Potentiellement mortelle, l'insuffisance cardiaque mérite une attention particulière et surtout lorsque cela devient un fardeau pour le Trésor public. Maladie chronique nécessitant des hospitalisations fréquentes, l'insuffisance cardiaque qui a le même pronostic vital que le cancer du poumon a besoin aujourd'hui d'une nouvelle organisation dans sa prise en charge, a tenu à préciser le Pr Krim, chef de service de cardiologie à l'hôpital de Beni messous, en marge des travaux du 2e Congrès européen de l'insuffisance cardiaque. Une maladie sur laquelle aucune statistique n'est disponible en Algérie, ce qui explique le désintérêt affiché face à cette pathologie pourtant lourde et qui connaîtra une forte évolution dans les prochaines années, car il y a quelques années peu de personnes survivaient à des infarctus du myocarde, mais aujourd'hui ces événements cardio-vasculaires sont soignés mais laissent des séquelles, comme l'insuffisance cardiaque. «On dit d'ailleurs que les cardiologues fabriquent des insuffisants cardiaques», a-t-elle expliqué en précisant que l'espérance de vie a significativement augmenté. Un défi auquel l'Algérie devra faire face et que le Pr Krim souhaite pouvoir relever dans les prochaines années avec l'aide d'une jeune équipe de cardiologues engagée à donner une nouvelle image à la cardiologie en Algérie. La création d'un groupe de travail sur l'insuffisance cardiaque, une des recommandations de la société algérienne de cardiologie, est le projet porté par toute cette équipe dévouée à sa spécialité. Ce qui n'empêche pas d'autres cardiologues dans les différentes régions du pays de s'inscrire dans cette démarche. lancement d'une étude multicentrique Le groupe de travail va devoir dans un premier temps lancer une étude multicentrique afin de faire le point de situation sur la maladie, a souligné le Pr Krim. «Un état des lieux qui nous renseignera sur le nombre d'insuffisants cardiaques, sur l'incidence de la maladie, les hospitalisations, les traitements, etc.», a précisé le Pr Krim tout en appelant à une sensibilisation de tous les acteurs sur cette maladie et la nécessité d'une prise en charge optimale. Elle regrette que parfois des patients ne bénéficient pas de traitement de base, alors que la maladie évolue rapidement. «Ils décompensent et parfois c'est irréversible pour eux», a-t-elle noté. Les hospitalisations sont fréquentes dans ces cas-là, mais peu de choses restent à faire, signale un cardiologue. La nécessité d'une création d'unité dédiée à l'insuffisance cardiaque est aujourd'hui plus que recommandée. Ce qui permettra de prendre en charge les patients en ambulatoire et leur assurer un suivi rigoureux. «Ajuster les traitements, mise au point des traitements, renouveler les examens, donner des conseils diététiques et assurer une réadaptation physique sont les principales tâches de ce groupe de travail», a-t-elle encore souligné. Le Pr Lehachi, du service de cardiologie de Beni Messous, dit quant à elle qu'il important de se pencher sur la lutte contre les facteurs de risques qui sont responsables de l'insuffisance cardiaque. «Un diabète mal équilibré, une hypertension artérielle instable et une anémie sévère non traitée sont autant de facteurs à prendre en charge sérieusement. Ce qui nécessite l'intervention multidisciplinaire des équipes médicales», a-t-elle précisé et de souligner que vu le nombre de diabétiques et d'hypertendus qui sont en croissance en Algérie, il ne peut que renforcer cette lutte contre les facteurs de risque. Le projet de création d'une unité dédiée à l'insuffisance cardiaque auquel elle adhère pleinement sera la solution pour assurer une meilleure prise en charge des patients, d'autant que cela est prouvé par ailleurs dans le monde.