Inaugurée le 18 février 2011 par Mohamed Ouchen, wali de Blida, la bibliothèque communale de Mouzaïa, baptisée du nom du chahid Brahim Ali Abdelkader, fait office depuis plusieurs mois de structure administrative, déviée entièrement de sa vocation scientifique et culturelle. Ce n'est pas la première fois, à Mouzaïa, qu'un établissement dédié à la lecture, à la recherche et aux activités pédagogiques et culturelles est détourné de sa vocation initiale, à savoir être à la disponibilité des écoliers, lycéens, universitaires et autres jeunes en quête d'espaces de lecture. Par le passé, au début des années 80', une bibliothèque située à la rue Ali Masker, en plein centre-ville (en face de l'APC), a été détournée par la Coordination des anciens moudjahidine qui se sont appropriés la structure pour en faire un musée du Moudjahid de la commune, mais qui n'ouvre que très rarement ses portes pour ne pas dire jamais aux visiteurs ou aux écoliers avides de connaître l'histoire révolutionnaire de leur région. «C'est une situation durement pénalisante pour la frange juvénile locale, plus particulièrement estudiantine en quête d'espaces pour mener à bien des recherches universitaires, emprunter un livre ou tout simplement réviser les cours», déplore un lycéen. Après l'APC, le CF En effet, après le service technique de l'APC qui a posé ses bagages au niveau du rez-de-chaussée de la bâtisse et installé ses bureaux, c'est au tour du service du contrôle financier (CF), structure dépendant du ministère des Finances de s'approprier des salles de lecture et d'activités pédagogiques infantiles et d'implanter son décor. «Cela fait un peu plus d'un mois que le contrôleur financier s'est attribué, sans crier gare, d'autres espaces à l'intérieur de la bibliothèque, pour en faire son administration, forte d'une dizaine d'agents», regrette une employée de la bibliothèque. Une grande salle destinée à l'animation pour enfants a été aménagée en petit bureau en aluminium, alors que le contrôleur financier s'est attribué, au détriment des adhérents de la bibliothèque, un bureau avec tout son équipement. Une autre grande salle a été, elle aussi, détournée de sa vocation, celle de salle de lecture pour enfants et qui est occupée actuellement par des employés du service financier. «Les services de la culture sont vivement interpellés pour intervenir et récupérer leur bien», exige un universitaire. Et de suggérer : «Le contrôleur financier n'a qu'à louer des locaux en ville et libérer la bibliothèque communale, lieu de lecture et d'activités culturelles.» Le père d'un écolier adhérent à la bibliothèque communale de Mouzaïa nous fera remarquer qu'il est aberrant qu'une infrastructure réalisée par l'Etat au profit des jeunes soit squattée par des administrations qui n'ont rien à voir avec le secteur de la jeunesse. «C'est une violence faite à la science et à la culture», clame-t-il. Même phénomène à El Affroun Ce genre de problème est signalé également au niveau de la bibliothèque d'El Affroun. Une grande salle réservée à l'informatique a été carrément transformée en administration et personne ne connaît le sort réservé à la dizaine de PC qui étaient installés auparavant dans ces lieux. «Le premier responsable de la bibliothèque, semble se résigner à accepter cette situation par son silence», dénonce un étudiant au pôle universitaire d'El Affroun. «La priorité doit être donnée aux jeunes et aux étudiants pour l'occupation de ces lieux», exige notre interlocuteur, et de conclure : «Nous réclamons que nos bibliothèques retrouvent leur vocation première pour laquelle elles ont été bâties, celles de la lecture de la recherche et de la transmission du savoir.»
