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Québec (Canada) : Cinquante nuances de musulmans
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Publié dans El Watan le 16 - 04 - 2015

Dans un Canada post-attaque terroriste contre le Parlement et même post-«Charlie Hebdo» où 64% des Canadiens affirment, par exemple, que «la foi musulmane est anti-femme» et où 16% des Québécois disent que leur opinion des musulmans s'est détériorée, une exposition de photos itinérante va parcourir le Québec durant les douze prochains mois. Bienvenue dans Québécois(e)s, musulman(e)s… et
après ?
Elisabeth Garant, directrice du centre justice et foi, n'aime pas les stéréotypes et les préjugés. Elle a mobilisé une équipe pluridisciplinaire pour aller à la chasse et à la déconstruction de cet obstacle à un vivre-ensemble harmonieux avec les musulmans du Québec.
Avec une équipe pluridisciplinaire, elle a mis en place une exposition de 24 photos d'autant de musulmans ou de personnes de culture musulmane. Des scènes et des clichés, sans jeu de mots, de la vie quotidienne d'hommes ou de femmes, ne portant pas forcément le voile comme on aurait pu s'y attendre – un stéréotype ! «Les personnes qui ont accepté d'être prises en photo ont des postures différentes les unes des autres.
Nous avons essayé de montrer qu'il y a une diversité, des réalités différentes dans le mot musulman», explique celle qui se défend de présenter les musulmans comme victimes, mais qui veut «changer un regard et un stéréotype qui s'enracine malheureusement».
Autant de musulmans que de façons d'être musulman. «Certains ont un rapport à l'islam dans une foi active, d'autres cultivent une attache plus culturelle, affective, de mémoire relativement à l'héritage qu'ils portent. D'autres, laïcs, ont un lien critique avec cette tradition et à la façon dont elle doit s'enraciner au Québec», nuance-t-elle.
Cette diversité «se décline à travers les 24 clichés qui montrent la rencontre avec l'autre, le rapport avec la société québécoise. Nous avons essayé de montrer les musulmans et les musulmanes comme des acteurs réels qui font face à des obstacles dans leur désir de participation. C'est davantage cette figure que nous voulions mettre en avant et non pas la victime», nous dit Elisabeth Garant quand on lui parle de risque de victimisation et de singularisation qui entoure les musulmans.
Le livret très instructif qui accompagne l'exposition est truffé de chiffres et d'explications de concepts et de notions et permet d'aller au-delà des photos. On y apprend que la présence musulmane au Québec ne date pas de quelques années, mais remonte à 1870, même si elle n'était pas très visible à l'époque.
En 2011, au Québec, 243 430 personnes ont déclaré être musulmanes. On découvre aussi que la première mosquée au Québec a été construite en 1964 à Ville Saint-Laurent.
Le clou de cette exposition reste la bibliothèque humaine, un concept né au Danemark et déjà utilisé par les communautés autochtones.
«Une bibliothèque humaine pour déconstruire les préjugés», explique la directrice du centre jésuite. «C'est une méthode d'animation qui passe par le partage. Toutes les demi-heures, les gens peuvent ‘‘emprunter'' une personne qui devient ainsi un livre.
Pendant cette demi-heure, il y a un échange entre trois ou quatre personnes et ce livre. Les sujets peuvent aller de son expérience de vie à la spiritualité», dit-elle.
L'image du musulman
La traitement médiatique qui participe à la fabrication d'une image, en général, est bien résumé par Jean-François Dumas, fondateur d'Influence Communication, qui estime qu'il «distorsionne souvent la réalité. On croit malheureusement à tort que l'importance d'un phénomène de société (ou autre, Ndlr) est directement proportionnelle à sa médiatisation.»
«L'image du musulman est détériorée par des amalgames. J'espère que l'exposition va en défaire quelques- uns, qu'elle permette la reprise de la réflexion loin de la vision imposée par le discours de la lutte antiterroriste. Beaucoup de gens au Québec ont amorcé leur réflexion sur la présence des musulmans après les événements de septembre 2001. Et, malheureusement, elle a été fortement influencée par des discours politiques et publics basés sur la lutte au terrorisme».
Rachida Azdouz, psychologue spécialisée en relations interculturelles à l'université de Montréal, trouve que lorsqu'il s'agit de musulmans «le Québec est divisé en deux camps, autour desquels gravitent des positions marginales ou extrêmes». Il y a «la vision des inclusifs dont la thèse soutient que les musulmans sont ciblés, ostracisés et diabolisés plus que les autres groupes en ce moment et qu'il faut nommer l'islamophobie comme un phénomène en soi, pas la diluer dans un tout raciste ou xénophobe».
L'autre vision est celle des «identitaires» qui trouvent que «le multiculturalisme canadien exacerbe tellement le droit à la différence qu'il ruine toute chance d'intégration autour de valeurs communes et qu'il dilue le fait canadien français dans un tout multiethnique ; avec la conséquence, selon eux, que les groupes religieux, incluant les musulmans, ‘‘censurent'' toute critique de l'orthodoxie et de ses excès au nom du droit à la différence, de la liberté d'expression ou de la dénonciation de l'islamophobie».
La troisième voix est celles des «nuancés», comme les appelle Rachida Azdouz, qui a quitté son Maroc natal il y a plus de 20 ans.
Ils «dénoncent sans équivoque l'islamophobie tout en se donnant le droit de critiquer aussi sans équivoque les dérives communautaristes, le repli et les interprétations radicales ou décontextualisées de l'Islam : ils sont peu audibles dans les médias et souvent attaqués des deux bords pour ‘‘double discours'' ou ‘‘ambiguïté idéologique''.»
Et, en marge des positions dominantes, Rachida Azdouz observe aussi des visions plus extrêmes : «Franchement racistes, xénophobes et antireligieuses primaires ou encore archi-libérales qui prônent une conception absolue, jusqu'au-boutiste de la liberté d'expression religieuse.»
Lucide, Elisabeth Garant conclut que «l'exposition ne peut pas tout faire, mais elle participe à déconstruire certains discours qui nuisent à une compréhension juste. Je pense qu'il y a des musulmans et des musulmanes qui appartiennent à des courants différents. L'effet pervers du jeu médiatique met la marge à la majorité, et la minorité devient le centre de l'attention.»


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