Kamel Nebili, n'était pas homme à vouloir étaler ses inquiétudes, ses appréhensions et ses humeurs. La bonhomie qui accompagnait son regard affable, ses gestes fins et ses paroles mesurées mais, ô combien, pleines de vie et de chaleur, contenait le tout et donnait à l'artiste toutes ces qualités dont, lui seul, détenait la recette. Même en quittant ce bas monde, il en est resté fidèle. Parti sans même laisser l'occasion aux nombreuses personnes qui l'aimaient de saluer en lui plus de cinquante ans d'apport pour la culture algérienne, le chantre du malouf souk-ahrassien, a été pleuré par des centaines de ses fans et ses amis, venus des quatre coins de la wilaya, voire des autres villes de l'Est algérien. Ravi par une mort subite, survenue vendredi, à l'âge de 67 ans, Nebili n'a pas eu le temps de léguer sa parfaite connaissance du genre malouf, ses talents de musicien polyvalent, les secrets d'une voix de ténor qu'il était capable d'adoucir et d'aiguiser à volonté sans jamais provoquer une faille quelconque ou même sourciller après effort. Sa vie professionnelle est une autre saga à inscrire sur le compte d'un homme intègre, probe et convaincu en sa noble mission. Fonctionnaire dans la direction des Domaines depuis sa prime jeunesse, il en est sorti, une fois l'âge de la retraite atteint, avec les honneurs qu'il méritait grâce à une bonne réputation et une compétence qu'il a su préserver le long de sa carrière. «C'est un pan de la culture et un monument de la musique andalouse qui viennent de s'effondrer», témoigne, tout ému, Sadek Bouraoui, président de la troupe Ichbilia et ami du défunt. Ce dernier a été inhumé au cimetière municipal de Souk-Ahras, en présence d'une foule importante. Une émission radiophonique a été prévue par la radio locale, dimanche prochain, en hommage au chanteur décédé.
