Encore jeune fille, Sabah Essaghira, de son vrai nom Bentabet Fatima, née un certain 11 août 1952, connaissait par cœur les chansons de sa star préférée, la chanteuse libanaise Sabah, dont elle tira son surnom, et passait son temps à essayer de l'imiter. Elle finira par y parvenir, et avec brio. Le rêve d'enfance de Sabah Essaghira était de devenir, un jour, chanteuse. Il se concrétisera grâce à une providentielle coïncidence, qui sera le point de départ d'une carrière artistique fulgurante. A cette époque, les années 60, la station régionale de la télévision algérienne d'Oran proposait dans son émission «Le coin des amateurs» un concours pour les jeunes mélomanes désirant prouver leurs aptitudes dans la chanson. Elle décida de briser un tabou et tenter sa chance. A 16 ans, elle se voyait offrir, pour la première fois de sa vie, l'occasion de chanter dans un vrai studio de télévision en présence d'un orchestre, dirigé par le grand maître de la chanson oranaise Blaoui Houari. Elle chantera le célèbre tube, «El Ghaoui» de la libanaise Sabah. L'animatrice de l'émission, Leïla de son prénom, éblouie par sa belle prestation et son imitation à merveille de la chanteuse libanaise Sabah, lui donnera le pseudonyme de Sabah Essaghira qu'elle portera pour le restant de ses jours. Ce fut donc la consécration : Hachemi Hafiane lui composera sa première chanson, «Ya Oummi», qu'elle enregistrera à la station régionale d'Oran de la télévision algérienne. Dès lors, ses chansons seront diffusées à la radio et les tournées à l'étranger se succèderont : Libye, Tunisie, Allemagne, Maroc etc. Elle sera sollicitée par les plus grands compositeurs et paroliers, tels Blaoui Houari, Ahmed Wahbi, Tayebi Tayeb, Ahmed Bellili, Abdallah Tammouh, Abdellaoui Cheikh et Chérif Kortebi. Mais ce sera la chanson «Yal khoumri», écrite par Saïm El Hadj et composée par Karim Lahouari en 1979, et, plus tard, «Lamima» également de Saïm H, qui conforteront sa notoriété. Le théâtre fera également appel à elle. Mais triste fut la journée du 20 mai 2005 où la diva d'Oran s'est éteint pour toujours dans son domicile familial.