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La nouvelle saison de la comédie algérienne
Salle comble au Festival national du théâtre comique
Publié dans El Watan le 15 - 10 - 2015

Le Festival national du théâtre comique est une manifestation populaire à Médéa. Lors de la dixième édition, qui s'est déroulée du 30 septembre au 5 octobre 2015, les spectacles se déroulaient chaque soir devant une salle comble à la maison de la culture Hassan El Hassani.
Un public qui défiait le froid automnal des hauteurs. Médéa, la ville de Mahboub Bati, Abdelkader Safir, Mahboub Stambouli, Hassan El Hassani et Cherif Kortbi, attend toujours qu'on débloque le projet de théâtre régional. L'Etat a dégagé l'enveloppe nécessaire à cette opération et le terrain est prêt. Le projet aurait été «gelé» sur décision du Premier ministère dans le cadre des mesures d'austérité. Une question : pourquoi suspendre un projet déjà budgétisé ?
Les intellectuels, les artistes et les journalistes de Médéa font circuler une pétition pour demander aux pouvoirs publics de «libérer» le projet et doter la ville d'un théâtre digne de sa réputation de terre d'art et de culture. Miloud Belhenniche, Mohamed Boukeras, Mohamed Baghdad, Mounir Aisouk, Mokhtar Saâdi Ladjal et Ali Benrouissi, travaillent ensemble au sein du commissariat du festival pour maintenir la manifestation au même niveau de qualité, de popularité et d'ouverture. Ils ont sollicité le comédien et metteur en scène Driss Chekrouni pour présider le jury et se prononcer sur les nouvelles productions des théâtres régionaux et des coopératives indépendantes en matière de comédies.
Après une semaine de débats, de spectacles, d'éclats de rire et d'échanges, le jury, composé aussi de Hamid Rabia, Lamri Kaouane, Rachid Djerourou et Hadjla Kheladi, a attribué le grand prix, la Grappe d'or, à une pièce qui a fait l'unanimité, El Hattab (Le bûcheron) de Samir Oudjit du Théâtre régional de Batna. Adaptée par Salah Boubir de Médécin malgré lui de Molière, la pièce se détache par sa fraîcheur, par le jeu des comédiens, par les situations comiques «à l'algérienne» et par la maîtrise du texte.
Salah Boubir s'est «éclaté» dans le rôle de Bouguerra (Sganarelle dans l'œuvre de Molière), le bûcheron ivrogne, qui deviendra médecin malgré lui et qui devra guérir la fille du bourgeois. A la fin du spectacle, le public a réclamé et applaudi Bouguerra. «Salah Boubir voulait jouer ce rôle. Il y tenait beaucoup. Je ne pouvais pas refuser car il était déjà habité par le personnage», a confié Samir Oudjit lors du débat qui a suivi la représentation. Mahfoud El Hani, Kamel Zerara, Halima Benbrahim, Meriem Alleg, Djamel Tiar (qui revient après une longue absence), Fouad Leboukh, Aïcha Messaoudi, Mohamed Bouafia, Attef Belarbi, Issam Taâchit et Azzedine Benomar ont fait sensation dans une pièce lancée à mille à l'heure. Sur scène, deux générations de comédiens se sont rencontrés et completés.
Samir Oudjit, lui-même comédien, connaît bien la direction d'acteurs, le profil des comédiens à qui il a confié les nombreux personnages de la pièce. « Tu connais Ibn Sina ? Oui, je le connais. C'est lui qui m'a volé le métier de médecine», lance Bouguerra. Il se penche sur le ventre de sa son épouse enceinte et proclame : «Pas la peine de sortir, nous sommes en austérité !» La salle éclate de rire. C'est que la comédie de Samir Oudjit, qui a appris le théâtre à Batna avec Chawki Bouzid, Salim Souhali et Ali Djebara, interpelle le public sur des faits actuels, sur ce qu'il vit tous les jours sans s'éloigner de l'esprit du texte original.
Le metteur en scène a pris le risque, à travers la scénographie de Halim Rahmouni, de monter la pièce entre l'univers presque burlesque et le classique, le tout enveloppé dans du réalisme. On passe des décors et des costumes d'époque aux casques de motos et de jean's. Le casque ? Symbole de vitesse et de liberté. Le rythme de la pièce a chuté au milieu de la représentation avant de reprendre de plus belle. «Il fallait donner un peu de temps au spectateur pour respirer, se reposer. Le public attendait comment la jeune fille allait être guérie par le faux médecin.
Je dois avouer que j'ai peur d'aborder la comédie. Je me suis quelque peu aventuré avec le texte de Molière algérianisé par Salah Boubir. Il a changé des situations dans le texte adapté», a précisé Samir Oudjit, lors du débat qui a suivi la représentation. Débat animé par Nabil Hadji et Abdelnacer Khelaf. Sur le plan visuel, la pièce «balançait» entre le noir et le rouge, les deux couleurs symbole du pouvoir et de la domination. «J'ai laissé le choix à mon scénographe en me concentrant sur le jeu des comédiens. Je voulais que le public qui vient voir El Hattab, passe un bon moment. J'aime bien puiser dans le répertoire universel pour monter des pièces.
Les textes algériens existent. Il faut seulement qu'ils soient écrits selon les critères connus surtout pour la comédie», a souligné Samir Oudjit qui a déjà mis en scène Vol au-dessus d'un nid de coucou, d'après l'œuvre de Ken Kesey (adaptée au grand écran par Milos Forman en 1975). En 2014, au 9e Festival national du théâtre professionnel (FNTP), Samir Oudjit a décroché le prix du Meilleur comédien pour son rôle dans la pièce Leilat ghadhab al aliha de Djamel Marir.
Le retour de Rouiched
Hassan El khawaf (Hassan le poltron), la nouvelle pièce comique de l'association Thala de Tizi Ouzou, fait penser à Hassan Terro. L'ombre de Rouiched et de Keltoum a plané le temps d'un spectacle vif et riche en rebondissements. Comme Hassan dans le film de Mohamed Lakhdar Hamina (1968), Hassan (Hassan Allel) dans la pièce de Amar Sellami est peureux.
Il n'a pas le courage de sa femme Ferroudja (Samia Bouassila) qui s'implique avec cœur et dévouement, et avec de petits moyens, dans la guerre de Libération nationale. Courage féminin et lâcheté masculine s'affrontent sur scène à travers des tableaux humoristiques. Hassan fait tout pour plaire au chef du village contre l'avis de son épouse plus à l'écoute du combat des nationalistes. Cloîtrée à la maison, elle est au courant de presque tout de ce qui passe au village, alors que Hassan, qui est souvent dehors, ne réalise pas ce qui arrive autour de lui.
La pièce de Amar Sellami relève du théâtre de l'antihéros, Hassan, petit, maigre et sans force physique, refuse d'affronter les événements et est étonné que Ferroudja soit aussi convaincue par la cause anticoloniale. Il est rare dans le théâtre algérien d'aborder la thématique de la guerre de libération avec ce regard amusé, presque fantaisiste, éloigné de l'idée de sacralisation des combattants et des porteurs de valeurs révolutionnaires. Après l'indépendance, la maison de Ferroudja et de Hassan est envahie par de nouveaux occupants parlant anglais et se comportant comme des machines. Le metteur en scène a voulu s'étaler, laborieusement, sur l'idée de la colonisation qui a pris de nouvelles formes avec les temps contemporains. Mais c'était un surplus pour une pièce qui aurait pu prendre fin en 1962. La transition temporelle n'était pas visible sur scène.
Nabila Kacemi, qui a écrit le texte, et Amar Sellami sont entrés dans un couloir étroit en choisissant de surcharger la pièce. «C'est une scène ajoutée à la pièce. La nouvelle génération doit affronter à sa manière les formes sophistiquées d'occupation. Nous nous sommes inspirés des récentes révoltes arabes. Je reconnais que le changement n'était pas suffisamment justifié sur le plan artistique. En tout cas, rien n'indiquait ce changement», a soutenu Amar Sellami.
Mais, dans l'ensemble, la pièce est assez réussie même si les comédiens ont parfois exagéré dans l'expression corporelle, dans l'improvisation. «Lorsqu'on fait dans le comédie, on est souvent confrontés à des difficultés pour s'adapter aux règles du réalisme. Car le défi est de ne pas ennuyer le public, mais de lui offrir un beau spectacle. Cela dit, le comédien doit toujours éviter de tomber entre les griffes des spectateurs, car il aura tendance à s'oublier, voire à exagérer. Le comédien doit s'arrêter à la fin de l'action indiquée par le metteur en scène», a relevé Amar Sellami. Hassan Allel et Samia Bouassila ont déployé de grands efforts sur scène dans une belle complicité.
Diplômé de l'Ismas (Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel, ex-INADC), Amar Sellami a formé sur le tas des jeunes à l'art théâtral à Tizi Ouzou. «Ils n'ont pas de base académique. Je les ai pris à la Maison de jeunes pour les initier aux arts dramatiques. Nous sommes déjà à notre quatrième pièce depuis 2011, date de la création de l'association. C'est une formation continue puisque à chaque spectacle, nous tentons de rattraper les erreurs», a noté Amar Sellami. «L'avenir, à mon avis, appartient aux coopératives et aux associations de théâtre.
Elles peuvent ramener beaucoup de choses pour le quatrième art», a prévenu, pour sa part, le critique Nabil Hadji. Le jury de Driss Chekrouni a décidé de donner le prix de la Meilleure interprétation masculine à Hassan Allal. «J'avoue que je ne m'attendais pas du tout. Je pense que la comédie est plus efficace lorsqu'on veut s'adresser au cœur et à l'esprit du public, de l'impliquer dans ce que l'on veut dire. A mon avis, les pièces tragiques intéressent plus l'élite que le grand public», a estimé Hassan Allal, 23 ans. Il prépare déjà une nouvelle pièce comique avec le duo Amar Sellami-Nabila Kacemi.
Une barque en forêt
Une des tendances actuelles dans le théâtre algérien est de tirer la comédie de la tragédie. Ce n'est pas de la tragi-comédie, mais un sorte de mélange scénique curieux. L'exemple le plus démonstratif est celui de la pièce Karibou el ghaba (la barque de la forêt) de Rachid Mâamria, produite par le Théâtre régional de Béjaïa, présentée à Médéa. Dans une forêt, Saïd, un garde forestier, qui a décidé de s'éloigner de la ville et de ses clameurs, rencontre un soir une femme, venue couper les arbres et prendre du bois. De fil en aiguille, il apprend que cette femme, qui s'appelle Feroudja, construit une barque en pleine forêt pour permettre à son fils de partir.
Où ? On n'en sait rien. Ferroudja, qui a fui la société et ses regards réprobateurs, veut offrir à son fils une autre vie dans un ailleurs rêvé. Le bonheur est donc sous d'autres cieux. Entre les deux personnages naît un conflit. Puis les choses évoluent en réconciliation, en séduction, en amour virtuel, en attirance...La pièce, qui est installée dans une atmosphère lourde, compliquée par la scénographie statique de Salah Maamria, est inspirée d'un texte bulgare.
La pièce est gorgée d'expressions «emballées» et «consommées» sur la femme et ses envies. Elle est également envahie par le discours moralisateur, les stéréotypes et les lourdeurs dans l'interprétation des comédiens. Des comédiens qui, sans raison, étaient restés souvent figés à l'avant-scène. «Le garde forestier peut symboliser le pouvoir et la femme le peuple algérien. Ils peuvent travailler ensemble pour prendre la barque en tirant les voiles blancs, synonyme de la paix.
On peut faire cette lecture. Mais ce n'est pas notre attention. J'ai proposé un spectacle, libre à chacun de faire sa lecture», a souligné Rachid Mâamria, qui est également comédien. La pièce, qui se veut une critique politique à l'égard d'une certaine situation en Algérie ou ailleurs, se termine avec une immense contradiction. La barque est vite assimilée au Titanic, le navire qui a coulé emportant des vies avec lui ! «Depuis 1985, j'assiste aux festivals et au débat. A chaque fois, on nous critique. Jamais quelqu'un ne saluera votre travail et ne vous encouragera. On nous fait sortir que les aspects négatifs», a protesté Rachid Maamria, quelque peu irrité par les remarques faites lors du débat après le spectacle.
Des débats salués par les jeunes comédiens ou par ceux qui veulent faire carrière au théâtre. «C'est une occasion pour nous d'apprendre en écoutant les spécialistes parler et analyser les pièces», confie un comédien amateur de Médéa. Driss Chekrouni a invité les jeunes metteurs en scène à plonger dans les textes de Rouiched, Mahieddine Bachtarzi, Mohamed Touri et d'autres artistes algériens avant de monter des spectacles. «Il faut reconnaître que les techniques de la comédie sont plus compliquées. Il ne suffit pas de faire des grimaces ou des gestuelles pour faire rire les gens. Le comique de situation est le plus difficile.
Un genre qui attire le public. Il n'y a qu'à revoir les pièces de Rouiched, tout est dans les situations», a-t-il relevé. Il a constaté une certaine soif du théâtre à Médéa. «C'est pour cela que nous avons écrit dans les recommandations du jury la nécessité de doter Médéa d'une grande salle de spectacles équipée de techniques modernes pour satisfaire la grande demande», a estimé Driss Cherkrouni.


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