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L'allocation touristique fixée à 130 euros
Une aberration au pays des 194 milliards de réserves de changes
Publié dans Liberté le 04 - 08 - 2014

Si l'Algérie est le pays le plus riche en ressources en devises dans le Maghreb, il est aussi le pays qui offre à ses citoyens la plus misérable allocation touristique en devises à l'occasion de leurs séjours touristiques à l'étranger. Une situation qui pousse l'Algérien à tricher avec les textes relatifs au change et au mouvement des capitaux juste pour contourner un non-sens économique et sauver... sa dignité.
Juste 48 heures après la célébration de l'Aïd que le mois d'août, celui des grands départs en vacances, est déjà là apportant son lot de rêves mais aussi de tracasseries pour les postulants aux séjours à l'étranger. Des tracasseries liées à la disponibilité des sièges d'avions chez les compagnies aériennes et maritimes, aux offres en voyages organisés au meilleur rapport qualité/prix avec son pouvoir d'achat, aux lits disponibles chez notre voisin tunisien et de visas.
L'autre tracasserie qui accompagne les départs en vacances est, elle, un dénominateur commun entre tous les candidats aux séjours extra-muros, y compris dans le cadre du hadj et de la omra. C'est la question de l'allocation touristique.
L'Algérien bénéficie, depuis les années 1980, d'une allocation touristique annuelle unique équivalente à 15 000 dinars algériens par adulte et 7 500 DA par enfant. En euros, elle est actuellement, selon le cours, de 130 euros par adulte et de 65 euros par enfant.
Cette somme, à l'inverse de ce que peut prêter le terme "allocation" n'est ni une subvention ni une prime, mais juste une possibilité d'achat de devises au cours officiel à hauteur d'un plafond de 15 000 DA.
Ces 130 euros consentis par les pouvoirs publics sont jugés unanimement comme une misère. Un avis que semblent ne pas partager les argentiers du pays du moment que ce dossier n'est pas près d'être rouvert au débat. Une attitude que certains expliquent par le respect des règles de prudence en matière d'usage des ressources en devises du pays mais sans convaincre beaucoup de monde.
130 euros pour l'Algérien contre 2 500 pour le Tunisien et 3 000 pour le Marocain
Si la part de l'Algérien adulte est de 130 euros annuellement, celle des citoyens des autres pays de la région, pourtant aux situations macroéconomiques peu reluisantes, est beaucoup plus importante. Chez nos voisins de l'Est, chaque citoyen a droit, à titre d'allocation touristique annuelle, à l'équivalent de 6 000 dinars tunisiens (2 500 euros). Chez nos voisins de l'Ouest, chaque sujet du roi ouvre droit, et à deux reprises par an, d'un cumulé équivalent de 40 000 dirhams marocains, soit 30 00 euros par adulte.
Ainsi, l'allocation destinée aux Algériens est la moins forte par rapport aux pays du voisinage alors que les réserves de changes en Algérie sont de 194 milliards de dollars contre 18 milliards de dollars pour le Maroc et 78 millions de dollars, dans le meilleur des cas, pour la Tunisie.
Une Algérie qui a des réserves de changes 11 fois supérieures à celles du Maroc, offre une allocation touristique annuelle 23 fois moins (voir tableau).
C'est en se basant sur ces chiffres comparatifs que la majorité des Algériens trouvent sans fondement économique ce qu'ils qualifient d'entêtement des pouvoirs publics à maintenir aussi bas le plafond de l'allocation touristique.
Un non-sens bureaucratique
Un pécule qui n'assure pas le minimum des besoins d'une journée d'un Algérien en déplacement à l'étranger. Actuellement, une nuitée dans un hôtel Ibis, à titre d'exemple, car c'est une chaîne qui publie ses tarifs sur le Net en temps réel, sans petit-déjeuner, est cédée au minimum à 60 euros, un petit-déjeuner est servi à 12 euros la base, alors que deux repas, déjeuner et dîner, sont facturés les deux à 30 euros. Un transfert en aller retour aéroport-hôtel-aéroport avoisine les 30 euros, soit un total de 132 euros.
Or, le budget d'un Algérien en séjour en Tunisie ou en Arabie saoudite, sans le volet découvertes, est d'au minimum 500 euros. Il passe à 950 euros si la destination est un pays d'Europe ou d'Asie.
Pour pallier ces immenses écarts entre les besoins en devises et les 130 euros de l'allocation, le touriste algérien est obligé de se rabattre sur le marché parallèle de la devise. Du coup, les trois quarts des besoins en devises des touristes algériens sont couverts par le marché noir.
Le malheur des Algériens ne s'arrête pas au faible montant de l'allocation. Il s'étend à la lourde procédure qui frise, par moment, l'insensé. La délivrance de l'allocation touristique annuelle en Algérie est soumise à une série de formalités qui diffèrent d'un établissement bancaire à un autre, voire d'une agence à une autre de la même banque. Dans certains guichets, on exige juste un passeport valide avec un visa d'entrée ou une quittance fiscale de 500 DA pour le cas de la Tunisie. Pour d'autres, en plus du visa, le billet d'avion est demandé. Or, depuis déjà 5 ans, le billet est immatériel, juste un numéro de dossier qu'on reçoit sur son portable !
En plus de ces conditions matérielles, le postulant à l'allocation touristique doit se présenter au guichet les jours de disponibilité de la devise et, surtout, pas en fin de journée ou carrément en fin de semaine. De l'avis de plusieurs citoyens de l'intérieur du pays, certaines agences utilisent l'alibi de pénurie d'imprimés pour imposer ce qui s'apparente à un rationnement de la devise.
Toute cette tracasserie administrative est maintenue alors que ni l'achat d'une quittance auprès des recettes des impôts ni d'un billet auprès d'une agence de voyages ne peut garantir la sortie du territoire.
Ces deux dernières années, avec les problèmes liés au visa de la omra, ce n'est souvent qu'à la dernière minute que les candidats au petit pèlerinage reçoivent leur passeport avec le visa et le billet d'avion. Souvent, ils n'ont que quelques heures pour préparer leurs valises et prendre un vol plusieurs fois repoussé à une date ultérieure.
Forte spéculation aux frontières est du pays
Les départs des Algériens en Tunisie à l'approche de la fin d'année sont aussi importants que ceux réalisés durant la saison estivale. En fait, un simple aller-retour d'une journée, de par et d'autre de la frontière, juste pour estampiller le passeport peut rapporter un treizième mois aux chefs de famille. Qu'importe si ce mouvement des populations, d'essence spéculative, est considéré comme arrivées de touristes algériens en Tunisie.
Le procédé est simple. Une famille composée de 5 personnes avec 4 adultes et un enfant va acheter auprès de la banque contre 67 500 DA la somme de 585 euros. Cette dernière somme est cédée, à raison d'un taux de change parallèle à la vente de 155, pour 90 675 dinars. Soit un gain de 23 175 dinars qui équivaut à 1,3 fois le SNMG.
Ainsi, l'argent de l'allocation est remis sur le marché parallèle permettant aux cambistes d'un jour de réaliser des affaires juteuses.
Il va de soi que pour faire face aux dépenses à engager lors d'un séjour à l'étranger, les Algériens en voyage vont se rabattre sur le marché parallèle pour remédier à la carence des pouvoirs publics. Or, ces derniers font le contraire en rendant la tâche dure à ces voyageurs.
En effet, ces derniers sont obligés de justifier l'origine des euros qu'ils font sortir à l'étranger. En achetant l'allocation touristique dans les banques, les voyageurs algériens reçoivent le titre de change justifiant leur possession des 130 euros par adulte. Pour le reste, ils sont obligés de placer la somme, qui doit être inférieure à 7 500 euros, dans un compte devises et la retirer 48 heures après.
Les douanes exigent que cette somme, acquise au noir, transite par un compte devises domicilié dans une banque. Pourquoi cette exigence ? Sur quelle base juridique l'Etat exige, et le mot est faible, à ses citoyens de blanchir l'argent de la spéculation dans des banques agréées ? Une aberration qui frise l'insensé.
En attendant que les argentiers du pays cessent un jour de sacraliser l'allocation touristique, les Algériens continueront à acheter des devises sur le marché parallèle pour les faire transiter par les banques officielles afin de leur donner une odeur de sainteté, pour, enfin, les utiliser à l'étranger lors de leurs voyages touristiques et s'autogarantir des vacances dans la dignité.
Source "Liberté" 2014
M. K.
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