous n'acceptons pas ce projet. Les gens de la région de Ténès sont connus pour leur pacifisme, leur patience, leur sagesse, leur sens des responsabilités, mais cela ne doit pas signifier que nous tolérons les dépassements. Ce centre d'enfouissement est un danger non seulement pour les habitants, avec tout ce que cela va causer comme dégâts sur la santé publique, mais également sur l'agriculture locale et sur tout l'écosystème.»
Mourad, ancien professeur d'histoire-géographie et présentement guide touristique, se désole et regrette que la dangerosité d'un tel projet ne puisse pas faire changer d'avis à la wilaya. «Ténès est une belle région. C'est un bijou touristique. Mais il y a peu d'emplois. Ce centre d'enfouissement peut être réalisé ailleurs.» Il faut rappeler que la carrière de gravats faits des ravages, alors que la décision de sa fermeture a été entérinée durant les années 1980 ; décision jamais appliquée. «Avec ce centre d'enfouissement, ils ajouteront un lot de souffrances à toute la population», dit-il.
Avant de quitter le village, un agriculteur n'hésite pas à dénoncer «les volontés malsaines pour faire partir les villageois, prendre leur terre et mettre sur pied des bâtisses hôtelières.» L'avenir nous le dira. Pour le moment, les agriculteurs de Rouaïssia lancent un SOS.


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