Les partis de l'opposition siégeant à l'Assemblée populaire nationale (FFS, PT, FJD et Alliance de l'Algérie verte regroupant le MSP, El Islah et Ennahda) ont boycotté, hier, la séance plénière consacrée à l'installation du bureau et des nouvelles structures de l'APN. Le parti de Hocine Aït Ahmed, qui avait pour habitude de s'abstenir lors du vote pour la composante du bureau, a décidé cette fois-ci de boycotter carrément la séance d'installation du bureau. «A quoi sert le bureau de l'APN», s'est interrogé le chef du groupe parlementaire FFS, M. Bouaïche, avant de répliquer : «Il ne sert absolument à rien. Trouvez-vous normal que le projet de loi de finances 2016 passe d'abord par l'APS avant l'APN ? Nous avons boycotté la séance pour ne pas cautionner un bureau inutile.» La même démarche a été adoptée par le parti dirigé par Louisa Hanoune. En 2012, le PT avait pris la décision de boycotter les structures de l'APN en raison de la fraude qui avait entaché les élections législatives. «En 2012, nous avons été spoliés de plusieurs sièges, nous avions alors protesté et nous avions également dénoncé l'utilisation de l'argent sale en politique. Nos doléances n'ont pas été prises en considération. Nous avons alors demandé à ne pas intégrer les structures d'une Assemblée illégitime», rappelle le député Taazibt. Aujourd'hui, étant donné que la composante et la nature de l'Assemblée n'ont pas changé, les députés du PT ne voient pas pourquoi ils corrigeraient leur position. «Il n'y a aucune raison qui nous pousse à changer d'orientation», note M. Taazibt. Les partis islamistes ont, quant à eux, voulu intégrer les structures de l'Assemblée, mais leur demande adressée dans ce sens au président de l'APN a essuyé un refus. Selon le député Benkhalef, le pouvoir pratique un double discours : «Ould Khelifa a tout simplement piétiné le règlement intérieur. L'Alliance a été sanctionnée pour son choix de militer dans l'opposition. On ne veut pas de l'opposition comme contrepouvoir.» Faut-il rappeler qu'en 2012, l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) avait opté pour le boycott des structures de l'APN pour ne pas cautionner des instances issues d'une fraude massive, mais par la suite, depuis 2013 et jusqu'à aujourd'hui, les partis de l'AAV ont revu leur position et décidé de réintégrer ces structures afin de peser dans les prises de décision, en vain. «Nous avons formulé une demande au président de l'APN pour faire partie des structures. Ould Khelifa a donné son accord, mais par la suite, sous la pression de Saadani, il s'est rétracté», dénonce Benkhalef, persuadé que les responsables de l'APN ne veulent pas que l'opposition soit représentée au niveau des structures. «Le bureau de l'APN a un droit de regard sur les questions orales, sur les initiatives des députés et les projets de loi. Il ne veut pas d'une opposition qui risque de bloquer des projets chers au Président, comme celui de la révision de la Constitution», croit savoir Benkhalef. Les islamistes ont dénoncé ouvertement «le non-respect du règlement intérieur de l'APN et la non-consultation des représentants des autres groupes parlementaires sur la répartition des postes de vice-président». A l'issue de l'adoption de la liste des vice-présidents, Ould Khelifa a affirmé que «le vote de cette liste pour la quatrième année de la septième législature s'est déroulé conformément à l'article 13 du règlement intérieur de l'APN qui prévoit la répartition des structures de l'APN sur les groupes parlementaires pour une année renouvelable».