Après plusieurs renvois, voilà que la montagne accouche d'une souris. Même pour une question aussi importante et sensible pour la politique internationale et le futur des relations de la péninsule avec ses partenaires arabes, le Parlement italien n'a pas suivi l'exemple d'autres nations européennes et a placé son amitié avec le gouvernement israélien au premier plan. Vendredi devait être un jour historique pour les amis de la Palestine en Italie. Après le vote favorable, à une large majorité, d'une motion – bien qu'ambiguë – du parti de gauche PD au pouvoir qui invite le gouvernement à «œuvrer pour la constitution d'un Etat palestinien», mais ajoute «en considération des préoccupations et des intérêts légitimes de l'Etat d'Israël», considérée trop vite par certains parlementaires italiens comme une reconnaissance officielle, voilà que le gouvernement de Matteo Renzi fait voter, immédiatement après, une autre résolution plus explicite, présentée par la droite, au contenu contrastant avec le premier. Ce deuxième texte, intégré au premier, renvoie dos à dos Israéliens et Palestiniens et conditionne la reconnaissance de l'Etat palestinien à la reprise du processus de paix, enterré par Israël. Des messages ironiques diffusés sur les forums sociaux ont parfaitement résumé cette volte-face : «L'Italie reconnaît la Palestine pendant cinq minutes !» C'est l'indignation des députés du Mouvement cinq étoiles (M5S), montrant parfaitement la colère et la déception de ceux qui voulaient que le Parlement italien reconnaisse l'Etat palestinien : «Nous avons assisté à un bluff honteux de la part du gouvernement qui a fait voter deux résolutions au sens et à la valeur diamétralement opposés sur la reconnaissance de l'Etat palestinien, niant une fois de plus le droit sacro-saint à exister à un peuple qui attend depuis 67 ans la justice. C'est pourquoi nous considérons délirante et infondée la satisfaction exprimée par le PD et les autres partis. Il n'y a eu aucune reconnaissance de l'Etat de Palestine. Et c'est le communiqué diffusé par l'ambassade israélienne qui le confirme.» En effet, la représentation diplomatique de Tel-Aviv n'a pas attendu pour laisser libre cours à sa jubilation face à ce fiasco : «Nous accueillons positivement le choix du Parlement italien de ne pas reconnaître l'Etat palestinien et d'avoir préféré soutenir les négociations directes entre Israël et les Palestiniens.» La même joie a été exprimée par le président de la communauté juive à Rome, Riccardo Pacifici. Les Palestiniens, qui ont suivi ce vote avec un grand espoir, ont éprouvé une grande déception et se sont sentis «trahis» par le gouvernement mené par la gauche. La représentante de l'OLP, Hanane Ashraoui, a ainsi commenté ce vote prudent : «Il est malheureux que le Parlement italien n'ait pas invité à reconnaître de manière inconditionnelle et officielle l'Etat palestinien.»