Décidément, rien ne se passe plus comme avant dans la société algérienne, un peu plus policée, d'il y a quelques décennies. De jour en jour, la transgression par rapport aux us dépasse l'entendement. Ainsi, hier dans une banque de Témouchent, bondée particulièrement au niveau du caissier, voilà qu'un jeune homme, non sans gêne et d'un ton n'admettant pas le refus tout en jouant des coudes, demande à se renseigner au guichet. Il glisse sa tête, telle une tête de reptile, dans l'hygiaphone pour avoir un aparté avec le guichetier. On l'entendit tout de même lui demandant s'il voulait bien qu'il lui rapporte quelques liasses de billets à passer dans sa machine à billet pour vérifier s'il n'y avait pas parmi elle de la fausse monnaie. L'agent est saisi d'apoplexie en constatant que son interlocuteur ne se rendait pas compte qu'il risquait de lui faire perdre sa place, voire de le mener à la prison pour complicité dans le commerce informel si ce n'est pas pour autre chose de plus grave ! La clientèle, elle, est incrédule face à tant d'impudence. Le guichetier, contenant sa colère, tente d'expliquer à son vis-à-vis l'énormité de sa demande. Il se fait vertement rabrouer : «garde ta morale pour toi pépère». Et, il quitte la banque, furibard. Quelques minutes après, voilà qu'une jeune femme qui venait se faire rembourser des devises demande à une voisine qui, elle, venait récupérer l'allocation touristique s'il lui fallait rapporter comme elle son passeport. La dame lui explique que si c'est pour retirer son argent, il suffit de n'importe quelles pièces d'identité ce qui n'est pas le cas pour l'allocation. Et, ingénument, la jeune femme explique qu'elle vient retirer les devises qu'elle avait louées la veille pour 48h à raison de 4500DA les 1000 Euros ! Elle était sur les charbons à cause de l'affluence de la clientèle qui risquait de rafler tout ce qu'il y avait en caisse, ce qui l'obligerait à revenir le lendemain et à devoir payer 4500 autres DA au prêteur. Renseignements pris, cette pratique est assez répandue. Elle permet d'obtenir un reçu bancaire qui fait foi de la possession de devises, le document étant joint à une demande de visa Schengen. Et si la demande est satisfaite par un consulat, c'est à ce moment que le prétendant au voyage vers l'ailleurs va acquérir des devises au marché parallèle. Normal, dites-vous ?