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Soummam : La preuve que le lait cru, ça peut marcher
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Publié dans El Watan le 12 - 06 - 2015

Dopée aux subventions, la production de lait cru est passée de 190 millions de litres collectés en 2009 à 950 millions en 2014. Un essor mitigé car ce marché économique reste fragile. Des acteurs privés comme Soummam tentent de mettre en place leur filière en attendant que les pouvoirs publics agissent.
Le lait avec les céréales dans le bol des enfants le matin. Le lait caillé avec des raisins dans le couscous de la grand-mère. Le lait en brique sans matière grasse dans la poche de la joggeuse de la forêt de Bouchaoui. Le lait est partout. Les Algériens en consomment 5 à 6 milliards de litres par an, selon l'Office national interprofessionnel du lait (Onil).
Située dans la zone industrielle d'Akbou, Soummam laiterie, créée en 1993, a participé comme la plupart des laiteries algériennes à la ruée vers le lait cru. En 2009, l'entreprise met en place un programme avec des petits éleveurs, construit des centres de collecte et augmente sa production de lait cru, qui passe de 478 000 litres en 2009 à 152 millions de litres en 2014. Soit une production multipliée par plus de 300 en 5 ans.
Aujourd'hui, le leader du secteur, qui possède 47% du marché, a réussi à substituer en partie le lait cru au lait en poudre. Le lait cru constitue désormais 37% de sa production totale. Une croissance remarquable, générale à toutes les laiteries mais qui est vouée à disparaître, selon Seddik Saâdi, le dynamique responsable de la collecte : «Nous sommes en phase de stagnation, nous sommes arrivés au stade limite.» Aujourd'hui, Soummam possède une capacité de stockage de 1 200 000 litres par jour mais n'en utilise que la moitié.
Adaptation
Comment concurrencer le sachet de lait en poudre à 25 DA ? En réponse aux difficultés posées par la fixation des prix du lait, la société a décidé d'augmenter sa production. En 2014, la laiterie a inauguré sa deuxième usine. La production y est totalement automatisée, de la pasteurisation du lait dans d'immenses cuves à la fabrication des emballages qui serviront aux futurs produits laitiers.
Des machines injectent le yaourt dans les pots plastifiés préalablement découpés, des robots aux longs bras métalliques empaquettent les bouteilles par six. Visiter cette unité de production, c'est un peu comme rentrer dans un épisode Star Wars. Au plafond, d'énormes tubes d'air frais permettent de maintenir une température adéquate à l'intérieur du site. La firme se vante d'avoir construit une chaîne de production qui répond aux normes internationales de qualité : «Nous sommes certifiés ISO 9001», explique le responsable de la collecte.
A côté de l'usine récemment construite, un immense terrain vague abritera la troisième unité de production, dont le projet de construction est déjà entamé. «Nous employons 1660 ouvriers, donc on n'a pas droit à l'erreur», explique Lounis Hamitouche, fondateur de Soummam, dans son bureau où trône un écran géant qui retransmet la vie du site laitier en temps réel. «Lorsque j'ai commencé la production de lait cru en octobre 2009, j'ai beaucoup investi : 40 centres de collecte, 150 camionnettes, j'ai importé 9000 vaches pour fournir les éleveurs, ajoute-t-il. Les résultats étaient mauvais». Selon lui, ce sont des éleveurs qui ne respectaient pas le contrat d'exclusivité qu'ils avaient signé. Il met également en cause la faible réactivité de certains organismes étatiques.
Car, en tant que transformateur, Soummam verse aux collecteurs et aux producteurs une somme qui correspond aux subventions étatiques et est ensuite remboursé par l'Etat, mais ces remboursements mettent parfois trop de temps à arriver. «Nous avons constaté que 80% de la réussite d'un élevage laitier dépend de l'alimentation, analyse Seddik Saâdi. Nous avons créé à Constantine une filière d'enrubannage afin de conserver le foin pendant deux ans.
Parallèlement, nous créons des fermes Soummam en partenariat à 50% avec des exploitants». L'objectif est de pouvoir sécuriser les prix de la matière première en contrôlant chaque étape de la production. Produire le fourrage qui nourrira les vaches, le stocker et conserver ses capacités nutritives est vital pour Soummam. Elle pourra à terme envisager une augmentation de sa production qui stagne depuis deux ans. C'est la volonté de Lounis Hamitouche : «l'Etat algérien a donné beaucoup d'argent pour développer l'agriculture.
Le problème réside dans un certain manque de suivi. Si on veut faire de la qualité, il ne faut pas mélanger industrie et Etat. On ne doit pas tout attendre de l'Etat». En 2015, l'Etat alloue 1712 milliards de dinars de subventions, soit 20% de son budget total. Le lait est une part importante des subventions pour les produits alimentaires. D'abord, pour le lait en poudre, dont le prix véritable serait de 43 DA le sachet s'il n'était pas subventionné, mais aussi pour toutes les étapes de la production de lait cru.
Fragilité
L'Etat reverse 12 DA par litre produit aux éleveurs, 4 à 6 DA par litre aux collecteurs et 4 à 7 DA par litre aux transformateurs comme Danone, Soummam ou Hodna. Si ces sommes ont bien permis d'attirer les producteurs, elles ont également créé un marché fragile. A Batna, où l'on compte 18 000 vaches laitières, les producteurs sont en colère.
Hacen, carrure tranquille, moustache épaisse et yeux d'un bleu limpide, possède un cheptel de 110 vaches et travaille avec Danone. Ce cinquantenaire estime que sa profession n'est pas protégée : «Je fais cette activité depuis 30 ans. Je pratique l'insémination artificielle pour sélectionner les génisses les plus productives. Or, aujourd'hui l'Etat encourage l'importation de génisses médiocres. Au lieu d'encourager les producteurs locaux, on assainit l'Etal européen».
Hocine, ancien ingénieur agronome d'une soixantaine d'années, reconverti dans l'élevage laitier, ajoute : «On a connu trois années consécutives de sécheresse. Avant, nous arrivions à produire 40-50 litres de lait par vache. Aujourd'hui, chaque vache produit en moyenne 12 litres de lait». Le prix des aliments a également augmenté. «Il y a 3 ou 4 ans, la botte de foin coûtait 200 DA. Aujourd'hui, elle atteint les 1200 DA, parfois plus», ajoute-t-il. Hacen résume : «Si rien n'est fait, cette filière va mourir dans quatre ou cinq ans. L'élevage laitier est le secteur agricole qui emploie le plus de main-d'œuvre».
Ecosystème
Autour des éleveurs, il y a un écosystème dont les membres sont tous interdépendants. L'éleveur travaille étroitement avec les vétérinaires, emploie des ouvriers agricoles, transmet sa matière première à un collecteur, achète sa botte de foin à des paysans, travaille avec des assureurs pour garantir son cheptel… Tout le monde se serre les coudes. Des vétérinaires font crédit à des éleveurs sur des périodes de plusieurs mois. Parmi les chaînons les plus fragiles, les collecteurs.
Ces prestataires de services sont chargés du transport du lait et assurent la liaison entre les producteurs et les laitiers. Ce sont souvent des voisins d'éleveurs de vache ou des connaissances qui décident d'investir dans un camion pour transférer le lait aux centres de collecte. Cette profession uniquement rémunérée par les subventions est dépendante du moindre aléa. C'est le cas d'Adel* un collecteur qui travaillait principalement avec les laiteries étatiques.
Ce jeune homme, au ton posé et à la coiffure impeccable, ne cache pas son amertume après la faillite de son entreprise. «Je transportais jusqu'à 6000 litres de lait par jour, mais à deux dinars le litre, je ne parvenais pas couvrir mes frais», raconte-t-il. L'ancien collecteur s'est endetté jusqu'à la faillite. Car la rémunération que lui versait la laiterie étatique pouvait être baissée, si le lait n'atteignait pas un taux de matière grasse minimum. C'est donc le collecteur qui se retrouve responsable de la qualité du lait aux yeux des laiteries. «La majorité de mes anciens collègues sont déficitaires», avoue-t-il. Résultat, les pratiques illicites augmentent.
Certains collecteurs récupèrent du lait pasteurisé frauduleusement et le vendent «en vrac» à des particuliers ou des professionnels, sans possibilité de contrôle des normes sanitaires de conservation ou de transport. Une fragilité que Seddik Saâdi veut toutefois tempérer : « Ce sont surtout les éleveurs qui souffrent à cause des prix du fourrage». Pour contrer la volatilité du marché agraire Soummam vient de récolter cette années presque 500 Ha d'aliments pour le bétail. «Nous produisons du fourrage pour diminuer le prix de revient» , confie le responsable de collecte. Les autres professionnels du secteur contournent également le circuit. Presque deux-tiers du marché du lait cru algérien n'est ni collecté ni transformé, il se vend alors en dehors des circuits légaux, sans être traité.


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