La série noire continue pour les compagnies pétrolières, désormais obligées de couper les coûts et les investissements pour tenir le choc de la chute des prix du pétrole. Après Shell, Total, Statoil et British Petroleum, c'est au tour d'autres compagnies de serrer la ceinture. La major pétrolière Chevron a annoncé, avant-hier, la suppression de 6000 à 7000 emplois supplémentaires, soit quelque 10% de ses effectifs, pour faire face à la dégringolade des prix du brut qui engloutit ses bénéfices et rogne son chiffre d'affaires. Fin juillet, Chevron avait déjà annoncé une suppression de 1500 emplois, soit un peu plus de 2% de ses effectifs totaux. Pour préserver ses bénéfices, Chevron va aussi réduire de 25% ses investissements, notamment l'enveloppe réservée à l'exploration pétrolière et gazière. Celle-ci sera comprise entre 25 et 28 milliards de dollars en 2016 et de 20 à 24 milliards en 2017 et 2018. Pour sa part, la major pétrolière ExxonMobil reste affectée par les prix bas du brut qui ont fait plonger ses bénéfices et son chiffre d'affaires au troisième trimestre. Le résultat net trimestriel a plongé de 47,5% à 4,24 milliards de dollars. Les cours bas du pétrole ont notamment plombé l'activité lucrative de production et exploration pétrolière et gazière (amont). Le bénéfice net de cette division a été divisé par plus de trois à 1,4 milliard de dollars, principalement à cause d'une perte nette de 442 millions de dollars aux Etats-Unis, contre un profit de 1,26 milliard de dollars à la même période un an plus tôt. Pour préserver ses bénéfices, le PDG du groupe Rex Wayne Tillerson a promis qu'ExxonMobil allait continuer à réduire ses coûts. L'enveloppe destinée aux investissements a diminué de 22% à 7,67 milliards de dollars au troisième trimestre. Le groupe britannique BG Group a annoncé aussi être tombé dans le rouge, des effets défavorables de taux de change aggravant une activité fragilisée par la chute des cours du pétrole. Entre le 1er juillet et le 30 septembre, le groupe britannique a déploré une perte nette de 101 millions de dollars, contre un bénéfice net de 1,51 milliard de dollars l'an passé. Sur le plan opérationnel, le chiffre d'affaires a chuté de 9% à 4,147 milliards de dollars, à cause du plongeon des cours des hydrocarbures qui a touché ses activités de production de pétrole et de gaz. La conjoncture morose sur le marché du pétrole pousse BG à réduire ses investissements, et le groupe a prévenu que ses dépenses en capital pour 2015 devraient se limiter à 6,5 milliards de dollars, soit 30% de moins qu'en 2014. Le géant italien de l'énergie ENI a enregistré, quant à lui, au troisième trimestre 2015 une perte nette de 952 millions d'euros, contre un bénéfice de 1,714 milliard d'euros en 2014. Sur les neuf premiers mois de l'année, la perte s'établit à 361 millions d'euros, contre un bénéfice de 3,675 milliards d'euros sur la même période de 2014. Le résultat opérationnel ajusté du trimestre, jugé plus représentatif par les analystes, s'affiche à 600 millions d'euros, en baisse de 79% sur un an, selon ENI qui précise que ce chiffre exclut la contribution de sa filiale d'ingénierie et exploration pétrolière Saipem. Cette baisse du bénéfice s'explique par une moindre contribution de la filière exploration-production en raison de la forte baisse des cours du brut, souligne le groupe. Le canadien Suncor est également affecté. Sur le trimestre clos le 30 septembre, la perte nette de Suncor a été de 376 millions de dollars canadiens, à comparer avec un bénéfice net de 919 millions entre juillet et septembre l'an dernier. Suncor a enregistré un résultat d'exploitation de 410 millions au troisième trimestre, alors qu'il était encore de 1,3 milliard dollars canadiens entre juillet et septembre l'an dernier. Cette baisse est principalement attribuable à l'importante diminution des prix obtenus en amont pour le brut, selon Suncor.