Le président du Croissant-Rouge sahraoui, Yahia Bouhobeini, a déclaré à l'APS que le but de ce rapport déterré en ce moment «est de décourager les donateurs d'octroyer leurs aides aux réfugiés et, par la même, dégrader la situation humanitaire dans les camps de réfugiés sahraouis». L'Union européenne cherche-t-elle à réduire l'aide humanitaire aux réfugiés sahraouis ? En tout cas le Croissant-Rouge sahraoui (CRS) le redoute. Après l'«exhumation» d'un rapport datant de 2007 par la commissaire européenne au Budget, Kristalina Georgieva, le CRS soupçonne des velléités de «décourager les donateurs d'octroyer leurs aides aux réfugiés». Le but de ce rapport déterré en ce moment «est de décourager les donateurs d'octroyer leurs aides aux réfugiés et, par la même, dégrader la situation humanitaire dans les camps de réfugiés sahraouis», a accusé, hier, le président du Croissant-Rouge sahraoui, Yahia Bouhobeini, dans un entretien accordé à l'APS. Il affirmé également que l'Union européenne «n'a jamais établi l'existence de détournement des aides humanitaires» dans les camps de réfugiés sahraouis. M. Bouhobeini a appelé la communauté internationale à «ne pas tomber dans le piège de la manipulation et des mauvaises intentions». M. Bouhobeini s'élève contre un «rapport européen manipulé» et rappelle que Bruxelles, à travers son Office d'aide humanitaire de la commission européenne (ECHO), avait «supervisé, suivi et contrôlé la distribution en 2003, 2007, 2008 et 2014 à travers des audits qui se voulaient préventifs pour s'assurer de l'arrivée des dons aux bénéficiaires dans les camps de réfugiés». Il a indiqué aussi que «pas moins de trois audits confiés à des sociétés externes ont été faits avec toutes les parties concernées, à savoir le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR) et les ONG exécutant des projets ECHO». Il a assuré que ces missions n'ont relevé aucun détournement. Yahia Bouhobeini a précisé que «le rapport datant de 2007, exhumé en 2015, sur lequel on a travaillé au sein de l'UE en 2003 mais qui parlait de ‘risque de mauvaises distributions' et non de ‘détournement des aides', est dénué de tout fondement». Il en veut pour preuve l'augmentation graduelle et continuelle des aides humanitaires accordées par l'Union européenne depuis 2003. Et suite à ces différents audits, l'ECHO a augmenté «progressivement ses aides au profit des réfugiés sahraouis pour passer de 5 millions d'euros en 2003 à 8 millions euros en 2004, puis à 9 millions en 2006 et à 10 millions d'euros à partir de 2010», a fait savoir le président du CRS. Le responsable du Croissant-Rouge sahraoui met en garde contre «la gravité de telles tentatives» et des «pratiques tendancieuses qui peuvent non seulement multiplier les souffrances des réfugiés, mais à même de rendre la vie plus difficile dans les camps de réfugiés où la situation humanitaire est alarmante sous l'effet de l'épuisement des stocks de produits alimentaires». Un stock estimé à l'équivalent d'un mois de consommation de sucre et d'huile, tandis que celui de farine est totalement épuisé. Les autorités sahraouies commencent à puiser dans les stocks d'urgence. Le Front Polisario a de son côté dénoncé «une tentative de manipulation et de désinformation ayant pour but d'entacher l'image du Front Polisario». Le représentant du Front Polisario à Bruxelles, Mohamed Sidati, a estimé que la publication d'un rapport qui date de 2007 n'était pas «innocent» et intervient dans un contexte où le conflit du Sahara occidental est sur l'agenda de l'ONU et où «les violations récurrentes des droits de l'homme par le Maroc sont régulièrement évoquées dans les institutions européennes et ailleurs».
