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Elément pour une théorie de la bureaucratie
Publié dans El Watan le 20 - 09 - 2006


La Bureaucratie et la réforme
En l'absence de régIes strictes et consensuelles qui déterminent le passage d'un poste à un poste supérieur, l'on assiste à toute sorte d'abus et de dérives induits par le pouvoir discrétionnaire des « directionnaires ». Sinon comment expliquer le record de longévité au même poste pendant dix-huit ans, qui plus est, le poste de positionnement n'existant plus à la faveur d'une réorganisation ? Et comme cerise sur le gâteau, dans une direction censée être l'émanation et la gardienne de l'orthodoxie gestionnaire. « Entre tant d'infirmités de la nature mortelle, il y en a une : l'aveuglement d'esprit, qui non seulement la contraint à l'erreur, mais la lui fait chérir. » Sénèque – De la colère. La gestion de carrières, ou plutôt ce qui s'apparente comme telle, dans l'entreprise fera prochainement l'objet d'un « Roman » en phase de préparation avancée. « Jamais les entrailles de l'homme n'ont fait sortir de leur profondeur un cri plus douloureux. » Chateaubriand, Le Génie du Christianisme. Telle la servante de Lamartine : « ...Nous sommes de toutes les maisons, et les maisons peuvent nous fermer leurs portes, nous sommes de toutes les familles, et toutes les familles peuvent nous rejeter, nous élevons des enfants comme s'ils étaient à nous et quand nous les avons élevés, ils ne nous reconnaissent plus... cœurs qui se donnent sans être reçus... », Lamartine, Geneviève, Histoire d'une servante. Mais pourquoi, diriez-vous, cela est-il arrivé ? Parce que dans la vie courante, il arrive qu'une personne agisse à l'encontre de son devoir. La lutte intérieure que livre Médée, telle qu'Ovide la décrit dans ses Métamorphoses, en est un exemple classique. Médée sent naître en elle son amour pour Jason, une flamme qu'elle juge déraisonnable. Elle perçoit clairement ce qu'il est bon de faire dans sa situation et y donne son assentiment. Mais ce dernier ne suffit pas à la détourner effectivement de ce qu'elle juge être un mal. « La passion me conseille une chose, dit-elle, la raison une autre. Je vois le bien et je l'approuve, et c'est au mal que je me laisse entraîner. » Il y a ce que les Grecs appellent l'Akrasia (1). Faire preuve d'Akrasia, ou agir de façon Akratique, c'est agir à l'encontre de son meilleur jugement, c'est-à-dire du jugement qu'une autre ligne de conduite est meilleure. Le premier scepticisme se trouve dans la doctrine socratique selon laquelle, il est impossible qu'une personne agisse volontairement contre ce qu'elle sait être son propre bien. Cela signifie que, si une personne évalue une chose comme bonne ou juge que cette action devrait être accomplie, elle ne pourra pas accomplir une action allant à l'encontre de son évaluation ou de son jugement, sauf par ignorance. La célèbre affirmation de Socrate que nul ne peut commettre le mal volontairement en découle directement. Mais il est possible d'opposer à Socrate, d'après certains auteurs, que connaître le bien n'implique pas nécessairement de le faire. L'expérience montre qu'il est possible, sans y être contraint, d'agir intentionnellement contre le bien ou en vue du mal. Après cette digression, revenons à la bureaucratie qui apparaît dans l'entreprise comme l'antithèse aux régies les plus consensuelles du management opérationnel. Le régime bureaucratique s'est implanté comme une rouille dans les rouages administratifs de l'entreprise algérienne. Comme un parti politique, son fonctionnement d'une manière générale est fondé sur un semblant d'adhésion volontaire d'une infime partie de ses membres autour d'un accord sur un simulacre de programme loin des préoccupations économiques et citoyennes. L'administration industrielle et générale n'a pas de discipline de la motivation du profit ou des réalités de l'adaptation à une situation de marché compétitive, n'a guère d'incitation qui l'oblige à fonctionner différemment, en particulier à adopter des méthodes de gestion autres qu'archaïques. Lorsqu'elle connaisse l'apathie du vieillissement, même si elle est consciente de la nécessité de changer, elle n'a pas les mécanismes adéquats. Pourquoi alors l'administration est-elle si rétive à tout changement quand bien même impérative et salutaire ? A cela trois raisons principales :
1)- Il est évident que lorsque des problèmes, un conflit ou des différences se présentent, davantage de règles seront établies. Les voies de liaisons davantage distendues et le système rendu encore plus rigide. C'est le cercle vicieux bureaucratique. A cet effet, l'administration devient moins souple pour affronter les mutations. Bien que le pouvoir soit concentré entre les mains de la haute direction, ce pouvoir est limité par la description détaillée des postes et les délimitations des fonctions. La haute direction, absorbée par de faux problèmes, néglige ses missions principales qui consistent à planifier, organiser, commander, coordonner et contrôler, ceci pour reprendre la vieille et non moins fameuse formule « P.O.C3 » de Henri Fayol. Dépassée par les événements qu'elle n'arrive pas à maîtriser, faute d'une bonne organisation de travail, la haute direction administrative partage avec sa base le mépris « involontaire » de ses administrés auxquels elle est censée faciliter l'aboutissement des doléances, parmi lesquelles figure en priorité la réponse positive ou négative à un courrier. Planifier les activités, exécuter ce qui a été planifié et contrôler ce qui a été exécuté, en ayant àl'esprit que la planification doit être exécutée et contrôlée, l'exécution doit être planifiée et contrôlée, le contrôle doit être planifié et exécuté, bref, « que tout ce qui doit être fait soit fait » (2). Malheureusement, ces éléments et cette définition sont loin de ses champs de préoccupations. Par conséquent, l'administration ne peut pas être réformée du sommet.
2)- Quelle que soit l'ampleur de l'agitation interne, le changement ne peut guère venir de la base, en raison de la division des tâches et de l'imbrication des relations des pairs au même niveau. La base n'a pas l'autorité pour changer le travail des autres. Elle encourt des sanctions si elle tente de le faire. Les relations avec les supérieurs se bornent à un compte rendu d'activité. Dans l'autre sens, le contrôle est limité par la tradition, la politique, les réglementions et autres contraintes. Dans l'esprit de la base, les échelons inférieurs sont engagés pour occuper un emploi, non pour réformer l'administration. De plus, ils n'ont ni l'autorité ni la responsabilité pour le faire. Pire encore, ils seraient exclus du système s'ils essayaient. Ankylosée et aboulique, la base bureaucratique ne fonctionne sérieusement que par campagnes épisodiques éphémères. Son impéritie confirme son incapacité à soutenir l'effort qui relève de son point de vue d'une prouesse qu'elle exhibe à ses supérieurs comme un trophée qu'elle n'a pas gagné. Par conséquent, l'administration ne peut pas être réformée de (l'intérieur) la base.3)- Il est tout aussi difficile, sinon impossible, que le moindre changement puisse être suggéré extra-muros. Des critiques les plus virulentes peuvent s'acharner sur elle, des commissions peuvent l'examiner, des conseils l'accabler de recommandations ne peuvent influer en quoi que ce soit. Les prescriptions et autres recommandations – si l'administration en tient compte – ne doivent être mises en œuvre que par la haute direction et sa base interne. Or, celles-ci, pour des raisons que nous avons indiquées plus haut, ne peuvent pas les traduire sur le terrain (3). Par conséquent, l'administration ne peut pas être réformée de I'extérieur. Si l'administration ne peut pas être réformée du sommet, ni de l'intérieur, ni de l'extérieur, alors comment et que doit-on faire ? C'est ce que nous allons essayer modestement de proposer dans une prochaine contribution. Après avoir fait le procès de la bureaucratie, que nous avons malmenée tout au long de cet article, avec cependant toutes nos excuses à ses éléments honnêtes et intègres, heureusement majoritaires qui luttent quotidiennement pour l'humaniser, osons une boutade pour terminer : La bureaucratie n'est féminine qu'orthographiquement comme l'attente, la fatigue, la nervosité... Bref, les trois éléments constituant la plus atroce torture que nous inflige l'administration (des entreprises industrielles) générale.
Notes de renvoi
(1)- Ce terme grec signifie étymologiquement : « Absence d'un certain type de puissance » a pour contraire Enkrateia, la force de caractère, la maîtrise de soi.
(2)- Définition ramassée du « Management » selon Peter F. Drucker.
(3)- Pour plus de détails, voir contribution du 24 avril 2004 El Watan, page 10.


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