Aziz Chouaki a aussi présenté, grâce à la radio RFI, un nouveau texte : Esperanza (Lampeduza). C'est le nom d'un bateau sur lequel sont entassés des migrants. Cette pièce parle de ceux qui, aveuglés par la mythologie de l'Occident, essaient de rejoindre l'Europe et «se cassent les dents, se cassent tout, quitte à mourir. Je crois que c'est le plus grand drame du XXIe siècle. Je voudrais préciser une chose. C'est marrant qu'on les appelle les migrants. Quand des Français partent à l'étranger, on le appelle les expatriés, les expats, cela fait plus classe alors que les migrants, c'est le foin, c'est la grange quoi. Comme tout le monde, j'étais déchiré quand sur la table de mon salon arrivaient des cadavres d'être humains au milieu des poissons. Je me suis demandé à un moment comment déposer mon écot dans l'escarcelle. Moi-même je viens d'un pays de douleur, l'Algérie. C'était une occasion d'apprivoiser la douleur et par la distance que permet l'humour de donner une humanité à ces visages anonymes. Je reste sur la formule de Nietzsche, ‘‘il faut danser sur la douleur''. C'est vrai que c'est la seule arme plausible. Les discours et les thèses sont éphémères et ne provoquent qu'un rajout à la douleur du monde.»