Je voudrais tout d'abord dire que c'est après maintes démarches auprès de l'autorité de tutelle, c'est-à-dire du ministère de l'Enseignement supérieur, que j'ai décidé de vous écrire cette lettre pour solliciter votre bienveillante intervention dans la situation que je vais succinctement décrire ci-après. En juin 2005, après 9 ans passés aux Etats-Unis et 3 ans au Ghana où j'ai enseigné l'économie, le marketing, l'anglais des affaires et la littérature africaine, j'ai voulu rentrer au pays. Après 25 ans d'enseignement à l'université d'Alger, j'ai voulu réintégrer mon poste de maître de conférences. Désireux de me rapprocher de ma ville natale, je me suis adressé à Monsieur le recteur de cette ville qui m'a informé que son université a besoin de 14 enseignants de rang de maître de conférences. J'ai donc adressé, en juin 2005, une demande au ministère de l'Enseignement supérieur sous le couvert de Monsieur le recteur de ladite université et de Monsieur le directeur des ressources humaines dudit ministère. Depuis cette date, soit plus d'une année, je n'ai reçu aucune réponse, positive ou négative, à ma demande. En septembre 2005, je vous ai adressé, sous le couvert de Monsieur l'ambassadeur de notre pays au Ghana où j'enseignais, une lettre pour vous féliciter pour l'appel courageux que vous avez lancé, lors d'un de vos derniers discours, aux intellectuels algériens qui ont quitté le pays dans les années 1990 dans les circonstances politiques et sécuritaires qu'il n'est pas utile de rappeler ici tant elles sont douloureuses. N'ayant pas reçu de réponse à fin juin 2006, je suis rentré au pays pour m'enquérir personnellement de la situation auprès de l'autorité de tutelle. J'ai donc fait une demande d'audience auprès du directeur des ressources humaines du ministère de tutelle qui n'a pas daigné me recevoir. Peut-être que le professeur que je suis, avec 30 années d'enseignement, n'est-il pas digne d'être reçu ? Je voulais préciser que lorsque j'ai quitté notre pays en 1994 pour les Etats-Unis, ce n'était pas de gaîté de cœur et c'est parce que poussé par les circonstances qui, encore une fois n'ont pas besoin d'être rappelées ici. En raison de ces circonstances pressantes, je n'ai pas pu informer mon université de mon départ, ce qui a pu être considéré, sur le plan purement administratif, comme un abandon de poste. Cependant, si on se rappelle des conditions politiques et sécuritaires de I'époque, c'était une situation administrative particulière dictée par une situation politico-sécuritaire nationale plus que contraignante. La question que je pose, Excellence, est la suivante : une situation administrative particulière – qui du reste n'est pas si particulière que cela, puisque des centaines, voire des milliers de mes collègues sont aussi partis à l'aventure à travers le monde dans les mêmes circonstances – peut-elle être considérée au-dessus de la situation politique et sécuritaire qui prévalait à l'époque ? En vous félicitant et remerciant, une fois de plus, pour l'appel que vous avez lancé à tous les intellectuels algériens de réintégrer leur pays, j'ose espérer que vous utiliserez vos bons offices et votre sagesse de plus de 50 ans au service de notre pays pour trouver une solution juste à ma situation. Si nos universités n'ont pas besoin de mes services – ce qui n'est certainement pas le cas – deux universités du Ghana – la prestigieuse Legon University et la Methodist University – sont prêtes à accepter mes services dès la rentrée universitaire prochaine. Il n'y a aucun doute, cependant, que ma préférence sera de continuer à servir mon pays. L'auteur est Docteur d'Etat en sciences économiques Maître de conférences Master of arts in African literature